Malgré les lois et les règlementations pour assainir le financement des partis politiques, les libéraux de Philippe Couillard (PLQ) n’hésitent pas ces temps-ci à recourir aux deniers publics pour multiplier la publicité dans les médias écrits et électroniques vantant leur bilan et les impacts du dernier budget Leitão. Doublement outrageant, quand nous savons avec quelle hargne ils vilipenderaient les adversaires qui oseraient en faire autant et que leur dernier budget est strictement électoraliste.
Les parlementaires voulaient que le moment de déclencher les élections générales ne relève pas du bon vouloir du premier ministre et d’intérêts stratégiques du parti au pouvoir. L’intention était sûrement louable, mais nous vivons ses effets pervers depuis déjà quelques mois alors que le Québec vit une campagne électorale non couverte par le Directeur général des élections et que les libéraux baignent en permanence dans une publicité narcissique défrayée par les contribuables.
Pour ajouter à la perversion, même les libéraux fédéraux (PLC) sont complices des annonces racoleuses et font pleuvoir symboliquement quelques millions pour donner un coup de main au petit frère provincial. Nous avons eu droit ces derniers jours au défilé du premier ministre Justin Trudeau et du ministre des Transports, Marc Garneau, venus faire miroiter quelques bonbons électoraux avec la ligne bleue et le port de Montréal. Le PLC doit lui aussi se préparer longuement en amont pour son élection à date fixe, surtout qu’il risque de perdre une précieuse amie en Ontario et que l’Ouest ne lui fera pas de cadeau avec les polémiques permanentes sur les oléoducs.
Dans l’année précédant les élections, la publicité gouvernementale devrait être interdite, sauf si elle a un caractère informatif essentiel sur la dispensation de services ou de programmes gouvernementaux ainsi que pour des besoins de sécurité. Le Directeur général des élections devrait être habilité à trancher sur toutes les publicités qui font l’objet d’une plainte.
La couverture médiatique, faite sur les annonces gouvernementales, les dépôts de projets de loi et la présentation du budget, y incluant la réaction des partis d’opposition, est nettement suffisante pour permettre aux citoyens de comprendre les tenants et aboutissants des débats en cours. Il devient indécent de leur faire payer la publicité partisane du parti au pouvoir qui n’a d’autre fin que de leur farcir la tête des illusions véhiculées depuis quelques mois.
L’insistance publicitaire du PLQ s’apparente à du maquignonnage pour faire oublier les faiblesses de leur gouvernance. Le procédé peut également servir à cacher les vices de quelques-unes de leurs propositions qui risquent de coûter plus cher sans que tous les citoyens en retirent les bénéfices ou qui tout simplement ne se réaliseront pas.
Nous pouvons croire, avec les réformes sur nos institutions démocratiques, que le Québec a progressé au niveau des mœurs politiques, mais le comportement des libéraux nous ramène plutôt à l’époque des mœurs douteuses. Le PLQ devrait modifier son slogan et afficher « Ensemble, on fait reculer le Québec »!