En maniant de la sorte les contrevérités et en excellant dans l’art de la posture dont elle est devenue une virtuose, on aurait pu en arriver à croire qu’il y avait du jésuite chez Françoise. Que non pourtant ! Torquemada l’inquisiteur était un dominicain.
Rome a son François, nommé souverain pontife, qui pontifie de moins en moins par ailleurs. Nous avons ici notre Françoise, qui pontifie souverainement au nom de son église. Quoiqu’en l’occurrence, le mot chapelle serait davantage de mise pour décrire ce qui est encore un particule, et qui fait tout pour le demeurer.
Québec solidaire a deux porte-parole. En revanche, n’avoir point de chef n’induit aucunement que QS n’a pas de direction.
Cette direction, c’est celle de transformer Québec solidaire en allié objectif du parti libéral, dont il est en passe de devenir un compagnon de route, pour reprendre une expression qui fleurit en d’autres temps.
Les signes à cet effet se multiplient.
Le 17 novembre, Françoise David affichait ses couleurs à TVA. « Oui pour sortir les libéraux, mais pas à n’importe quel prix ! » Si on décode, on comprend que voir les libéraux sortis par le PQ ou encore par la CAQ serait un prix trop élevé. On aurait pu croire à des errements passagers, la dame n’étant pas, loin de là, dépourvue d’envergure. Elle récidivait par contre deux jours plus tard dans Le Devoir : « Mais, si on le met au pouvoir en 2018, on n’est sûr de rien. Qui est le vrai Jean-François Lisée? », se demandait-elle.
Comme si on ne connaissait pas assez le vrai Philippe Couillard pour ne rien négliger afin que lui et son parti cessent de démanteler le Québec !
À l’instar de Torquemada avec les infidèles et les relapses, elle n’a de cesse de fouiller les reins et les cœurs des péquistes, ce qui rend ses rapports avec ce parti plutôt singuliers. Quand ce parti était dirigé par PKP, il n’était pas question de se salir les mains avec ce suppôt de Satan, capitaliste et antisyndical.
Aujourd’hui que Jean-François Lisée en est le chef, c’est son présumé manque d’ardeur indépendantiste qu’elle dénonce. QS vient de se dire ouvert à un rapprochement, sa position intraitable devenant insoutenable. Mais le report du référendum semble inquiéter madame David : « Oui, il y a un os là ». Pour une indépendantiste pure et dure comme elle, c’est dur à prendre et on la comprend !
Elle n’a pas hésité à affirmer que ce dernier a « fait campagne sur le dos des musulmans », faisant en cela la démonstration qu’il n’est pas besoin d’être Trump pour se livrer à de détestables boursoufflures verbales.
Comme la papauté triomphante des temps anciens, elle assène sans retenue aucune tant les condamnations ex cathedra que les excommunications. Madame David reproche à Lisée une certaine versatilité dans ses positions politiques. Cela se discute.
À la seule condition de convenir que la possession tranquille de sa propre vérité rend caducs les questionnements, les hésitations, les modifications qui sont le propre d’une action politique qui ne se déroule pas bien à l’abri, dans un bocal posé sur une tablette, mais qui se trouve plutôt engagée sur une mer agitée tant par les espoirs que par les intérêts qui sont le fait de la nature humaine.
La porte-parole clame à tout vent, mais à l’encontre de tous les faits : « On avance ! On avance ! On avance ! » Or il s’avère que fort d’un nouveau député à chaque élection, Québec solidaire, à ce rythme et en tenant compte qu’il faut 63 députés pour former un gouvernement majoritaire, prendra vraisemblablement le pouvoir dans … 240 ans.
Les manifs du 1er mai étaient dans les années 70 l’occasion d’entamer des jasettes en battant le macadam avec des compagnons de marche souvent inconnus. Je me rappelle l’une de ces conversations impromptues avec un jeune homme enflammé qui me vantait les mérites d’un nouveau groupe politique qu’il venait de former avec des camarades. On sait qu’à l’époque, il ne se passait pas un mois sans qu’un nouveau groupuscule voie le jour à la suite d’une rupture idéologique portant sur quelques sanglantes virgules…
Après l’avoir longtemps écouté, je lui avais simplement glissé : « Sais-tu, mon camarade, qu’en s’agitant comme ça dans 22 chapelles, on ne construira jamais une cathédrale ! » J’entends encore un Pierre Falardeau enragé lors de la fondation de Québec solidaire : « Chez Power Corporation, y sont pas cons. Y savent que Françoise David est pas dangereuse. Elle va juste enlever des votes au PQ. » Le 22 août 2012, en pleine campagne électorale, Le Devoir titrait : « Le PLQ invite à voter…Québec solidaire ».
C’est ce que j’appellerais la tentation du carré de sable. À savoir, jouer dans un espace clos de trois pieds par trois pieds, bien au chaud entre adultes consentants, alors qu’il y a, tout à côté, un vaste territoire à conquérir, avec le plus grand nombre possible de citoyennes et de citoyens rassemblés pour en faire un espace de liberté.
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