Jean Dorion a écrit une lettre dans le cahier Idées du Devoir, édition du 22 septembre. http://www.ledevoir.com/politique/quebec/359768/quand-un-separatiste-se-separe
Il termine sa lettre par : « Il fallait voter et j’ai choisi Option nationale (ON). Ce parti a eu la bonne idée, dans sa plateforme, de préconiser la laïcité des institutions publiques, PAS LA LAÏCISATION FORCÉE DE CHACUN DE LEURS EMPLOYÉS. Je connais plusieurs de ses militants, des jeunes pour la plupart; ils ne feraient pas ce genre d’erreur. »
Voyons ce que dit la plateforme d’Option nationale au sujet de la laïcité :
« 1.4 Fera en sorte qu’une Constitution du Québec soit écrite avec la plus grande participation possible de la population du Québec, accompagnée d’experts en la matière, et qu’elle soit ultimement entérinée par le biais d’un référendum. Cette Constitution contiendra notamment une déclaration de souveraineté du Québec, de même que la reconnaissance de valeurs fondamentales telles que l’égalité homme-femme, la justice sociale, le bien-être des aînés, la protection de la langue française, la LAÏCITÉ DES INSTITUTIONS et le respect rigoureux des principes de développement durable. »
On constate donc que la justification de la position de M. Dorion repose sur ces trois mots : LAÏCITÉ DES INSTITUTIONS. Je ne vois nulle part ailleurs dans la plateforme d’Option nationale une définition plus précise de ce qu’entends faire Option nationale sur ce plan. La raison est fort simple : il n’y a pas encore eu de débat à ce sujet au sein du parti. Le Congrès de fondation n’avait pas abordé cet enjeu en profondeur. La proposition 1.4 a été acceptée au vote telle que rédigée.
Ceci dit, je ne partage pas la vision multiculturaliste sur la laïcité de M. Dorion ni l’interprétation élargie qu’il fait de la plateforme d’Option nationale. Je trouve la justification qu’il fait de son vote pour ON très maladroite et basée sur aucun fait concernant la plateforme ON, mais plutôt sur sa propre interprétation.
Ainsi, puisqu’il n’y a toujours pas eu de débat sur la question au sein d’ON, je voudrais partager ma vision des choses et surtout dissocier les propos de M. Dorion de la plateforme du parti. Comme ma vision des choses, la sienne n’est pas plus associée au parti. Le débat reste à faire et la position du parti est toujours très générale pour le moment.
Alors, pour moi la laïcité de l’État c’est aucun signe religieux dans l’espace civique c’est-à-dire nos institutions. Cela s’applique aux employés sans quoi ça ne veut rien dire. Car, comprenons-nous bien ici, une institution c’est un regroupement de gens qui travaillent ensemble sur un même projet social. Ce n’est en rien un bâtiment physique. Par exemple, l’État, une commission, un comité, une école, un hôpital sont tous des institutions. C’est pourquoi une commission peut-être itinérante ou encore qu’on puisse retrouver deux écoles dans un même bâtiment.
Ainsi, pour moi, si on souhaite travailler pour un État laïque ou une de ses institutions, on devra se défaire de son shtreimel, son kirpan, sa croix au cou, son turban ou son hijab le temps de faire sa journée de travail. Code vestimentaire oblige. Si la personne n’est pas prête à mettre de côté sa croix au cou, son shtreimel ou son turban le temps de faire sa journée de travail pour l’État, et bien une panoplie d’opportunités attendent cette personne dans le secteur privé, c’est-à-dire 77,3 % des emplois disponibles au Québec. Donc, si cette personne veut s’ouvrir toutes les opportunités, il n’en tient qu’à elle à mettre la religion de côté pour le travail, sinon elle a quand même la chance de pouvoir travailler dans 77,3 % des emplois disponibles au Québec. Il est donc important, voire capital de distinguer l’espace civique de l’espace public, car on pourra, bien sûr, toujours afficher nos signes religieux dans l’espace public.
De plus, il faudra aussi respecter toutes formes d’héritage culturel patrimonial comme les marques du christianisme, du judaïsme ou autres religions qui apparaissent gravées ou sculptées à même les bâtiments institutionnels de l’État ou érigé en quelconques endroits publics au Québec. Ceci ne concerne pas le crucifix de l’Assemblée nationale qui devra être enlevé, car il n’est qu’un objet accroché au mur. D’ailleurs, aux Îles-de-la-Madeleine, dans les classes où j’ai enseigné, on trouve encore et souvent des crucifix, au primaire comme au secondaire, dans des écoles à tout le moins assez récentes. Donc, au même titre que le crucifix de l’Assemblée nationale, on devra enlever ce type de crucifix. Un crochet au mur, ce n’est pas patrimonial. Maintenant vous comprendrez que la Croix du Mont-Royal ça l’est.
Ensuite, pour ce qui est de la question de l’autorité souvent soulevée dans le débat sur cet enjeu, en quoi serait-il justifié de considérer seulement quelques représentants de l’État pour véhiculer le message de laïcité de l’État et non tous ses représentants? Et aussi, il faudrait définir ce qu’est une personne en autorité. Car pour moi, la personne dont l’autorité est la plus importante et la plus influente dans la formation de la pensée d’un individu c’est l’enseignant du primaire et du secondaire. Et pourtant on ne le considère pas comme tel, soit un digne représentant de l’autorité de l’État. J’ai plus l’impression que l’application d’une laïcité au sein de l’État est davantage une question quantitative que d’autorité finalement. On veut réduire au minimum le nombre de gens à qui le code vestimentaire s’appliquerait semble-t-il. C’est pourquoi je pense qu’en matière de cohérence ici, on doit appliquer la mesure à l’ensemble des employés d’un État qui se veut laïque. Sans quoi, il n’a qu’à affirmer qu’il ne l’est pas.
Finalement, concernant le soi-disant multiculturalisme de ON que soulève indirectement M. Dorion, pour moi il n’existe pas, car nulle part on fait mention dans notre plateforme des arguments qui ont permis à M. Dorion de justifier ainsi son choix pour ON. L’approche multiculturaliste de M. Dorion est vraiment venu de sa propre interprétation. Aucun lien ici avec la plateforme ON.
Évidemment, il faut se tenir loin de ces politiques multiculturalistes à la sauce trudeauiste, celles-ci étant bâties sur mesures pour contrer le nationalisme québécois. Par exemple, on critique aussi ON d’avoir joué le jeu du multiculturalisme en s’adressant aux électeurs dans différentes langues. Or, concernant les langues, nous sommes ici dans une situation de contexte public. Ce qui se réfère à de l’interculturalisme. Approche avec lequel je suis en faveur et auquel j’ai bon espoir qu’il favorise la meilleure intégration de tous. Des immigrants envers leur société d’accueil et vice versa.
Le multiculturalisme c’est plutôt lorsqu’on importe ce genre de chose dans l’espace civique. Et il ne sera jamais question de parler espagnol, arabe ou anglais à l’Assemblée nationale ou dans l’espace civique. Dans nos institutions, ça se passe en français point, comme ça doit être laïque point. Et ça, ça concerne les gens, car une institution ce sont les gens et non le bâtiment.
Bref, dans le public, on doit respecter l’autre, s’ouvrir à l’autre, alors que dans le civique on doit se respecter comme État, comme nation. Et c’est ainsi que je vois ON et l’interculturalisme. C’est mon point de vue et les décisions restent à prendre. Malheureusement, Bouchard-Taylor a été remisé…
LAÏCITÉ
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6 commentaires
Archives de Vigile Répondre
18 septembre 2013@Benoît Tranche,
Parlant de tatous, ceux-ci devraient inquiéter
http://img546.imageshack.us/img546/7986/f789f3316ec6.jpg
http://www.phaseloop.com/foreignprisoners/img-exp/ru-4.jpg
http://i.dailymail.co.uk/i/pix/2012/12/05/article-2242960-16583D1A000005DC-808_472x707.jpg
http://st-listas.20minutos.es/images/2010-06/230609/list_640px.jpg?1322763342
http://img2.timeinc.net/ew/dynamic/imgs/080421/Tattoos/Viggo-Mortenson-Eastern_l.jpg
http://3.bp.blogspot.com/-VzIjeIwHRXg/Tp3zbxdzoVI/AAAAAAAADvU/aSZSdj3XNMI/s320/jesus-tattoos-17.jpg
Archives de Vigile Répondre
11 avril 2013Pour répondre à M. Godin, je crois qu'il porte des jugements un peu rapide, à la limite du sophisme. Dire qu'une personne pour qui le port de la calotte sur la tête ou la croix au cou est aussi important que de se laver ou se vêtir aura accès à 77% des emplois, c'est travestir la réalité.
En supposant que 77% des emplois relèvent du privée, celà ne veut nullement dire qu'ils seront ouvert au port ostentatoire de signes religieux ou culturels. Ensuite une personne ne peut pas avoir accès à ce 77% d'emploi qui sonne si large dans l'article de M. Godin; elle a un passé, une orientation professionnelle, une formation... Celui qui a suivi sa formation de pompier ou travailleur social aura beaucoup de difficulté à se faire embaucher au niveau du privé.
En conclusion, je me questionne à savoir pourquoi les signes d'appartenance religieuse vous agressent davantage qu'un tatou ou une couleur de cheveux teint, ou encore une bague ou une casquette.
Archives de Vigile Répondre
26 septembre 2012Si monsieur Dorion croit aux vertus du multiculturalisme le choix de voter pour le candidat d'Option nationale aurait-il été motivé par cette simple vidéo où le chef de la formation politique affirme sans aucune ambiguïté que TOUS les droits de la « minorité historique » anglophone et des nouveaux arrivants « qu'ils ont en ce moment seront protégés dans un Québec souverain ». :
http://www.youtube.com/watch?v=OcjMINjVyLI
Est-ce à dire que tous les acquis conférés aux anglophones depuis la conquête seront protégés et ce, même s'il y a un fort déséquilibre entre les institutions de cette minorité coloniale anglophone et celle de la majorité nationale francophone ?
Si oui, cela expliquerait qu'Option nationale adhère aux principes vagues de l'inter-culturalisme plutôt qu'aux valeurs républicaines, à celle de l'État-nation laïc et unilingue francophone.
Aussi, avant d'arracher les voiles et les kippas sur la tête des nouveaux arrivants, que nos partis dits souverainistes et progressistes s'attaquent donc au plus urgent : l'assimilation linguistique et la présence des institutions coloniales britanniques sur son territoire !
Danièle Fortin, républicaine, indépendantiste et orpheline de parti.
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Archives de Vigile Répondre
25 septembre 2012Donc, est-ce que cette lettre va être publiée par Le Devoir ?
Archives de Vigile Répondre
25 septembre 2012VIGILIENS - VIGILIENNES
Voilà un texte qui ne laisse indifférent personne en terme d'idées partagées et on ne peut plus claires quant à sa compréhension.
Monsieur Godin est un jeune en devenir aux idées claires, limpides et articulées comme j'ai pu l'observer depuis quelques mois. Il a tout le mérite nécessaire pour être à la députation au plus sacrant. Mais il doit faire partie du POUVOIR non pas du monde des cinquièmes colonnes à La Bouchard, Johnson, Landry.
Pauline Marois si elle est sérieuse dans ses prétentions d'exercer le pouvoir en direction de la fondation du pays du Québec elle se doit de récupérer un jeune homme de la trempe de Jonathan Godin des Îles-de-la Madeleine. Le Québec doit cesser de se priver de telle nature cérébrale. Il en est d'ailleurs de même pour cette très intelligente femme du côté de Québec madame Catherine Dorion, elle se doit de rentrer au Gouvernement du Québec et être au service de notre État National au plus sacrant également.
Quant à Jean-Martin Aussant il se doit de reculer un peu et de mieux faire comme jamais pour l'avenir du Québec et se mettre à la disposition de Madame Marois c'est à lui de lui offrir humblement ses services en économie. C'est Madame Marois qui est au pouvoir il ne peut poursuivre de la sorte en restant derrière sans faire mieux et jouer à la cinquième colonne, donc nuisible pour l'intérêt supérieur de notre pays. S'il agit humblement, le peuple lui sera redevable!
Quant au texte ici défendu par Monsieur Godin, il confirme les motifs et raisons de tout refus de ma part d'aller vers Québec solidaire justement en raison de cette LAÏCISATION que refuse cette autre colonne (5ième)prtisanne aveugle au peuple québécois, son MAÎTRE. Je vomis à l'idée qu'en politique les idées ne soient pas claires, bien définies et combatives.
Monsieur Godin a tout mon appui pour la suite du monde, ALLEZ de l'avant c'est ce que le peuple québécois attend de ses politiques. N'ayez crainte de vos prétentions et encore moins d'accompagner le pouvoir actuel par le jeu sincère de la camaraderie au front! Et pour ce pôvre Dorion et sa dernière écriture je ne peux que lui souhaiter de bien vieillir dans sa solitude de l'incompris de tous et de toutes. Il ne semble rien comprendre au destin qu'attend notre pays et ce n'est sûrement pas ses arguties trompeuses qu'il y arrivera mieux. Il lui faudra réapprendre à communiquer avec ses états profonds de colonisé archaique.
Merci Jonathan Godin pour cette décisive mise au point !
ECCE HOMO !
Archives de Vigile Répondre
24 septembre 2012À Montréal, les seules croix dans les écoles que je connaisse, sont ceux qui sont intégrés sur la façade.
Un héritage de la Commission des Écoles Catholiques de Montréal. Faut-il forcer les rénovations des façades quand on n'a pas les budgets pour enlever les moisissures ?
De même pour des mini-écoles de quartiers converties en garderies.
Il n'empêche que lorsque que je visite le vieux Rivière-des-Prairies ou Pointe-aux-Trembles, j'ai l'impression de rentrer au pays en voyant ces écoles. La croix n'est pas politique en passant. Elle fait partie de nos racines.
Excusez-moi d'exister.