La campagne fédérale 2019 débute bientôt au Canada et Justin Trudeau devra se faire réélire dans sa circonscription montréalaise. Une promenade de santé? Matthieu Deutté Brien, candidat pressenti du Bloc québécois aux sorties tapageuses, compte bien lui donner du fil à retorde. Entrevue.
Le 21 octobre prochain, les Canadiens choisiront de reconduire le Parti libéral ou de le congédier. D’après les sondages, la lutte sera serrée entre les libéraux de Justin Trudeau et les conservateurs d’Andrew Scheer.
Pour faire leur entrée au parlement d’Ottawa, les candidats doivent se faire élire dans leur circonscription. Les chefs des partis doivent donc se réserver du temps pour faire campagne dans leur fief. Le chef d’un parti qui n’est pas reconduit dans sa circonscription se voit normalement contraint de quitter ses fonctions.
De chaudes luttes de terrain en perspective
Les chances des chefs de parti d’être élus sont toujours assez bonnes, mais ils n’ont pas pour autant le champ libre. Dans la circonscription de Papineau, à Montréal, Trudeau croisera probablement la route de Matthieu Deutté Brien, candidat pressenti et controversé du Bloc québécois. Depuis 1991, le Bloc fait la promotion de l’indépendance du Québec sur la scène fédérale. Le Bloc a perdu des plumes ces dernières années, mais reste un parti important, qui pourrait refaire une percée québécoise le 21 octobre.
M. Deutté Brien s’est fait connaître en apostrophant le Premier ministre Trudeau lors d’une célébration de la fête nationale du Québec, le 23 juin 2018 à Montréal. Devant les caméras, le militant a interpellé Trudeau en lui disant qu’il était «venu narguer» les souverainistes rassemblés, le qualifiant juste après de «traître». La vidéo est rapidement devenue virale sur le Web. L’incident a aussi été relaté dans plusieurs bulletins de nouvelles télévisés.
VIDÉO | «T'es venu nous narguer chez nous?»: Trudeau apostrophé lors de la Fête nationale https://t.co/oJUluWC1WQ pic.twitter.com/gz0Pwxfzng
— TVA nouvelles (@tvanouvelles) 24 juin 2018
Surnommé «le patriote» par de nombreux internautes, M. Deutté Brien affirme toujours ne pas regretter son geste, malgré la polémique:
«Le seul moment où j’ai regretté [mon algarade avec Trudeau, ndlr], c’est durant la nuit que j’ai passée en prison à la suite des événements. Des regrets mélangés à de l’impuissance, ainsi qu’à un profond sentiment d’injustice. À l’heure du politiquement correct, il est certain que j’aurais pu faire les choses autrement. D’ailleurs, je tiens à spécifier que le Bloc ne cautionne aucunement mon geste. Pour mon Parti qui se veut démocrate, l’agressivité que j’ai exprimée n’avait pas lieu d’être. Je suis à l’aise avec leur position et je la respecte, même si je ne la partage pas», s’est défendu le candidat pressenti en entrevue avec Sputnik.
M. Deutté Brien est président de l’exécutif du Bloc Québécois à Papineau et a rempli toutes les conditions requises pour son investiture, qui lui permettra d’être officiellement candidat. Ses chances de l’emporter face à Justin Trudeau sont faibles, mais il ne désespère pas.
«Le Bloc québécois a déjà remporté la circonscription de Papineau en 2006. Les élections de 2004 et 2008 ont aussi été très serrées: mon élection est encore possible. Cependant, je concède que le contexte politique a évolué depuis ce temps. Je ne doute toutefois pas du talent incontestable de Trudeau pour se prendre les pieds dans le tapis durant la prochaine campagne», a poursuivi le militant souverainiste à notre micro.
M. Deutté Brien fait donc le choix de l’optimisme et de l’engagement. Candidat ou non pour le prochain scrutin, il entend continuer à mener son combat dans les années à venir.
«Je m’implique en politique pour défendre les principes de démocratie et les intérêts du Québec, pour défendre nos valeurs et surtout promouvoir et transmettre le goût du pays. Il y en aura toujours pour dire que je perds mon temps. Beaucoup d’autres, qui au contraire, sont convaincus que je vais faire avancer le mouvement, certains croient même que j’ai de bonnes chances de battre Trudeau», a-t-il précisé.
Le candidat pressenti dit aussi ne pas croire à la chute du mouvement souverainiste, pourtant facilement observable dans les plus récents sondages. Selon lui, si le gouvernement Legault échouait à élargir le pouvoir du Québec dans la fédération, le mouvement souverainiste redeviendrait une force politique majeure.
«Le mouvement souverainiste n’est pas en déclin, mais il est divisé et sort d’une longue période de stagnation. Notre mouvement renaîtra quand les démarches autonomistes du gouvernement Legault se buteront au mur de l’intransigeance fédérale. Les refus d’Ottawa d’accroître notre autonomie nous réunira à nouveau face à l’adversité. De même, il ne faut pas oublier que le Canada est un État pétrolier irréformable, alors que les Québécois ne veulent pas d’oléoduc sur leur territoire», estime-t-il.
Le 10 septembre prochain, M. Deutté Brien participera à un débat sur différents enjeux à titre de représentant du Bloc québécois. Il affrontera alors le chef adjoint du Parti vert du Québec, Daniel Green, et Alexandre Boulerice, chef adjoint du Nouveau Parti démocratique. Il y voit une occasion en or de faire avancer sa cause, en attendant, peut-être, de croiser le fer avec le Premier ministre canadien.
Laissez un commentaire Votre adresse courriel ne sera pas publiée.
Veuillez vous connecter afin de laisser un commentaire.
Aucun commentaire trouvé