Éric Zemmour : « C’est le grand effacement de l’Histoire pour correspondre au Grand Remplacement des populations »

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Le Petit remplacement précède le Grand


En signe de soutien à Éric Zemmour, et parce que la liberté d’expression est au cœur du combat de Boulevard Voltaire, nous avons choisi de vous faire revoir l’entretien qu’il nous avait accordé à l’occasion de la sortie de son dernier livre.


Éric Zemmour sans cris d’orfraie ni indignation orchestrée, c’est possible… sur Boulevard Voltaire. Un entretien apaisé, sans tabou, passionnant et décapant. Écoutez-le !



Macron a été sacré champion de la Terre. « Je viens d’un pays qui a fait beaucoup d’erreurs et beaucoup de mauvaises choses. » Emmanuel Macron est-il un destin français ?


Tout à fait. Vous avez vraiment tapé juste. C’est exactement une des thèses du livre.

Depuis toujours, dès que la France est affaiblie, les élites ont tendance à sacrifier la France et le peuple français à leurs idéaux universalistes.

C’est très frappant. Vous verrez dans le livre. Je remonte le temps. Je suis remonté à l’évêque Cauchon et Jeanne d’Arc. On voit bien que cela a toujours été une tentation des élites françaises.

Pour aller vite, depuis 1940, la France est très affaiblie. Et nous avons des élites qui ont décidé de jeter par-dessus bord la France et le peuple français au nom de l’Europe, des droits de l’homme et de l’universalisme.

Macron est vraiment l’incarnation de ces élites-là. Il est passionnant, car c’est une espèce de quintessence chimiquement pure. Quand il dit : « Nous avons fait du mal », c’est déjà le discours de Chirac sur le Vel’ d’Hiv’ ou le discours de Hollande sur le Vel’ d’Hiv’ et en Algérie.

Paul Thibaud avait écrit un très bon article qui faisait remarquer que, comme les politiques ne maîtrisaient plus rien, ils ont trouvé une posture qui consiste à dire du mal de nos ancêtres pour exister.


Après Macron, son alter ego diabolique, Manuel Valls, et sa candidature à la mairie de Barcelone… le nomadisme des élites.


Pour moi, il y a, avec Valls, deux choses contradictoires. Et je ne suis pas sûr que Valls ait mesuré cette chose-là.

La première chose est qu’en effet, il n’y a plus de nation pour les élites. Mais ça commence à faire longtemps. C’est la « révolte des élites » de Christopher Lasch à la fin des années 70. Il avait très bien vu cela aux États-Unis. C’est évidemment venu chez nous ensuite.

Ces élites-là, comme Jacques Attali, Daniel Cohn-Bendit, disent : « Les peuples sur lesquels on s’appuie n’existent plus. Chaque territoire est un hôtel. Nous, nous passons d’hôtel en hôtel. » C’est ce que vous appelez le nomadisme des élites, et c’est très juste.

Mais il y a aussi une deuxième chose, dont on ne parle pas. Ça m’étonne beaucoup. Valls était le chantre du discours républicain, c’est-à-dire « On devient Français par les valeurs de la République ». Ce discours avait séduit beaucoup de gens, de gauche et de droite.

Aujourd’hui, il nous dit que tout cela n’existe pas, qu’il n’y a que la loi du sang qui compte. Il est catalan d’origine. Il est en train de nous expliquer que droit du sol ou non, intégration ou non, la seule loi qui vaille, c’est la loi du sang, puisqu’il revient à ses racines. C’est très étonnant pour un type qui a été construit pas le républicanisme de gauche.

Si vous avez lu mon livre, vous voyez que j’ai un regard très distancié sur la République. Et cela me conforte sur le fait que le message républicain est désormais désuet.


Vous avez déclaré, dans votre livre, que la France était une mourante qui regardait son millénaire de vie. Ce livre est-il le chant du cygne de la France telle que vous la connaissiez ?


Oui, mais c’est aussi la description de ce qui lui arrive. Je voulais montrer aux gens que tout cela était lié à une histoire millénaire et qu’il y avait des petites pierres comme dans Le Petit Poucet qu’on pouvait retrouver à chaque fois. Certaines époques nous ressemblent de plus en plus.

Je retrouvais la phrase de René Girard dans son dernier livre qui disait : « Nous devons entrer dans une pensée du temps où Charles Martel et les croisades seront plus proches de nous que la Révolution française et l’industrialisation du Second Empire. » Je trouve cette phrase très frappante. Lorsque je dis cela, on dit que j’ai des obsessions et que je ne pense qu’à l’islam. Pourtant, ces paroles viennent de René Girard. Il a très bien compris que nous étions revenus dans un temps qui est celui des affrontements de civilisations entre chrétienté et islam, des guerres de religion et de la féodalité pré-étatique.


2019 sera-t-elle Lépante ou Constantinople ?


Vous ne croyez pas si bien dire. Avez-vous vu que les seuls pays qui se révoltent contre l’islamisation sont les pays de l’Est ?

Ces pays de l’Est se révoltent, parce que la Hongrie a connu trois siècles d’occupation ottomane.

C’est un général polonais, Piłsudski, qui a arrêté les Ottomans à Vienne, en 1683. Il n’y a pas de hasard.

Cette Histoire revient à une vitesse folle. Tout se remet en place pour nous rappeler à cette Histoire.


Lorsque nous lisons votre livre, nous sommes surpris par deux choses. D’un côté, on sent l’envie de renouer avec le roman national. C’est assez amusant, car c’est la vision historique qui a été la plus combattue, ces cinquante dernières années. De l’autre, on sent presque un désespoir ou, en tout cas, quelque chose qui nous dit que c’est « foutu », qu’on a vécu une belle histoire mais qu’elle est derrière nous et qu’il faut se préparer au chaos.


Le roman national est une tentative réussie de synthèse entre l’histoire monarchique et l’histoire républicaine. Le bonapartisme en est la vis. C’est très habile, il met « nos ancêtres les Gaulois » pour ne pas être uniquement dans le catholicisme, mais aussi le baptême de Clovis.

C’est une histoire que j’ai apprise quand j’étais enfant. Je suis assez vieux pour cela. Je vois bien comment il a travaillé et c’est très intéressant.

Cette histoire arrive à son acmé et montre qu’elle a réussi pendant la guerre de 14. « Les deux France », comme on disait à l’époque, se mettent ensemble dans les tranchées. Les catholiques monarchistes et les républicains laïcards se battent ensemble et gagnent.


Elles gagnent au prix d’un carnage.


C’est une autre discussion. C’est un carnage, mais c’était cela ou la soumission à l’Allemagne et la disparition de la France. C’est bien de dire un carnage, vous avez raison. Ce fut un carnage horrible. La guerre industrielle a tué la guerre. Il n’empêche que ces gens-là ont défendu l’indépendance et la liberté de la patrie. Ce n’est pas rien.

Il ne faut pas toujours voir le côté carnage. Il faut voir aussi ce qu’ils ont défendu. C’était noble et admirable. Ils ont gagné. Le problème est que nous avons perdu la paix. C’est un sujet que j’aborde dans un chapitre sur Clemenceau.

Pour revenir à votre question, il y a effectivement un effet d’accumulation de toutes les crises du passé qui se concentrent aujourd’hui. C’est pour cette raison qu’il y a autant de pessimisme chez moi. L’idée même de roman national est finie. Je n’ai même pas essayé de refaire un roman national. La déconstruction des historiens qui, depuis cinquante ans, nous interdisent de parler de roman national était trop forte. Il n’en reste presque que des ruines.

Si j’avais voulu faire un roman national, j’aurais fait une romance nationale. Ce n’est pas ce que j’ai fait. En revanche, j’ai voulu écrire une Histoire de France réaliste, non pas en fonction des idéaux et des populations d’aujourd’hui, mais en fonction de la réalité historique de l’époque. Aujourd’hui, les historiens ont décidé d’inventer une Histoire de France qui correspond à leurs obsessions et à leurs idéologies actuelles. Ils disent que j’ai des obsessions, mais les leurs sont : une histoire féministe, une histoire des minorités africaines et maghrébines, une histoire pacifiste, c’est-à-dire une histoire qui n’a jamais existé. Dans les livres d’histoire d’aujourd’hui, sur la Révolution française, il y a deux pages sur Olympe de Gouges, la grande militante féministe. Quand elle est guillotinée, en 93, par Robespierre, j’ai coutume de dire, pour plaisanter, que Robespierre ne sait même pas qu’il l’a fait guillotiner, tellement elle compte peu.

Lors d’une émission sur France 2, mardi dernier, on a vu une grande fresque qui expliquait comment la France a été faite par les immigrés nord-africains et africains avec un grand manitou qui s’appelle de Gaulle. C’est une histoire inventée.


Pétain, l’homme qu’il faut détester, et de Gaulle, l’homme qu’il faut aimer. On vous accuse presque de réhabiliter le maréchal Pétain.


Ils sont tellement allés loin dans la diabolisation de Pétain et dans l’invention d’une histoire qui ne correspond plus à la réalité. Lorsqu’on repose le tableau de Pétain, de De Gaulle, de ce qu’était Vichy à l’époque et de ce qu’était 1940, que je dis que tout le monde se moquait, à l’époque, du statut des Juifs d’octobre 40, à Paris, à Vichy ou à Londres, et que les rats qui s’y intéressent disent « il a bien raison », car ils estiment à l’époque que les Juifs ont une responsabilité dans la défaite, j’ai l’impression de blasphémer. C’est tout simplement la réalité historique. On a tellement réinventé une histoire en disant que l’essentiel de la Seconde Guerre mondiale était la question juive qu’on tombe des nues quand je dis qu’à l’époque, personne n’en parlait. À Londres, ceux qui rejoignent le général de Gaulle sont d’accord avec Vichy là-dessus.

Aujourd’hui, la réalité paraît blasphématoire. C’est extraordinaire. C’est pour dire la force inouïe de cette déconstruction historique.

Pour moi, c’est le grand effacement de l’histoire pour correspondre au Grand Remplacement des populations.


Publié le 27/9/2018

Dernière mise à jour : 2/10/2019