Gilles Duceppe charge Amir Khadir

L’ex-chef bloquiste met en doute les convictions souverainistes du député solidaire, qu’il qualifie d’« opportuniste et populiste » et qu’il estime indigne de respect

Élection Québec 2012 - les souverainistes


La Presse canadienne - S’il a renoncé à se porter lui-même candidat, Gilles Duceppe affirme qu’il est prêt à reprendre du service au profit du Parti québécois.

Deux jours après avoir annoncé ses couleurs et son slogan à Montréal, Québec solidaire (QS) a profité d’un rassemblement devant ses militants pour lancer officiellement sa campagne électorale hier soir, au Musée national des beaux-arts du Québec. « J’ai l’impression qu’un vent de changement souffle sur le Québec. Et que ce vent de changement souffle vers nous », a lancé le comédien et animateur de la soirée, Paul Ahmarani. Il a été rejoint sur scène par les co-porte-parole Françoise David et Amir Khadir, qui ont tour à tour abordé les cinq grands thèmes de la campagne de QS : l’indépendance du Québec, les transports électriques, l’éducation gratuite, une retraite digne et la protection des ressources naturelles. Le parti a également annoncé hier la candidature de trois femmes qui brigueront les suffrages sous sa bannière dans la région de la Capitale-Nationale. Élaine Hémond (Jean-Lesage), Valérie Guilloteau (Lévis) et Émilie Guimond-Bélanger (Jean-Talon) permettent à QS de se rapprocher de la parité avec 57 candidates et 58 candidats. « Je suis fière de me présenter pour un parti qui a un projet cohérent pour redonner aux femmes la place qui est la leur », a commenté Mme Guilloteau.
Karl Rettino-Parazelli

Le député de Québec solidaire, Amir Khadir, est un être populiste et opportuniste qui ne mérite même pas le respect, a déclaré l’ex-chef bloquiste Gilles Duceppe, dans une entrevue à La Presse canadienne, hier.
Il met aussi en doute les convictions souverainistes du député de Mercier.
Cette sortie a provoqué une réaction rapide de la co-porte-parole de Québec solidaire, Françoise David, qui estime que les propos de M.Duceppe n’ont pas leur place dans une campagne électorale axée sur les débats et les idées. S’exprimant au nom de son collègue au sein de la formation politique, qui devait prononcer un discours en début de soirée, Mme David a souligné que son parti ne s’engageait pas dans le domaine des attaques personnelles alors que, dit-elle, les enjeux abondent lors de ces élections.
Disant trouver « dommage » le recours au dénigrement, Françoise David a toutefois ajouté que Gilles Duceppe avait parfaitement le droit de s’engager dans la campagne électorale. Elle a, au final, réitéré son appel à une campagne politique portant sur les débats de fond, plutôt que de s’engager sur le terrain des attaques personnelles.

Retour en campagne
M. Duceppe, qui s’est fait bien discret ces derniers mois, est maintenant prêt à reprendre du service au profit du Parti québécois (PQ), et fait son entrée dans la campagne électorale en se livrant à une charge virulente, aux allures de règlement de comptes, contre Amir Khadir.
Gilles Duceppe fera sa première sortie publique de la campagne aujourd’hui, à l’occasion de l’investiture d’un des candidats vedettes du Parti québécois, Jean-François Lisée, dans Rosemont, la circonscription qu’il habite.
Très en verve et se disant plus souverainiste que jamais, l’ancien chef du Bloc s’est montré bien disposé à ne pas rester les bras croisés durant la présente campagne et se dit « disponible » pour jouer un rôle auprès de la chef péquiste Pauline Marois.
Il n’a pas voulu dire s’il avait été approché par la direction du parti pour apporter sa contribution, ou s’il attendait toujours que le téléphone sonne. « Vous verrez en cours de route », a-t-il indiqué, préférant demeurer évasif.
M. Duceppe a renoncé à se porter lui-même candidat, en raison de l’enquête menée par un comité de la Chambre des communes qui doit décider si l’ancien chef bloquiste a agi en toute légalité en rémunérant le directeur général du parti à même les fonds publics.
« J’espère fortement une victoire du Parti québécois et, dans la mesure de mes moyens, je vais y contribuer », assure M.Duceppe.

Division du vote
Inquiet quant à la perspective d’une victoire péquiste menacée par une division du vote souverainiste, M.Duceppe s’en est pris au député de Mercier et cochef de Québec solidaire, dans une charge virulente.
« Je respecte des gens qui sont dans Québec solidaire, comme Françoise David. Je ne les respecte pas tous, parce que certains ne le méritent pas, comme Khadir », a-t-il tranché.
Le slogan de campagne de Québec solidaire, « Debout », est tourné en dérision par M.Duceppe : « Leur slogan, c’est « Debout », pis aux élections fédérales, c’était à genoux devant le NPD ! » raille M.Duceppe, n’ayant toujours pas digéré qu’Amir Khadir ait avoué avoir voté pour le NPD aux élections fédérales de mai 2011, tandis que le Bloc accusait la pire défaite de son histoire. « On ne peut pas se prétendre debout quand on est à genoux devant un parti fédéraliste », selon lui.
« Je ne peux pas accorder grand respect à des gens qui se gargarisent de ce mot [souverainiste] et appuient des fédéralistes dans des élections », a-t-il poursuivi, qualifiant M.Khadir d’« opportuniste et populiste », jouant constamment sur les deux tableaux.
Sur sa lancée, il juge aussi que le député de Mercier apporte à la politique « des réponses simplistes à des questions complexes », préférant « tenter de confondre les gens sur beaucoup de questions », et n’hésitant pas à se comparer « à Gandhi, Luther King et Mandela ».
M.Khadir, qui a été candidat du Bloc québécois en 2000, a donc perdu en chemin toute crédibilité à ses yeux.
Sans les endosser, la chef du Parti québécois, Pauline Marois, a refusé de condamner les propos très durs de M.Duceppe à l’endroit d’Amir Khadir. Hier soir, alors qu’elle participait à l’assemblée d’investiture du candidat Pierre Duchesne dans Borduas, elle a qualifié de « très décevant » l’appui du député solidaire au NPD lors du dernier scrutin fédéral. Elle a ajouté que Québec solidaire « divise le vote souverainiste ». Elle a enfin salué l’appui de Gilles Duceppe à son parti en affirmant qu’il sera appelé à participer à la campagne péquiste.
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Avec Le Devoir


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