États-Unis : un coup d’État sans coup de feu

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Délire dans les pages du Soleil : Trump comparé à Hitler alors qu'il s'agit du président le plus pro-israélien de l'histoire des États-Unis ?!?

POINT DE VUE / Ce qui se produit aux États-Unis est fort préoccupant. Non pas en raison des multiples démonstrations du locataire de la Maison-Blanche de son sexisme, racisme et refus de suivre les moindres règles de bienséance et encore moins des principes démocratiques, mais bien par l’apparent échec du système de «check and balance».


Selon ce principe, chacune des branches du gouvernement, l’Exécutif représenté par la Maison-Blanche, le législatif représenté par les deux chambres, soit le Congrès et le Sénat, et le judiciaire représentés par la Cour suprême, limite le pouvoir des autres branches, chacune de celle-ci surveillant les deux autres. Le système ne fonctionne que dans la mesure où aucune des branches n’abdique son pouvoir.


Or, force est de constater que la branche législative, ou à tout le moins le Sénat, a abdiqué ses pouvoirs en se refusant toute critique du président américain, peu importe les comportements ou propos. Et ce, malgré l’évidente contradiction entre le discours d’un parti qui se targue d’avoir des valeurs «pro-familles» et les agissements du locataire de la Maison-Blanche.


Trump bénéficie ainsi d’un mouvement entamé sous la présidence de Barack Obama par le puissant leader du Sénat, le républicain Mitch McConnell. Celui-ci a politisé à outrance le Sénat refusant par exemple de convoquer quelque candidat que ce soit aux auditions nécessaires pour une nomination à la Cour suprême, préférant attendre l’élection de Donald Trump. Le but, réussi, était de politiser la Cour suprême afin qu’elle juge en fonction des lignes de parti.


Ce faisant, les deux branches n’exercent plus, ou de moins en moins, leur rôle constitutionnel dont l’objectif était d’éviter qu’une seule personne puisse exercer trop de pouvoirs. Les pères fondateurs avaient érigé ce système croyant qu’ainsi la démocratie pourrait être préservée.


Trump hérite donc des politiques de Mitch McConnell et bénéficie d’un pouvoir dont aucun de ses prédécesseurs, y compris Richard Nixon, n’a eu. Il peut faire et dire ce qu’il veut sans crainte d’une rétribution par l’une des deux branches, le Sénat se refusant à la moindre critique du Président et favorisant sans la moindre vergogne la nomination de juges républicains purs et durs à la Cour Suprême et dans les cours fédérales. Cela s’est traduit récemment par des commentaires racistes envers des élus de couleur qui ne sont pas de son opinion, le Président les enjoignant de «retourner chez eux» sous les chants de ses supporters.


Nous ne sommes plus loin du début du nationalisme-socialisme en 1933. Encore un peu et nous assisterons impuissant à des affrontements physiques entre les tenants du trumpisme et les immigrants, légaux ou non, qui seraient la source de toute la déchéance de cette Amérique qui cherche à être grande de nouveau (Make América Great Again). Un discours qui n’est pas sans rappeler celui qui nous a donné, entre autres, la Seconde Guerre mondiale. Dans ce contexte, Trump n’est qu’un symptôme d’un système où un parti a pris le contrôle et renonce à exercer ses pouvoirs. À cela s’ajoutent les découpages électoraux qui font en sorte que le parti au pouvoir au Sénat y soit maintenu, ce qui a été avalisé dans une récente décision de la Cour suprême.


En d’autres mots, nous assistons à un coup d’État sans coup de feu où peu à peu, pas à pas, le parti Républicain s’assure de conserver le pouvoir, envers et contre tous. Au risque de la stabilité mondiale et de la démocratie. Le parti républicain est devenu amoral et ne compte plus que l’exercice du pouvoir, pour le pouvoir.




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