Elle n’a pas dit son dernier mot

L’avocat de Nathalie Normandeau assure que sa cliente a l’intention de prouver son innocence

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Les pires fureurs de l'enfer n'arrivent pas à la cheville de celle d'une femme trahie (D'après Shakespeare)






L’ex-vice-première ministre Nathalie Normandeau promet de se battre sans relâche contre les accusations de complot, fraude et de corruption portées contre elle, assure son avocat.




«Elle n’a rien à se reprocher», affirme l’avocat de Mme Normandeau, Maxime Roy.




L’ancienne ministre libérale a été arrêtée, hier, par l’Unité permanente anticorruption (UPAC), avec six autres personnes.




Ils font face à 13 chefs d’accusation, pour des infractions commises de 2000 à 2012.




Selon son avocat, Nathalie Normandeau aurait été «surprise» par les accusations, mais «elle compte maintenant se relever les manches pour se défendre», dit-il.




L’avocat remet en question le timing des accusations de l’UPAC et les quatre ans nécessaires à leur dépôt.




À son insu




Maxime Roy représente Mme Normandeau depuis qu’elle a été convoquée à témoigner à la commission Charbonneau en juin 2014.




Lors des audiences, l’ex-ministre des Affaires municipales a notamment défendu son droit d’exercer son pouvoir discrétionnaire.




Un pouvoir dont elle a cependant fait un «usage important», selon la commission.




Lors de son passage à la commission, elle s’était montrée surprise et outrée par les allégations, selon lesquelles des firmes auraient usé de stratagèmes de corruption pour obtenir des contrats.




«Si c’est ça, que l’UPAC fasse son travail. Et j’espère que les enquêtes en cours vont donner des résultats. Parce que si ça s’est fait, ça s’est fait à l’insu du ministère et de la ministre que j’étais», avait dit sous serment Nathalie Normandeau.




175 fois




Elle avait plutôt jeté le blâme sur son chef de cabinet, Bruno Lortie, et sur Marc-Yvan Côté, qui sont tous les deux coaccusés.




Selon elle, M. Lortie aurait peut-être cédé aux pressions des firmes de génie qui finançaient illégalement. «On est venu pervertir mon engagement politique», avait-elle dit au sujet des gestes des deux hommes.




Toutefois, la juge France Charbonneau s’est souvent montrée sceptique devant le témoignage de l’ex-ministre libérale.




Le nom «Normandeau» est par ailleurs cité 175 fois dans son rapport final.




Si Nathalie Normandeau a affirmé que les participants aux activités de financement ne devaient rien attendre en retour, la juge estime qu’«il en revient à attribuer aux contributeurs du PLQ une naïveté qui semble peu vraisemblable».




Nathalie Normandeau a été suspendue sans solde du FM93, où elle coanimait une émission de radio à Québec. Le Journal, où elle n’a publié que deux chroniques, ne la publiera plus non plus.




♦ Il a été impossible d’obtenir les commentaires des anciens premiers ministres Jean Charest et Pauline Marois


 





De vives réactions politiques


 











Lors de son passage à la barre en juin 2014, Nathalie Normandeau s’était dite «révoltée» de tout ce que la commission Charbonneau avait révélé.




Photo Agence QMI, Simon Clark








«Le parti politique que je dirige a une pratique exemplaire, nous faisons du financement populaire. Le geste fondamental qui a été posé a été de réduire la limite de financement politique à 100 $ par personne»




- Philippe Couillard, premier ministre











Lors de son passage à la barre en juin 2014, Nathalie Normandeau s’était dite «révoltée» de tout ce que la commission Charbonneau avait révélé.




Photo Agence QMI, Simon Clark







«L’UPAC a trouvé un système de financement politique en échange de contrats [...] au plus haut niveau du gouvernement. C’est très grave [...] Philippe Couillard doit cesser de balayer ces choses sous le tapis. [Et concernant les deux ex-employés du PQ arrêtés par l’UPAC], s’ils ont commis des gestes illégaux, qu’ils soient sanctionnés»




- Agnès Maltais, députée du Parti québécois











Lors de son passage à la barre en juin 2014, Nathalie Normandeau s’était dite «révoltée» de tout ce que la commission Charbonneau avait révélé.




Photo Agence QMI, Simon Clark







«Philippe Couillard ne s’en tirera pas à si bon compte [...] Il doit rembourser intégralement, au trésor public, les sommes qui ont été amassées frauduleusement par le Parti libéral»




- Françoise David, députée de Québec solidaire











Lors de son passage à la barre en juin 2014, Nathalie Normandeau s’était dite «révoltée» de tout ce que la commission Charbonneau avait révélé.




Photo Agence QMI, FRANCOIS C.GUEVREMONT







«[Rembourser], ce serait poser un geste de bonne foi»




-Nathalie Roy, députée de la Coalition avenir Québec




 


Les 6 autres personnes arrêtées


 





François Roussy











Lors de son passage à la barre en juin 2014, Nathalie Normandeau s’était dite «révoltée» de tout ce que la commission Charbonneau avait révélé.




Photo Le Journal de Montréal, Jean-François Desgagnes








  • Maire de Gaspé de 2005 à 2013.





  • Il aurait fait un voyage à Saint-Malo, en France, payé par la firme Roche. Il aurait aussi reçu des billets du Canadien de Montréal, selon des témoins à la commission Charbonneau.





  • Il est aussi l’ex-attaché politique du député péquiste de Gaspé Gaétan Lelièvre.





Ernest Murray











Lors de son passage à la barre en juin 2014, Nathalie Normandeau s’était dite «révoltée» de tout ce que la commission Charbonneau avait révélé.




Photo CAPTURE D'CRAN, TVA NOUVELLES








  • Il est l’ex-attaché politique de Pauline Marois.





  • En 2008, il avait fait appel à un ingénieur de la firme Roche pour trouver 10 000 $ pour les caisses du Parti québécois.





  • En 2014, il avait admis devant la commission Charbonneau avoir informé l’ancienne première ministre de ses manœuvres, ce qu’elle a toutefois nié.





Mario Martel











Lors de son passage à la barre en juin 2014, Nathalie Normandeau s’était dite «révoltée» de tout ce que la commission Charbonneau avait révélé.




Photo d'archives








  • Chef de la direction de Roche Groupe-Conseil.





  • «Mario Martel informait tous les vice-présidents qu’ils devaient contribués (sic) au financement politique pour des montants précis [au PLQ]. L’argent devait [leur] être remis [par Roche] au moment où les bonis étaient accordés», selon les déclarations assermentées d’enquêteurs de l’UPAC.





  • Il a aussi été visé par les 77 accusations de lundi émanant d’une enquête de l’équipe de Revenu Québec de l’UPAC.





France Michaud











Lors de son passage à la barre en juin 2014, Nathalie Normandeau s’était dite «révoltée» de tout ce que la commission Charbonneau avait révélé.




Photo Le Journal de Montréal, Mélanie Colleau








  • Ancienne vice-présidente de Roche Groupe-Conseil.





  • Elle a été reconnue coupable de fraude, de complot et de corruption en septembre 2015, dans une affaire de favoritisme dans l’octroi de contrats publics à Boisbriand.





  • Son nom est aussi ressorti avec le dépôt de 77 chefs d’accusation contre la firme Roche pour fraude fiscale.





Bruno Lortie











Lors de son passage à la barre en juin 2014, Nathalie Normandeau s’était dite «révoltée» de tout ce que la commission Charbonneau avait révélé.




Photo CAPTURE D'CRAN, TVA NOUVELLES








  • Ex-chef de cabinet de Nathalie Normandeau.





  • Il était aussi responsable de son financement politique et il devait s’assurer qu’elle amasse 100 000 $ en dons par année.





  • Tout comme Marc-Yvan Côté, il avait lui aussi été cité dans le rapport Gomery.





  • Selon des témoins à la commission Charbonneau, Bruno Lortie possédait un «caractère abrasif» et il «en menait très large», comme chef de cabinet.





Marc-Yvan Côté











Lors de son passage à la barre en juin 2014, Nathalie Normandeau s’était dite «révoltée» de tout ce que la commission Charbonneau avait révélé.




Photo d'archives








  • Ténor du financement pour le Parti libéral à Québec, il a, au cours des années 70 et 80, été député, ministre et organisateur au sein du parti.





  • Il a travaillé chez Roche de 1994 à 2005 comme vice-président, puis comme consultant jusqu’en 2011.





  • En 2005, il avait été un témoin important à la commission Gomery, sur le scandale des commandites. Il avait alors avoué sa participation à des opérations de financement illégal pour le Parti libéral du Canada (PLC) en 1997. Il avait ensuite été banni à vie du PLC.





  • Il avait confirmé sans grande surprise lors de son passage à la commission Charbonneau que les partis politiques sollicitaient bel et bien des entreprises pour remplir leurs caisses.





  • De 2004 à 2009, alors que Mme Normandeau était ministre libérale des Affaires municipales, M. Côté avait aidé le chef de cabinet de la ministre, Bruno Lortie (un ami de longue date de l’homme), à organiser cinq ou six activités de financement pour celle-ci.





  • En février 2014, l’UPAC avait effectué une perquisition à la résidence de Baie-Saint-Paul de Marc-Yvan Côté où des armes de chasse mal entreposées avaient été trouvées. Accusé, l’ex-ministre a reçu une absolution inconditionnelle en novembre dernier.





Un système de trafic d’influence


 




Jean-Nicolas Blanchet, Bureau d’enquête





Les intérêts du cabinet de Nathalie Normandeau et de la firme Roche ont été obscurément mêlés durant plusieurs années. C’était l’avis de la juge France Charbonneau et c’est ce qu’allègue l’enquête de l’UPAC. À partir des documents de l’enquête et du rapport de la commission, voici le rôle qu’auraient joué certaines des cibles de la frappe d’hier, à travers un complexe système de trafic d’influence.





 


 


 


 













 




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