Attentats à Bagdad

Éclatement de l'Irak

Irak - le Grand mensonge



Il était écrit dans le ciel que les lendemains successifs à la fin officielle de l'engagement américain en Irak seraient quelque peu chaotiques. Mais pratiquement personne ne se doutait que la crise politique et les sursauts de violence s'installeraient, si l'on peut dire, aussi rapidement et avec une telle ampleur. À preuve, hier matin, à l'heure de pointe, une dizaine d'attentats, dont un visait une école, ont fait au-delà de 70 morts et plus de 200 blessés. Retour sur une semaine annonçant une suite pénible à tous égards. C'est le moins qu'on puisse dire.
Lundi, le premier ministre Nouri al-Maliki, un chiite, lançait un mandat d'arrêt contre le vice-président Tariq al-Hashimi, chef du parti sunnite Irakiya, soupçonné d'être à l'origine de l'attentat du 28 novembre. Le ministre des Finances, également sunnite, était mis en garde à vue. Mardi, Maliki ordonnait aux autorités kurdes de lui remettre le vice-président. Elles refusaient en formulant les gros mots. Mercredi, Maliki menaçait les ministres du gouvernement de coalition membres du parti Iraqiya de les démettre s'ils continuaient de boycotter les séances du conseil des ministres. Quoi d'autre? Maliki démissionnait le vice-premier ministre, un autre sunnite.
Réputé autoritaire, Maliki a multiplié les affronts contre les sunnites parce qu'il est habité par la certitude suivante: ces derniers fomentent un coup d'État avec les soutiens de l'Arabie saoudite et du Koweït. Inversement, on peut tout logiquement se demander s'il n'est pas en train de concocter un coup de force chiite avec l'Iran où il s'exila durant le règne de Saddam Hussein, où il forma avec d'autres exilés le parti Dawa qui a joui des largesses financières accordées par la dictature des ayatollahs.
Depuis le départ du contingent américain, la série de faits évoqués met en relief comme jamais au cours des récentes années combien la ligne de fracture entre les deux courants religieux est profonde. La gestion bancale de la vie politique irakienne par les administrations Bush et Obama combinée à l'inclination de Maliki pour la force et le parti pris pour les chiites laisse présager un possible démantèlement de l'Irak à moyen terme. Au cours...
Au cours des derniers jours, deux provinces où les sunnites sont majoritaires ont déposé une requête demandant au gouvernement central d'organiser autant de référendums dans l'espoir d'obtenir le statut de région semi-autonome alloué au Kurdistan irakien. Avant-hier, une troisième province a indiqué que si sa liste de demandes formulées il y a peu n'était pas satisfaite, elle se déclarerait autonome dans quinze jours!
Au terme d'une guerre qui aura fait au-delà de 100 000 morts et plus d'un million de déplacés, ponctuée par trois élections et un chapelet de négociations pour former des coalitions gouvernementales, voilà donc que l'éclatement de l'Irak vient de s'inscrire à l'ordre du jour politique des prochains mois. Et qui risque d'en être le principal bénéficiaire? L'Iran.


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