Financer notre propre déclin?

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Le Québec finance son assimilation à l'anglais


On peut comprendre que le gouvernement Legault veuille accélérer la reprise économique.


Ce n’est pas une raison pour autoriser des projets mal avisés.


Dawson est déjà le plus gros cégep du Québec avec près de 8000 étudiants.


Il semblerait que ce n’est pas encore assez.







Erreur


Le gouvernement veut donner le feu vert à un projet qui augmenterait encore sa capacité d’accueil, puisqu’on se bouscule pour y entrer.


Pourtant, le pourcentage d’anglophones de souche au Québec baisse depuis des décennies.


La taille et la croissance de Dawson s’expliquent évidemment par le fait qu’on y trouve 40 % d’allophones et 22 % de francophones.


Pensez-y : dans un Québec où près de 80 % de la population est de langue maternelle française, le plus gros cégep est anglophone.


Pouvez-vous imaginer qu’en Ontario, le plus gros établissement scolaire de Toronto pour les jeunes d’âge préuniversitaire soit francophone ?


Si vous n’y voyez pas un problème, vous faites partie du problème.


Pendant ce temps, les inscriptions dans les cégeps francophones de la région métropolitaine baissent.


Au-delà des nombres, les cégeps anglophones recrutent aussi les étudiants les plus forts, très majoritairement issus des collèges privés.


Or, la langue de l’enseignement collégial est un lourd prédicteur de la langue d’enseignement universitaire : 90 % des diplômés des cégeps anglophones iront à McGill et à Concordia.


Par un effet de vases communicants, cela explique que Concordia ait dépassé l’UQAM et que McGill déclasse l’Université de Montréal selon une multitude d’indicateurs chiffrés que je n’ai pas la place d’exposer ici.


Les conséquences ne s’arrêtent pas là puisque la langue des études supérieures oriente ensuite puissamment la langue principale utilisée au travail.


C’est l’État du Québec, donc vos impôts et les miens, qui finance pour l’essentiel le réseau collégial public.


En langage clair, nous finançons notre propre assimilation, l’anglicisation des allophones et la prolétarisation croissante des francophones sur le marché du travail montréalais... comme jadis.


On oppose à cela deux arguments fallacieux.


Le premier est de dire que ces jeunes francophones vont au cégep anglophone pour apprendre l’anglais. 


Faux : les données disponibles montrent qu’ils le parlent déjà.


Le second est de dire qu’il est bon de connaître deux langues et même plus.


Cet argument est plus que fallacieux : il est stupide.


Qui dit qu’il ne faut pas connaître l’anglais ?


La question est de savoir si nous voulons ou non un Québec dont la langue prédominante sera le français, et si nous voulons que le français soit la langue des patrons et pas seulement celle des concierges.


Tempête


L’anglicisation de Montréal est déjà galopante : doit-elle être en plus encouragée, accélérée, financée par un gouvernement qui avait promis de redresser la situation du français à Montréal ?


Je connais assez l’appareil gouvernemental pour savoir comment cela s’est passé.


On n’a même pas vu venir la tempête.


La commande est entrée : vite, vite, fouillez dans vos cartons et envoyez-nous les projets que l’on peut démarrer vite, on veut des chantiers et du monde à l’ouvrage dès cet automne !


Il faut stopper ce projet.




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