NEW YORK | Battu de justesse dans la primaire de l’Iowa, puis premier dans le New Hampshire, Bernie Sanders est l’un des grands favoris pour la course à l’investiture démocrate.
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À 78 ans, après bientôt 30 ans comme élu au Congrès, ce sénateur farouchement indépendant, socialiste revendiqué, a prouvé qu’il pouvait enthousiasmer la jeunesse et terroriser Wall Street. Voici ses principales forces et faiblesses.
FORCES
En avance sur son temps Bernie Sanders défend les droits des travailleurs et dénonce un système conçu pour les riches depuis les années 70. Il a fait des inégalités, de l’augmentation du salaire minimum, d’une sécurité sociale sur le modèle européen un leitmotiv depuis 40 ans, alors que ses rivaux et le parti démocrate ne se sont emparés de ces thèmes que récemment.
«Il attire l’attention sur des inégalités économiques croissantes et les lie à des principes basiques d’équité qui clairement résonnent chez les gens», dit Costas Panagopoulos, professeur à Northeastern University.
Base dévouée
Cette constance vaut au sénateur indépendant du Vermont le soutien d’une base «très dévouée», souligne David Barker, politologue à l’American University de Washington, comparable au noyau de fidèles dont bénéficie Donald Trump, selon M. Panagopoulos.
Faite surtout de jeunes blancs lors de sa première campagne présidentielle en 2015-2016, cette base s’est diversifiée depuis pour inclure beaucoup plus d’électeurs noirs ou hispaniques, très importants pour le camp démocrate.
Ses partisans peuvent être redoutables, comme lorsqu’ils attaquent les critiques de Bernie Sanders sur les réseaux sociaux. Ou très généreux, eux qui ont permis à Bernie Sanders de bénéficier d’un record de donations individuelles depuis le début de sa campagne (121 millions de dollars).
Débatteur aguerri
Depuis 40 ans qu’il défend ses idées «socialistes», dont près de 30 ans comme élu au Congrès, Bernie Sanders a peaufiné ses arguments.
Avec sa dénonciation de Wall Street et de l’élite des «1%», son appel à changer «un système corrompu», sa présentation pédagogique du coût du système de santé privé américain ou de la dette étudiante, il est un débatteur aguerri et un bon communicateur qui ne reculera pas devant Donald Trump, soulignent M. Panagopoulos et M. Barker.
FAIBLESSES
Trop extrême
Donald Trump a beau jeu de traiter ce socialiste revendiqué de «communiste», un épouvantail pour beaucoup d’Américains.
Même si ses idées ont gagné du terrain, Bernie Sanders, qui défendit les régimes sandiniste et castriste dans les années 80 avant de les qualifier de dictatures, est «idéologiquement beaucoup plus à gauche que l’électeur moyen» américain, souligne David Barker. «Il ne peut pas gagner dans un duel contre un modéré», sauf «si plusieurs candidats modérés divisent cet électorat», affirme cet analyste.
S’il emportait l’investiture, les démocrates auraient «plus de mal» à se rassembler autour de lui qu’autour de n’importe quel autre candidat, estime aussi M. Panagopoulos.
Rigide
Il est aussi perçu comme «absolutiste», «rigide» et réfractaire aux compromis, ce qui laisse douter de sa capacité à obtenir des résultats s’il est élu, dit M. Panagopoulos.
Si son indépendance - il n’a jamais été membre du parti démocrate - est un atout pour sa base, cela «passe mal auprès d’une partie de l’électorat démocrate», dit cet analyste.
Tous ceux qui le connaissent le décrivent aussi comme bougon, volontiers irascible. «Son tempérament colérique est rebutant pour de nombreux électeurs indécis», affirme M. Barker.
78 ans et cardiaque
S’il est élu, Bernie Sanders aurait 79 ans le jour de son arrivée à la Maison-Blanche, ce qui en ferait le plus vieux des présidents américains à sa prise de fonctions.
Son âge a été mis en évidence malgré lui en octobre lorsqu’il a été victime d’une crise cardiaque, qui l’a forcé à temporairement suspendre sa campagne.
Depuis, le sénateur a repris les réunions à un rythme soutenu et semble en pleine forme. Mais si le modéré Pete Buttigieg, ancien maire de l’Indiana de 38 ans, s’imposait comme son rival principal pour l’investiture, beaucoup pensent que le contraste ne serait pas à son avantage.