Fini l'exception québécoise

Conseil de la Fédération





Depuis le début de la récession, le Canada s'en tire mieux que les États-Unis. Et le Québec faisait meilleure figure que le reste du Canada. Ce n'est plus vrai. Au chapitre de l'emploi, à tout le moins.
En juillet, le marché du travail a été le reflet du mauvais temps qui a sévi au Québec: une pluie de pertes d'emplois s'est abattue sur la province. Tout d'un coup, le taux de chômage a atteint la barre des 9,0%, le niveau le plus élevé en 5 ans. Après quatre mois consécutifs sans trop d'égratignures, la destruction de 37 000 emplois en juin a finalement crevé notre bulle de quasi-invulnérabilité à la crise.
Vrai, le secteur des services, fortement affecté par les caprices de Dame Nature, est responsable de la moitié des pertes d'emplois au Québec. Les étudiants ont particulièrement écopé. Il s'agit donc peut-être d'un phénomène saisonnier et temporaire. Mais il reste que plus de 80% des travailleurs canadiens qui se sont retrouvés sans ouvrage proviennent du Québec, le mois dernier. Nous avons ainsi presque rejoint l'Ontario qui, à 9,3%, a repris des couleurs après plusieurs mois éprouvants, dans l'industrie automobile notamment.
Jusqu'à présent, les Québécois n'avaient pas trop ressenti le choc de la débâcle économique. Le marché immobilier a tenu le coup, la consommation a peu diminué, les investissements dans les infrastructures sont arrivés à point nommé. L'élimination soudaine des emplois en juillet nous rappelle brutalement que le Québec n'échappe pas, lui non plus, aux retombées néfastes de la crise planétaire. Il pourrait simplement s'agir d'un effet à retardement.
Dans l'ensemble du Canada, les nouvelles ne sont pas très réjouissantes non plus. Le taux de chômage n'a pas bougé, à 8,6%, mais ce chiffre est trompeur. Des milliers de travailleurs sur le carreau ont cessé de chercher un emploi et ne font plus officiellement partie de la population active.
Au sud de la frontière, revirement inattendu. À la surprise générale, deux fois moins d'emplois ont été détruits en juillet aux États-Unis par rapport au mois de juin. Plutôt que d'augmenter, comme les économistes le prévoyaient, le taux de chômage a régressé de 0,1% à 9,4%, une première baisse depuis plus d'un an. Au lieu de la perte de 325 000 emplois attendue, «seulement» 247 000 se sont évaporés.
Est-ce un renversement de tendance qui confirme une reprise incessante, ou simplement une petite percée de soleil dans un ciel toujours menaçant? Les données sur le chômage semblent confirmer une fin prochaine de la récession. Il faut cependant demeurer prudent: plus d'un demi-million de chômeurs américains n'auront plus droit aux prestations à compter de septembre. Le taux de chômage pourrait plafonner sans qu'il n'en résulte forcément une création d'emplois.
Depuis l'automne dernier, près d'un demi-million de Canadiens ont perdu leur gagne-pain. La saignée est-elle terminée? Il n'y a pas d'unanimité chez les économistes. Tout dépendra évidemment de la tangente que prendra l'économie aux États-Unis. Si la crise devait perdurer, la détérioration du marché de l'emploi ici suggère que le Québec ne fera plus exception à la règle. D'autant plus si nos voisins du sud persistent à appliquer la clause «Buy American», qui met des bâtons dans les roues des exportateurs québécois.


Laissez un commentaire



Aucun commentaire trouvé