Gilles Duceppe dirigera de nouveau le Bloc québécois

D79474830b38de5e0ea0366f1ae672c4

Duceppe retrouve le goût de la bataille

Gilles Duceppe redeviendra chef du Bloc québécois, a appris Radio-Canada. Selon nos informations, le chef actuel, Mario Beaulieu, annoncera mercredi qu'il demeure président du parti, mais qu'il laissera M. Duceppe diriger les troupes souverainistes en vue des élections fédérales de l'automne.
Le Bloc québécois n'a pas confirmé l'information. Il se borne à dire que M. Beaulieu donnera une conférence de presse en compagnie de M. Duceppe mercredi, à 10 h 30, à la permanence du parti.
« À cette occasion, Mario Beaulieu fera connaître le rôle que Gilles Duceppe sera appelé à jouer dans le cadre de la prochaine campagne électorale », indique un communiqué du parti, qui précise que les deux hommes ne feront aucun commentaire d'ici là « afin de respecter le deuil national et la mémoire de M. Jacques Parizeau ».
À la Chambre des communes, le député bloquiste de Bas-Richelieu-Nicolet-Bécancour, Louis Plamondon, a confirmé la nouvelle à demi-mot. « La venue de M. Duceppe dans une campagne active avec le Bloc québécois, c'est très intéressant. C'est un plus », a-t-il dit.
« Je suis très heureux d'apprendre cette nouvelle-là, et je suis très admiratif de M. Beaulieu pour sa générosité et surtout pour sa démonstration qu'il n'est pas là pour sa carrière, mais qu'il est là pour la cause, et qu'il veut travailler avec tout le monde. »
— Louis Plamondon, député bloquiste de Bas-Richelieu-Nicolet-Bécancour

Selon nos informations, les négociations entourant le retour de Gilles Duceppe ont commencé la semaine dernière, après que Mario Beaulieu eut consulté un sondeur pour tenter de comprendre la manque d'intérêt des électeurs pour son parti.
Le sondeur en question lui aurait confirmé que le Bloc avait peu de chance d'obtenir 20 % des appuis au Québec avec lui à sa tête. Avec Gilles Duceppe à la barre, a-t-il conclu, le Bloc pourrait cependant espérer obtenir jusqu'à 30 % des votes.
Mario Beaulieu aurait informé Gilles Duceppe de cette situation, ce qui a constitué le point de départ des négociations entre les deux hommes. Les derniers détails ont été réglés lundi soir.
Lundi, Mario Beaulieu avait annoncé sur Facebook que M. Duceppe allait « contribuer à la prochaine campagne électorale ». « Nous discutons ensemble du rôle qu'il jouera », a-t-il écrit. « Notre objectif consiste à rassembler le maximum de femmes et d'hommes derrière le Bloc québécois, pour l'indépendance et pour le Québec. »
Ce message laissait croire que les relations entre les deux hommes s'étaient améliorées. M. Duceppe avait critiqué M. Beaulieu l'été dernier après que ce dernier eut annoncé son intention de mettre un terme à 20 ans d'attentisme et qu'il eut utilisé le slogan « Nous vaincrons », utilisé par le Front de libération du Québec.
Toujous selon nos sources, le bureau national du Bloc québécois tiendra une réunion extraordinaire par conférence téléphonique mardi soir pour confirmer que les postes de président et de chef du parti seront scindés pour faire une place à Gilles Duceppe. Le Conseil général du parti devra approuver le tout ultérieurement.
Selon nos informations, M. Duceppe se présentera lui-même dans une circonscription à déterminer lors du scrutin.
Une tâche titanesque à quatre mois du scrutin
M. Duceppe aura beaucoup de pain sur la planche en vue des prochaines élections, notamment en matière de recrutement et de financement. Le Bloc québécois est en outre à la traîne dans les plus récents sondages, qui lui accordent environ 12 % des intentions de vote au Québec.
M. Duceppe a quitté la vie politique dans la foulée de la sévère défaite encaissée par le Bloc québécois en mai 2011. La formation souverainiste, qui avait 47 députés à la Chambre des communes la veille du scrutin, n'en avait plus que 4 le lendemain.
Gilles Duceppe, qui dirigeait alors le parti depuis 14 ans, avait lui-même subi une dure défaite dans sa circonscription montréalaise de Laurier-Sainte-Marie, qu'il représentait depuis 1990. Il avait été battu par la néo-démocrate Hélène Laverdière.
Le Bloc québécois a ensuite connu des années difficiles. Il a d'abord été dirigé par Daniel Paillé, qui a dû quitter pour des raisons de santé. Ce règne a été marqué par le départ très médiatisé de la députée Maria Mourani, dans la foulée du débat sur la charte des valeurs du gouvernement Marois.
Mario Beaulieu a succédé à M. Paillé en juin 2014, au terme d'une course à la direction qui a aussi semé la discorde. Le député bloquiste Jean-François Fortin a à son tour claqué la porte du parti, en disant que le parti « auquel il a cru ...] n'existe plus ».[ Il a été suivi par André Bellavance.
À l'heure actuelle, le Bloc québécois ne détient plus que deux députés à la Chambre des communes, soit Louis Plamondon et Claude Patry, qui avait d'abord élu sous la bannière du NPD à Jonquière-Alma.
« L'ennemi, c'est pas le Bloc, c'est Harper »
Le Nouveau Parti démocratique, dont la popularité croissante explique en bonne partie la défaite du Bloc québécois en mai 2011, a accueilli la nouvelle du retour de Gilles Duceppe avec circonspection.
« Pour nous autres, l'ennemi, c'est pas le Bloc, c'est Harper », a commenté la députée Françoise Boivin. « Nous, on offre aux Québécois, aux Canadiens, de devenir le premier gouvernement néo-démocrate », a-t-elle ajouté, en se disant « un peu allergique » à la notion de sauveur.
« Je pense que les Québécois ne vivent pas dans le passé. C'est des gens qui ont tourné la page. Ils sont passés à autre chose », a ajouté sa collègue Maria Mourani, qui défendra les couleurs du NPD dans Ahuntsic. « L'objectif premier des Québécois, c'est de battre les conservateurs, et battre les conservateurs, c'est avec le NPD. »
« Faut vraiment être mal pris pour que le Bloc Québécois aille chercher Gilles Duceppe », a pour sa part lancé Maxime Bernier, ministre d'État, à la Petite Entreprise, au Tourisme et à l'Agriculture dans le gouvernement conservateur de Stephen Harper.
Yvon Moreau et André Valois, qui représenteront le Bloc québécois dans les circonscriptions d'Abitibi-Témiscamingue et de Trois-Rivières, se réjouissent pour leur part du retour annoncé de M. Duceppe.
« Si ça se confirme, oui, c'est une bonne nouvelle pour moi, c'est une bonne nouvelle pour le parti surtout. Gilles Duceppe, c'est le René Lévesque du Bloc québécois, c'est un homme politique qui a à coeur les intérêts du Québec », a commenté M. Moreau.
M. Valois croit lui aussi que le retour de M. Duceppe va aider sa campagne. Il salue du coup la « grandeur d'âme » de Mario Beaulieu. Pour lui, dit-il c'est « la cause en premier ».


Laissez un commentaire



Aucun commentaire trouvé