Un accident qui a marqué l'histoire politique du Québec (1950-1953)

Effondement inexplicable du pont Duplessis le 31 janvier 1951

60 ans plus tard le pont de Vogograd nous laisse entrevoir une explication

Tribune libre

ll y a 62 ans, s’effondrait le pont Duplessis à Trois-Rivières
En effet, le 31 janvier 1951, à 2hr 55 du matin, une grande partie du pont Duplessis s’effondre et tombe dans la rivière Saint-Maurice, entraînant la mort de quatre personnes..
Le pont Duplessis était considéré à l’époque comme une réussite au plan du génie civil. Lors de son inauguration le premier ministre Maurice Duplessis avait déclaré imprudemment le pont solide et droit comme l’Union nationale (sa formation politique).
Le tablier de ce pont était supporté par deux poutres maîtresses en acier soudées d’un bout à l’autre ce qui était considéré à l’époque comme avancé au point de vue technique. Cependant les piétons qui circulaient sur le pont avaient noté la forte vibration en raison de la longueur du pont. Ce sera un point à considérer plus tard.
Le contrat fut octroyé le 28 juin 1946 à l’entreprise Dufresne Construction, qui relégua par la suite la préparation et le montage de la structure métallique à la Dominion Bridge Compâny.. Le coût de l’ouvrage s’éleva à 3 millions.$
Les principales caractéristiques:
La structure consiste en fait en deux ponts un situé enjambant le chenal Ouest et l‘autre le chenal Est de la rivière St-Maurice
La section Ouest, d’une longueur de 405,4 m s’étend de Trois-Rivières à l’Ile Saint-Christophe. Quant à la section Est, elle a une longueur de 195m et rejoint
l’ancienne ville du Cap-de-la-Madeleine.
Le 27 février 1950, l’année précédente de l’effondrement, une fissure vint affaiblir la section Est du pont. Cinq jours plus tard, une autre fissure est détectée sur la section Ouest.
Des plaques d’acier ont été immédiatement boulonnées à l’endroit des fissures et d’autres travaux de consolidation furent entrepris. La circulation n’a pas été interrompue mais réduite à une seule voie.
Puis dans la nuit du 31 janvier 1951 vers 2hr 55, par grands froid (entre -30°C et - 32°C, le pont s’effondre sous son propre poids. Quatre travées de la section Ouest se brisent et plongent dans la rivière. Quatre personnes meurent dans cet accident.
Le pont est reconstruit et ouvert à la circulation le 12 novembre 1953. Cette fois-ci on ne prit pas de chances, on adopta le type de structure des plus conservateur. On utilisera quatre poutres au lieu de deux. Ce sera des poutres à treillis métalliques pour le chenal OUEST. Quant pont du chenal EST, le tablier fut consolidé par l’addition d’éléments de structures
Quelles furent les causes de l’effondrement ?
Bien sûr, il y avait le grand froid qui rend l’acier fragile.
À la suite de l’effondrement partiel du 27 février 1950, la compagnie Dominion Bridge soumettait aux autorités un rapport d’une grande franchise, bien qu’elle mentionnait dans son rapport un lot de détails qui n’étaient pas nécessairement pertinents, un peu pour rappeler l’art de noyer le poisson.
Pour les structures métalliques, on appliquait généralement trois couches de peintures à base de plomb. Une première couche de couleur rouge était appliquée à l’usine avant le transport et les deux autres couches de peinture de couleur verte étaient appliquées, une fois la structure érigée.
Dans son rapport la compagnie Dominion Bridge révéla la présence de rouge de plomb à l’intérieur des fissures, la couche de peinture appliquée à l’usine. En d’autres mots les poutres étaient déjà fissurées avant leur transport au chantier et mises en place.
Par la suite le fameux rapport est disparu de la circulation pour réapparaître lors de l’enquête qui devait avoir lieu quelques semaines plus tard.
Une enquête est mise sur pied.
En vue d’une enquête et pour répondre à une demande venant de différents bureaux d’études et organismes de par le monde, les pièces d’acier gisant dans le lit de la rivière furent remontées à la surface et déposées sur les rives.
Pour un ingénieur responsable du projet, le verdict apparaissait simple. Il s’était avéré que les poutres mises en place étaient déjà fissurées et que l’acier ne rencontrait pas les normes. La responsabilité de l’effondrement de l’ouvrage ne pouvait qu’ incomber à l’entrepreneur et à son sous-traitant.
Cependant, il en va tout autrement lorsque entrent en ligne de compte les phénomènes reliés au comportement imprévisible de l’acier.
Finalement l’enquête se mit en branle. Des commissaires furent nommés dont certains étaientt reconnus comme de grande compétence dans ce domaine.
Ce fut par la suite un défilé d’experts et pseudo-experts.
Quelques uns affirmèrent que les failles décelées dans les poutres n’étaient qu’un élément responsable de l’effondrement et ne pouvait seul expliquer l’accident. Certains évoquèrent d’autres phénomènes propres à l’acier tel que la résonnance. Les vibrations excessives observées par les usagers sont reliées au phénomène de la résonnance. (Voir en annexe le pont à Volgograd, Russie))
La complexité des problèmes soulevés et reliés au grand froid, aux phénomènes de résonnance et associés aux vibrations excessives et pour lesquels il ne semble pas y avoir de réponse nette rendirent les commissaires perplexes. Aussi, il en est résulté que les causes de l’effondrement restaient inexpliquées, un verdict qui laissait la population, on le devine, sceptique.

Quant à l’hypothèse avancée par le premier ministre Duplessis lui-même de la possibilité de sabotage, elle fut promptement écartée. Nous étions en pleine période de guerre froide, et celle de Corée sévissait. Aux États-Unis la commission McCarthy siégeait en vue de traquer les communistes et leurs agents aux États-Unis.. C’est ainsi que Charles Chaplin fut considéré comme un agent dangereux et a dû s’exiler en Grande Bretagne.
Quant à l’attitude générale de Duplessis, il réagissait comme si l’intégrité de son gouvernement était en cause. Il transformait en enjeu politique un évènement qui n’était que le résultat d’un malheureux accident.
Pour comprendre ce qui s’était réellement passé à Trois-Rivières en 1951, il a fallu attendre 60 ans. Alors que le pont de Volgograd (ancien Stalingrad) s’est mis à danser étant secoué par le phénomène de résonance le 20 mai 2010. (Voir la vidéo en annexe)
Le phénomène de résonance: une définition
Grande augmentation de l’amplitude d’une oscillation sous l’influence d’impulsion, comme c'était le cas au pont de Volgograd
LIENS
Pour en savoir plus sur le phénomène de résonnance:
Les ponts de Trois-Rivières, Tacoma et Volgograd
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2 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    16 avril 2014

    Je viens de réaliser que les explications ne sont pas toutes mentionnées.
    La veille de l'effondrement du pont alors que j'étais passager dans le camion de la compagnie NCR avec mon patron conducteur, j'avais remarqué que les peignes de contraction et d'expansion étaient complètement dégagés et en ai fait la remarque au patron.
    Comme je n'avais que 21 ans j'ai cru que les ingénieurs avaient dû prendre les mesures nécessaires dans un cas comme celui-là et que j'aurais eu l'air stupide si je mentionnais cela à la police.
    Mauvaise décision qui me tracasse depuis ce temps.

  • Jacques Vaillancourt Répondre

    3 février 2013

    Effondrement du pont de Minneapolis

    Un pont autoroutier enjambant le Mississippi à Minneapolis s'est effondréen en une heure de pointe, ce qui a fait basculer des dizaines de véhicules dans le fleuve et provoqué la mort de neuf personnes.

    Des voitures étaient écrasées sous des blocs de béton. D'autres étaient sur le toit. Plus bas, des véhicules baignaient dans l'eau. La circulation était très dense au moment où le pont, construit il y a 40 ans, s'est effondré.
    L'enquête qui s'en est suivi a été très très longue et ne fut pas concluante.
    Pour les autorités de l'état et de la municipalité les conclusions de l'enquête se faisant attendre elles ont décidé d'opter pour une construction en béton armé
    Pour en savoir plus:
    http://vailcourt.com/MINNEAPOLIS.html
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