Être à la hauteur de notre combat

Allocution lors de la rencontre du 2 décembre 2001 au Medley

01. Actualité - articles et dossiers


En mon nom personnel


L'indépendance, est-ce uniquement pour assurer la survie de notre langue ? Est-ce là le sens ultime de notre lutte nationale ?


Derrière la langue, c'est tout un peuple qui cherche à assurer son avenir. Le combat des Québécois est d'abord politique. Il s'agit pour notre peuple de se libérer de la tutelle du Canada anglais et de se doter de tous les outils d'un État normalement constitué, et cela passe par l'indépendance.


Depuis Meech, Ottawa ne cherche plus à construire avec les Québécois, dans le respect des différences. Il n'a que faire des besoins fondamentaux de notre peuple pour assurer sa survie, son avenir et son plein développement. Chaque jour, Ottawa cherche à grignoter un petit peu plus notre identité. Il n'est plus capable de proposer la moindre réforme qui serait à la fois acceptable au Québec et au Canada anglais. Ottawa en est rendu à gagner du temps. On vise à élargir toutes les lignes de division de la société québécoise : groupes sociaux, anglophones, allophones, immigrants, autochtones, régions, générations, hommes-femmes. Toutes ces lignes de fracture leur sont bonnes puisqu'elles affaiblissent la solidarité québécoise.


Pour le Canada, être Québécois, c'est être suspect. On ne nous reconnaît aucune légitimité. Au lieu de travailler l'opinion publique canadienne, Ottawa tente d'un côté d'intimider et de réduire au silence les indépendantistes et leur gouvernement (pensons à l'union sociale, à loi sur la clarté référendaire ou au projet de loi anti-terroriste C-42), tandis que de l'autre, Ottawa tente d'établir un contrôle des pensées par la propagande, par l'argent, par la distribution de contrats, par les nominations. Ottawa se paye la recherche universitaire, place ses représentants dans tous les conseils d'administration possible, finance les groupes hostiles au Québec, soutient un discours anti-inclusif, fait la promotion de l'ethnicité pour les francophones, isole le Québec du Canada anglais et du reste du monde. En nous faisant passer pour de mauvais citoyens, Ottawa encourage le racisme à l'endroit des Québécois. L'avenir qu'ils nous tracent passe par la soumission ou par l'exclusion. Avons-nous le choix d'agir ?


Les Québécois sont inclusifs. Le combat de l'indépendance, c'est l'affaire des Québécois de toutes les origines. Plus du quart des immigrants et de leurs descendants nous appuient. Il faut continuer les efforts d'intégration. C'est une tâche vitale pour nous. Nos efforts actuels sont bons, mais insuffisants. Le français n'a pas reculé au Québec depuis 30 ans uniquement parce qu'il y a eu des départs continuels d'anglophones hors du Québec. Un solde de 400 0000 départs de jeunes hautement qualifiés, faisant partie de notre élite. Il faudrait être stupide pour considérer que ces départs ont été bons pour nous. Ils ne sont autre chose qu'une énorme subvention de plusieurs milliards de dollars en formation de la main-d'oeuvre, principalement au bénéfice de l'Ontario.


Qu'on cesse de nous raconter des sornettes. Nos politiques ne nous mettent pas à l'abri du recul du poids des francophones. Nous n'intégrons tout simplement pas assez. Nous pourrons espérer faire l'indépendance dans la mesure où nous serons suffisamment nombreux. Nous devons appuyer davantage sur la francisation. C'est à nous de mettre en place les règles qui assureront notre survie. Nous avons l'esprit démocratique, nos aspirations nous y conduisent. Nous n'avons pas à hésiter pour mettre en place un véritable cadre de francisation de la société québécoise.


Vous, militants, avez l'immense travail de développer votre propre esprit critique. Lisez, documentez-vous, engagez-vous. Pensez à mettre en place les structures politiques qui permettront de résister aux assauts d'Ottawa et de faire connaître notre point de vue. Occupez le champ politique, ne laissez pas les fédéralistes prétendre être les représentants légitimes du Québec. Prenez la parole, organisez-vous, luttez. Écrivez, lisez, soutenez des revues, démasquez et apostrophez les imposteurs. Soutenez nos représentants, parlez-leur et amenez-les à agir en fonction de notre cause commune. Accompagnez-les, investissez nos seuls véhicules politiques actuels : Parti québécois, Bloc québécois. Donnons-nous les ressources intellectuelles, humaines et financières nécessaires pour relever l'action de nos organisations et les porter à la hauteur de notre combat.


Vous, Montréalais, êtes la locomotive du mouvement indépendantiste. Vous êtes au front, vous êtes les plus motivés, vous connaissez plus que tout autres les enjeux et les luttes à mener. Sachez que lorsque vous parlez, les autres régions vous suivent, que lorsque vous vous taisez, les autres régions s'éparpillent.


Nous sommes dépendants parce que nous sommes minoritaires au Canada. Nous sommes dépendants parce que la division des pouvoirs nous écarte des principaux leviers économiques et politiques. Nous sommes dépendants parce que le mode de scrutin majoritaire fait de nous une minorité dans notre propre État. Le combat de l'indépendance est politique. Le Québec forme une nation qui doit de se libérer de la tutelle d'une autre pour assurer sa survie et son développement. Nous avons à nous libérer. C'est notre tâche.


Je vous remercie.


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