François Legault et ses faiblesses

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Malgré tous ses défauts, la CAQ n'a pas de réel adversaire


Depuis un an, seuls François Legault et son gouvernement ont vécu dans les voies ensoleillées dont rêvait Justin Trudeau.


La semaine dernière, un dossier sur l’immigration a eu raison de cette exceptionnelle année de lune de miel. Le désastre de la gestion de la réforme du Programme de l’expérience québécoise, où l’on exigeait un test de français à une doctorante française, a alerté les médias internationaux, qui ont tiré à boulets rouges sur le Québec.


Le premier ministre a désavoué son jeune ministre de 32 ans, celui-là même qui avait défendu avec poigne et un sang-froid remarquable son projet de loi sur la laïcité, mais qui a failli dans ce dossier délicat. N’était-il pas inévitable que Simon Jolin-Barrette craque devant les tâches multiples que lui avait confiées le premier ministre ? Car la jeunesse n’est pas à l’abri du manque d’expérience.


Excuses


François Legault s’est encore excusé. Mais cette fois-ci, les médias ont décidé de sonner la fin de la récréation. Or, l’opinion publique qui appuie le gouvernement n’a pas semblé suivre ce mouvement d’humeur. Encore une fois, on semble aimer que le chef politique reconnaisse ses erreurs. Cela dit, il ne faudrait pas croire que l’accumulation de décisions erratiques n’entraîne pas la désaffection d’une partie de l’électorat majoritaire favorable à la CAQ.


Mais ni le PLQ, ni le PQ, ni QS ne semblent en mesure de contrer vraiment le gouvernement Legault.








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Le PLQ demeure tétanisé par sa défaite et les accusations de corruption qui pèsent sur lui. Ce qui explique son incapacité à recruter des candidats potentiels à sa direction. Le PLQ apparaît ainsi politiquement et intellectuellement démuni.


Malgré les envolées lyriques entendues au Conseil national du PQ en fin de semaine dernière, malgré des discours éclairants et modérés, on sait bien que le Parti québécois n’est pas à l’aube d’une résurrection. Devant la CAQ, qui assume un nationalisme pragmatique, le PQ, même dégagé du carcan dans lequel l’avait immobilisé Jean-François Lisée, demeure politiquement une nostalgie plutôt qu’un rêve d’avenir.


Marginal


Québec solidaire est à l’évidence plombé politiquement par la distrayante Catherine Dorion. Plombé aussi parce qu’en son sein, deux tendances irréconciliables s’opposent : les nationalistes souverainistes et les communautaristes fédéralistes. Cette opposition interne affaiblit toutes les attaques qui visent le gouvernement. Et avant tout, le programme de Québec solidaire, qui demeure sous le boisseau, le condamne à demeurer un parti marginal dans l’échiquier politique nord-américain. QS sert ainsi de faire-valoir au parti au pouvoir, car sa crédibilité est entachée par son extrémisme.


Le gouvernement Legault, fort de sa majorité confortable, n’a donc pas d’adversaire de taille. Ce qui est un piège pour un parti de pouvoir. Le premier ministre doit alors tendre l’oreille à ses conseillers et à ses contradicteurs, par exemple dans les domaines de l’éducation et de la culture, ces deux piliers de l’identité nationale. Sa vision politique doit s’élargir au-delà de l’économie et de la gestion de l’État. Car gouverner n’est pas gérer. C’est porter le peuple à se dépasser tout en protégeant ses valeurs.




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