INSÉCURITÉ

Gangs de rue: tirer sur des innocents pour marquer des points

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L'ensauvagement se poursuit

Le phénomène du scoring, qui pourrait être responsable d’au moins une des victimes innocentes par balle la semaine dernière à Montréal, pourrait prendre de l’ampleur en raison du manque de vigilance sur le web, selon une criminologue.


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« On ne peut pas encore parler d’une pratique, mais on sent qu’il y a quelque chose qui est là », croit Maria Mourani, présidente de Mourani-Criminologie.


Le scoring consiste à marquer des « points » en s’en prenant à des personnes parfois au hasard dans le territoire d’un gang ennemi.


Il s’agit d’une pratique « très calquée sur les jeux vidéo », qui a été observée entre autres en Angleterre où les auteurs de ces crimes se donnaient des points en fonction de la partie du corps atteinte par balle, entre autres, en s’en vantant sur les réseaux sociaux, selon la criminologue. 


« Est-ce qu’il faut s’inquiéter ? Difficile à dire, pense Mme Mourani. [...] Mais on sent qu’il y a quelque chose qui est là, du style de la nouvelle génération de gangs, que j’appelle la génération 3.0, qui a grandi avec les réseaux sociaux et certains types de jeux vidéo. »


Selon des sources policières, ce phénomène pourrait être à l’origine de l’attaque survenue jeudi dans le quartier Rivière-des-Prairies, où une femme innocente de 25 ans a été blessée aux jambes par un projectile lors d’une rafale de coups de feu.


La veille, la violence par arme à feu a enlevé la vie à Jayson Colin, lui aussi vraisemblablement innocent, lors d’une fusillade survenue dans Montréal-Nord et ayant fait deux autres blessés.


-Écoutez Maria Mourani en entrevue avecAlexandre Dubé sur QUB radio :





Sentiment d’insécurité


L’hypothèse du scoring a toutefois été mise de l’avant quelques fois depuis 2020 alors qu’elle n’était pratiquement jamais étudiée auparavant, notamment pour tenter d’expliquer le meurtre du jeune Thomas Trudel.


Des attaques visant des innocents font augmenter « d’une grande coche » le sentiment d’insécurité des citoyens, souligne l’ex-policier de Montréal Stéphane Wall.


Pas assez présents sur le web


L’une des principales critiques de Mme Mourani à l’endroit de la stratégie gouvernementale pour lutter contre la violence armée, c’est justement l’absence de prévention sur internet.


« Les gangs, ce n’est plus seulement sur le territoire, mais aussi le web », souligne-t-elle, en soutenant qu’il faudrait que 10 % du budget gouvernemental en répression soit alloué à des initiatives de prévention.


« Actuellement, c’est axé beaucoup sur la répression et moins sur la prévention, pense aussi le professeur à l’École de travail social et de criminologie de l’Université Laval Yanick Charette. Il y a eu beaucoup plus d’argent sur la répression, et à mon avis, ce n’est pas la bonne direction à prendre. » 


COUPS DE FEU À BLAINVILLE 



  • La série de violence armée dans la grande région de Montréal s’est poursuivie hier, quand des coups de feu ont été tirés vers 21 h 10 sur une résidence du boulevard du Curé-Labelle à Blainville, sur la Rive-Nord. 

  • Aucun des trois occupants de la demeure n’a été blessé. Aucun suspect n’a encore été appréhendé. 

  • À première vue, les résidents ne sont pas connus des policiers.