Finances publiques - Charest tente de capitaliser sur la sortie de Legault

Adopter les propositions des «lucides», ce serait s'attaquer aux Québécois, laisse entendre le premier ministre

Budget Québec 2010

Opportuniste, Jean Charest est revenu, hier, sur les propos de François Legault au sujet des «vaches sacrées» en accusant le Parti québécois de vouloir «faire mal aux Québécois». Au PQ, on semblait incapable de concilier le recours à des solutions dignes des «lucides» avec la position du parti.
Québec -- L'occasion était trop belle pour le premier ministre Jean Charest de dénoncer le député de Rousseau, François Legault, qui a exigé mardi que le gouvernement remette en question certains programmes de l'État, des «vaches sacrées», en raison de l'ampleur des déficits qui s'annoncent au Québec.
Lors de la période de questions à l'Assemblée nationale. Jean Charest a accusé le Parti québécois de vouloir «faire mal aux Québécois» en proposant de «couper» dans les programmes et d'augmenter les taxes et impôts. François Rousseau «a annoncé une autre couche de crises partout au Québec», a renchéri le chef libéral.
Lors d'un point de presse mardi qui portait sur le projet de loi 40, François Legault a exigé du gouvernement Charest qu'il applique des «solutions» tirées des rapports Ménard, Castonguay et Montmarquette: revoir les «vaches sacrées» pour réduire les dépenses et hausser les taxes et tarifs pour augmenter les revenus. «On fonce dans un mur actuellement. On est en train de s'endetter et de laisser la facture à nos enfants», a déclaré M. Legault, qui a reconnu que ce constat s'apparente à celui que le groupe des «lucides» avait fait en 2005.
Bien qu'il jette maintenant les hauts cris, Jean Charest avait accueilli comme «un cadeau du ciel» le manifeste Pour un Québec lucide signé notamment par Lucien Bouchard et Joseph Facal. Selon le chef libéral, les signataires du texte ont compris «qu'il faut se libérer du statu quo».
«Le premier ministre voulait avoir les deux mains sur le volant, mais il ne sait pas quoi faire devant le déficit auquel il est confronté. Il est complètement irresponsable», a déclaré hier la chef de l'opposition officielle, Pauline Marois, lors d'un échange avec Jean Charest.
Au cabinet de Mme Marois, on avait du mal, hier, à concilier la position exprimée par M. Legault avec celle de la chef péquiste. Pauline Marois s'est dite ouverte à ce qu'un débat se tienne sur une révision des tarifs, notamment les tarifs d'électricité, comme le recommandait le rapport Montmarquette, mais seulement après la crise. Jamais elle n'a mentionné la remise en question de programmes gouvernementaux et de «vaches sacrées».
François Legault a soutenu mardi qu'il exprimait la position du caucus et celle du parti. Or, le député de Vachon, Camille Bouchard, ne reconnaissait pas son collègue dans les déclarations rapportées dans les médias. «Ça ne correspond à rien de ce que je connais des réflexions qui ont été faites [au parti], et ça ne correspond pas non plus à la position de François», a-t-il dit.
«Il n'y a aucune position du parti qui lui [François Legault] permet de dire ça, a signalé Marc Laviolette, du SPQ libre (Syndicalistes et progressistes pour un Québec libre). Ces débats ne sont pas faits au Parti québécois et il est clair qu'on est pour le maintien des services publics.»
François Legault s'indigne du fait que le gouvernement Charest ne prenne aucune mesure pour renouer avec l'équilibre budgétaire et qu'il se résigne à faire des déficits structurels. «La vache sacrée, c'est l'hypocrisie libérale», a-t-il affirmé à l'Assemblée nationale.
Le projet de loi 40 suspend l'application de la Loi sur l'équilibre budgétaire adoptée en 1996 par le gouvernement de Lucien Bouchard, et ce, jusqu'en 2013-14, en vertu d'un amendement présenté mardi par le ministre des Finances, Raymond Bachand. Selon les prévisions du ministère des Finances, c'est une somme de 11,5 milliards qui passera à la dette avant le retour à l'équilibre. Hier, le leader parlementaire du gouvernement, Jacques Dupuis, a indiqué que le projet de loi 40, dont l'adoption est bloquée par les deux partis d'opposition, ne fera pas l'objet d'un bâillon. Il sera présenté de nouveau à la session d'automne.


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