François et Cyrille sous l’œil de Raúl et Fidel

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Une symbolique bien étrange qu'il va falloir décoder car elle a très certainement son sens

La rencontre « historique » aura lieu le 12 février prochain à l’aéroport de La Havane (Cuba). En effet, le pape François, chef de l’Église catholique qui se rendra au Mexique, et Cyrille, le patriarche de l’Église orthodoxe russe qui rentrera d’une visite en Amérique latine, se retrouveront sur les terres communistes de Cuba pour un premier contact depuis le schisme de 1054. L’entretien entre les deux hommes devrait durer deux heures et déboucher sur une déclaration commune. Déjà, c’est un communiqué commun entre les deux Églises qui a annoncé la nouvelle. Il est vrai que, depuis son élection le 13 mars 2013, François a fait du rapprochement entre confessions chrétiennes l’une de ses priorités. Il a rencontré à plusieurs reprises le patriarche orthodoxe grec, en partie pour la défense des chrétiens d’Orient, et il va assister le 31 octobre prochain à une cérémonie, en Suède, commémorant le 500e anniversaire de la réforme luthérienne.


Avec ce rapprochement, les deux Églises vont essayer de « normaliser » leurs relations bien distendues depuis près de mille ans ! En effet, le schisme de 1054 est l’aboutissement d’un long conflit qui commence, en vérité, en 395 avec la partition de l’Empire romain en deux capitales : Rome pour l’Empire romain occidental et Constantinople pour l’Empire romain oriental. Bien vite, Rome revendique la primauté apostolique sur Constantinople parce que c’est à Pierre, évêque de Rome, que le Christ a confié la direction de l’Église. Mais la querelle spirituelle sur l’ordre « hiérarchique » prend vite un tournant plus politique après la chute de l’Empire romain (occidental) en 476. Rome se retrouve alors le « sujet politique » de l’Empire romain oriental et doit assurer sa sécurité. Mais Rome choisit à plusieurs reprises d’assurer la sécurité des souverains occidentaux (Pépin le Bref, Charlemagne). À ces dimensions apostoliques et politiques se greffent des dissensions linguistiques (latin d’un côté, grec de l’autre) puis dogmatiques.


Ainsi, la question filioque devient la pierre d’achoppement quand le pape Serge IV, en 1009, accepte à la demande de l’empereur germanique Henri II cette version du credo : « Je crois au Saint-Esprit qui procède du Père et du Fils (filioque). » Mais les Orientaux n’en veulent pas. À ces dissensions s’en ajoutent encore d’autres, d’ordre liturgique (querelle sur le pain azyme, le jeûne le samedi) et disciplinaire (mariage des prêtres). Ces querelles larvées atteignent leur paroxysme en 1054 quand le pape Léon IX envoie une ambassade auprès de l’empereur byzantin. Le pape souhaite obtenir une aide militaire contre les Normands qui deviennent très menaçants en Italie du Sud. Le chef de la délégation pontificale, le cardinal Humbert de Moyenmoutier, entre en conflit sur des questions religieuses avec Michel Cérulaire. Le 16 juillet 1054, Humbert de Moyenmoutier excommunie le patriarche mais il doit s’enfuir sous la menace de la population byzantine. Huit jours plus tard, Michel Cérulaire obtient des chefs des chrétiens orientaux l’excommunication des envoyés du pape. La rupture est consommée. Les deux anathèmes ne sont levés que 911 ans plus tard, en 1965 !


Il n’est pas sûr que Raúl et Fidel Castro connaissent toute cette histoire et ils doivent bien rire que leur île, soumise à l’idéologie communiste et pays officiellement athée de 1961 à 1992, puisse devenir une terre de réconciliation entre chrétiens.



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