Erreur de jugement?

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Après la fin de la Saint-Jean-Baptiste, l'effacement graduel de la Fête nationale du Québec



C’est ainsi que le premier ministre Legault s’est exprimé en apprenant que l’arrondissement du Sud-Ouest de Montréal entendait organiser le Festival du solstice d’été avec des fonds publics destinés à célébrer la fête nationale.




Se souvient-on d’ailleurs que la fête nationale est l’appellation laïque qui a remplacé celle de la Saint-Jean-Baptiste le 24 juin ? Parce que dans le calendrier liturgique catholique, le 24 honore saint Jean Baptiste, le cousin de Jésus du Nouveau Testament. Précisons que ce Nouveau Testament n’a aucun rapport avec celui sur lequel souhaitent être couchés nombre de gens qui espèrent toucher un héritage.




Je ne crois donc pas que cet « oubli » de se référer à la fête nationale soit un manque de jugement. Il s’agit plutôt d’une ignorance de l’histoire, parent pauvre de notre système d’éducation ou d’un sentiment de mépris pour cette « vieille affaire ».




À bien y penser, pourquoi ne pas faire disparaître cette fête nationale dont on répète officiellement qu’elle est l’occasion de nous réjouir de ce que nous sommes devenus, nous le peuple qui avons contre vents et marées construit un pays folklorique dans un vrai pays officiel, branché sur le monde, le Canada.








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Fête dépassée




Les responsables du Festival du solstice d’été croient sans doute que la fête nationale, avec ses drapeaux et ses discours de l’ancien temps sur le « nous », détricoté ou pas, est dépassée. « Bonjour-Hi », « les vibes sont space », car comme la mairesse de Montréal, le monde du solstice parle français ou anglais sans se rendre compte de la différence. Avouons aussi que la mythologie du solstice est plus ploguée sur la planète que notre fête nationale chambranlante où, cette année pour la première fois, on pourra légalement se geler la fraise sans avoir à chanter Gens du pays.




Cette « erreur de jugement » en annonce d’autres, hélas. La politique de diversité ne s’accommode pas de ces festivités où il faut bien se rappeler d’où nous venons. Pourquoi menons-nous encore le combat pour le français et pour honorer ceux qui se sont échinés à développer ce camp retranché en Amérique du Nord, l’ultime­­­ territoire habité par des turbulents qui ruent dans les brancards du melting pot multiculturel ?




Fierté




L’ignorance fut le lot de nos ancêtres. Qui eût cru que la démocratisation de l’éducation et son avantage, qui est une hausse de la scolarité générale, n’auront pas contribué à nous instruire vraiment en nous rendant plus désireux de connaître notre histoire, de respecter notre langue et de nous débarrasser du complexe d’infériorité culturelle, qui nous porte à nous méfier des intellectuels en particulier ?




Nous avons eu peur deux fois — en 1980 et 1995 — devant le rêve qui s’offrait à nous. Et nous avons péché par omission en ne transmettant pas aux nouvelles générations l’héritage de jadis, celui de gens vaillants, naïfs et ratoureux à la fois.




Quelle assurance avons-nous que nos petits-enfants sauront que la fête du 24 juin est d’abord un cours d’histoire que nous devons connaître si nous voulons nous qualifier de Québécois ?