La bande de Gaza a connu dimanche sa journée la plus meurtrière depuis le début, mercredi, de l’opération israélienne « Pilier de la défense », avec la mort sous les obus d’au moins 29 personnes, dont la moitié étaient des femmes et des enfants selon les autorités médicales de l’enclave palestinienne.
Au cinquième jour de l’opération, la plus importante menée par Israël depuis celle de l’hiver 2008-2009, des tractations se poursuivaient au Caire tandis que les rumeurs faisaient état d’une incursion imminente de chars israéliens dans la bande de Gaza.
Dimanche, une des frappes a visé la maison d’un fonctionnaire du ministère de l’Intérieur du gouvernement du Hamas (au pouvoir à Gaza). Quatre femmes et quatre enfants de sa famille auraient péri, selon des sources palestiniennes. La branche militaire du Hamas a déclaré dans un communiqué que ce « massacre » ne resterait pas impuni.
Le bilan de l’opération israélienne à Gaza dépasse largement les 60 morts et 560 blessés. Des bombardements aériens et navals se poursuivaient dimanche en soirée. De nombreuses personnes sont portées disparues dans les décombres d’immeubles détruits, alors que l’Organisation mondiale de la santé considère que les hôpitaux de Gaza sont débordés et commencent à manquer de fournitures.
Côté israélien, on a rapporté jusqu’ici 3 morts et au moins 63 blessés à la suite de tirs de roquettes. Hier encore, on a fait état de plusieurs blessés, notamment dans la région d’Ashkalon, à une quinzaine de kilomètres au nord de la bande de Gaza. Deux roquettes de plus longue portée ont par ailleurs été interceptées avant d’atteindre Tel-Aviv, située à une bonne soixantaine de kilomètres au nord.
Les projectiles tirés depuis l’enclave palestinienne n’avaient jamais atteint cette métropole avant le début du présent conflit. L’armée israélienne a déclaré que 76 missiles tirés depuis la bande de Gaza avaient atteint dimanche le territoire israélien tandis qu’une dizaine d’autres avaient été détruites par les batteries du système antimissile Dôme de Fer. (Ce système est conçu pour ignorer les projectiles qui ne menacent ni des biens ni des personnes.)
De source égyptienne, on a appris dimanche qu’un émissaire israélien se trouvait au Caire afin de négocier un cessez-le-feu, mais l’État juif n’a pas confirmé cette information. Entre-temps, le président de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, dont le pouvoir se limite à la Cisjordanie, a dépêché un émissaire dans la bande de Gaza afin de faire pression sur ses rivaux islamistes qui contrôlent cette enclave.
Benjamin Nétanyahou a dit que l’État juif est prêt à « étendre » l’opération Pilier de la Défense. « Nous faisons payer un prix élevé au Hamas et aux [autres] organisations terroristes, et les Forces de défense israéliennes sont prêtes pour une extension substantielle de l’opération », a déclaré le premier ministre israélien à l’issue d’une réunion de son cabinet, qui a approuvé la mobilisation de 75 000 réservistes. Ce geste a alimenté les conjectures sur une nouvelle invasion de la bande de Gaza.
Par ailleurs, deux immeubles abritant des médias ont été frappés par des obus israéliens, faisant huit blessés parmi les journalistes palestiniens. Un des immeubles visés abrite plusieurs médias étrangers, aussi bien arabes qu’occidentaux. L’organisation Reporters sans frontières a protesté contre ces attaques.
Barack Obama a répété dimanche qu’il appuyait « pleinement » le droit de se défendre dont dispose l’État d’Israël. Le président américain a réaffirmé à Bangkok qu’Israël était « en droit d’attendre que des missiles ne soient pas tirés sur son territoire ». « Si cela peut être accompli sans l’accroissement des activités militaires à Gaza, c’est préférable », a-t-il néanmoins ajouté.
Londres avait déjà prévenu par la voix de son ministre des affaires étrangères, William Hague, qu’une opération terrestre pourrait « coûter » à Israël « une grande partie » de son soutien international.
Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, va proposer mardi à la secrétaire d’État américaine, Hillary Clinton, de réunir le Quartette (ONU, UE, États-Unis, Russie) sur la situation à Gaza, selon l’agence Ria Novosti.
Le ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius, a affirmé à Tel-Aviv qu’il y avait « urgence à intervenir ». « La guerre n’est pas une option », a-t-il déclaré au terme d’une journée d’entretiens avec les dirigeants israéliens et le président palestinien, Mahmoud Abbas.
Enfin, la Ligue arabe, qui s’est réunie d’urgence au Caire, doit envoyer une délégation de hauts diplomates à Gaza mardi.
Manifestation à Montréal
Environ un millier de personnes ont défilé dans le centre-ville de Montréal dimanche après-midi, pour protester contre l’opération israélienne à Gaza et la « complicité » du gouvernement Harper. « Nous reconnaissons et appuyons le droit d’Israël de se défendre contre de telles attaques terroristes, mais nous incitons les deux camps à prendre toutes les précautions possibles pour épargner des vies innocentes », avait déclaré le premier ministre vendredi.
La manifestation était organisée par la Coalition pour la Justice et la paix en Palestine, Tadamon !, la CSN et plusieurs associations étudiantes de Montréal. Les députés de Québec solidaire, Françoise David et Amir Khadir, se sont joints à la marche. Un petit groupe de juifs ultraortodoxes antisionistes y ont également participé.
« Depuis plusieurs années ce que nous exigeons de l’État d’Israël et de tous les gouvernements qui l’appuient, y compris le gouvernement canadien, c’est de se mettre à table pour négocier dans le but de donner au peuple palestinien un pays. Ce pays ne peut pas naître de la guerre […], mais de la négociation », a déclaré Françoise David au début de la manifestation.
Pour son collègue Amir Khadir, ce qui peut « réellement » faire changer le cours des choses, « c’est une campagne de boycottage comme il y avait eu dans le cas de l’Afrique du Sud ». « Il n’y a rien d’insultant là-dedans, l’Afrique du Sud est devenue un meilleur pays aujourd’hui grâce au boycottage international », a précisé le député dans une brève entrevue.
Pour M. Khadir, les tireurs de roquettes palestiniens « se nuisent à eux-mêmes, comme les bandits ou les truands n’importe où qui utilisent la violence pour arriver à leurs fins. À la déraison des roquettes, Israël ne doit [cependant] pas répondre par une déraison encore plus grande », a-t-il ajouté.
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Avec l’Agence France-Presse et La Presse canadienne
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