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Robert Dutrisac Lévis — C'est avec une pompe toujours plus imposante que le premier ministre Jean Charest a dévoilé de nouveau le Plan Nord, faisant cette fois-ci miroiter des investissements privés et publics de 80 milliards en 25 ans, des revenus pour l'État de 14 milliards et 20 000 emplois par an.
C'est «le chantier d'une génération» qui porte sur «un des derniers territoires vierges du monde, un territoire fragile aussi», a déclaré Jean Charest dans son allocation qui suivait une projection son et lumière bilingue. Quelques centaines de personnes assistaient à l'annonce-spectacle, dont six ministres, à commencer par la vice-première ministre et ministre des Ressources naturelles et de la Faune, Nathalie Normandeau, qui s'est chargée des consultations avec les communautés autochtones et locales. «Sur le plan politique, ça représente une des plus belles journées de ma vie», a ajouté plus tard en conférence de presse Jean Charest.
Le Plan Nord, c'est avant tout un boom minier que le gouvernement Charest cherche à canaliser. Onze projets miniers sont en voie de réalisation. Ils représentent des investissements de 8,24 milliards d'ici cinq ans, 11 000 emplois durant leur déploiement et 4000 emplois par an par la suite.
Le premier ministre a annoncé la création de la Société du Plan Nord qui coordonnera le développement de ce vaste territoire au nord du 49e parallèle représentant 72 % de la superficie du Québec et qui en facilitera l'accès par les sociétés minières. Moins de 2 % de la population du Québec — ou 120 000 âmes — habite ce territoire.
Deux des trois nations autochtones, soit la nation crie (16 000 personnes) et la nation naskapie (1000 personnes), ainsi que les Inuits (10 000 personnes) participent au Plan Nord. Une majorité des communautés de la nation innue (16 000 personnes) refuse d'y prendre part en l'absence d'une entente portant sur l'ensemble de leurs revendications territoriales. Elles réclament un accord global semblable à celui que les Cris ont obtenu avec la Convention de la Baie-James et la Paix des Braves. «Finie l'époque des années 70 où le gouvernement du Québec annonçait des projets sans mettre dans le coup les Premières Nations directement affectées», a commenté le chef du Grand Conseil des Cris, Matthew Coon Come, qui était présent lors de la conférence de presse du premier ministre. «Nous sommes passés d'une ère d'une politique de l'exclusion à une politique de l'inclusion», a-t-il déclaré après avoir lu une déclaration en français pour la première fois de sa vie.
C'est «projet par projet» que le Plan Nord sera négocié avec les communautés autochtones, a confirmé Jean Charest, quitte à ce que des négociations plus étendues se déroulent en parallèle.
La Société du Plan Nord fera l'objet d'un projet de loi. Cette société sera responsable d'un plan quinquennal dont les principaux éléments étaient contenus dans le dernier budget Bachand.
De son côté, le ministre délégué aux Ressources naturelles et à la Faune, Serge Simard, doit déposer ce printemps un nouveau projet de loi sur les mines, après qu'une première mouture fut abandonnée l'automne dernier. Le projet de loi imposera notamment aux compagnies minières d'assumer tous les coûts de réhabilitation des sites après la fin de leur exploitation.
Ainsi, la Société du Plan Nord chapeautera des investissements publics de 1,625 milliard de 2011-2016, un montant auquel s'ajoute une somme de 500 millions confiée à Investissement Québec pour que la société d'État prenne des participations dans des projets miniers. On créera le Fonds du Plan Nord, alimenté notamment par les retombées fiscales de l'exploitation minière et d'une somme de 10 millions par an versée par Hydro-Québec.
Pour donner accès à une partie du territoire, le gouvernement prolongera la route 167 vers les monts Otish et procédera à la réfection de la route 389 vers Fermont, deux endroits où des projets miniers majeurs sont en cours. Sur la Côte-Nord, la route 138 sera prolongée entre Natashquan et Kegaska puis jusqu'à Blanc-Sablon. Des routes secondaires pourraient être financées en partie par les sociétés minières. Les aéroports seront améliorés. On mènera des études pour évaluer la faisabilité d'une route ou d'un chemin de fer reliant Kuujjuaq au sud et d'un port en eau profonde, pourtant une compétence fédérale.
Près de 400 millions seront consacrés à des mesures socio-économiques. Elles visent la construction de 300 nouveaux logements sociaux, ce qui s'ajoute aux 340 logements dont la construction est déjà prévue d'ici 2015 et de 200 autres logements. Les sociétés minières seront aussi appelées à construire des maisons pour leurs employés. En cinq ans, le gouvernement consacrera 80 millions pour la formation de la main-d'oeuvre.
Le gouvernement a confirmé qu'Hydro-Québec développera 3500 MW d'énergie renouvelable en 25 ans. Les ressources forestières de la Côte-Nord et les ressources fauniques font également l'objet du plan. On veut faire du Grand Nord «une destination de tourisme durable de classe mondiale».
Le Plan Nord prévoit la constitution d'ici 2015 d'aires protégées équivalant à 12 % du territoire nordique et prétend réserver la moitié sa superficie à des fins autres qu'industrielles, a confirmé le gouvernement.
Faciliter le boom minier
Jean Charest fait miroiter des investissements publics et privés de 80 milliards d'ici vingt-cinq ans au nord du 49e parallèle
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