Voile de musulmane: une menace? ou miroir d'un symptôme...

Du nationalisme de minorité au populisme de nationalité

Dérives de la liberté et vieillissement de notre civilisation

Tribune libre

Notre civilisation est fondamentalement celle de la liberté universelle et des libertés collectives. C'est-à-dire la liberté d'opinion, de religion, d'habillement, de mouvement, d'idées, de créations et d'actions, etc.
Le bug des libertés, c'est la limite de la limite de la liberté, et la responsabilité d'établir et surveiller cette limite. Certains croient et réclament la liberté de tuer, ou de se tuer, d'autres le devoir plus que la liberté de les en empêcher. Certains sont libres de se promener «nus», de se vendre «nus», d'autres se veulent libres de se voiler tous le corps sauf les yeux! Le bug, ils s'entrechoquent, les uns se disent outrés par l'accoutrement des autres! Où est la liberté tant vantée de notre civilisation?
Ici au Canada comme en Europe, des ondes de frictions «anti-islamiques» soulèvent des vagues. Un symbole exagérément ou aveuglement «religieux», en l’occurrence le voile de musulmane, provoque une levée de boucliers politiques. Je constate un glissement d'un conflit de libertés de religions vers un terrain areligieux. En France et en Suisse notamment, les «nationalistes» montent aux barricades contre l’islam, contre la religion! C'est contre nature. Jadis, d'autres religions auraient déclenché une croisade, pour contrer une certaine dérive islamiste. Pourquoi les «nationalistes» font-ils une guerre de religion? Est-ce que des organisations politiques ou occultes se cacheraient derrière le «niqab» pour justifier la levée du bouclier politique? Pourquoi tant de tapage pour un problème que l’ordre religieux est supposé être en pouvoir d'assumer, ou de régler? Pourquoi adresser à la population un nœud qui n'est pas de sa juridiction? Que font les politiques ou les religieux, quel rôle et quelle place leur resterait-il?
Pour construire le monde des libertés, notre civilisation a tablé sur une organisation politique «laïque», et la séparation des champs de juridiction des différents ordres de l’organisation sociale humaine. Aujourd'hui, il est manifeste que ces considérations sont galvaudées. Tout se mélange. Peu à peu, nous revenons à la case départ où le politique s'occupait du religieux. C'est pire qu'hier quand le religieux guidait le politique.
Je ne prêcherais certes pas pour les «croisades». Je crois qu'il y a de la place pour toutes les religions, et je crois que le défi est de dire à chacune d'elle de soigner ses façons de «servir Dieu», la société et l'humanité. C'est aux chefs religieux de faire le ménage, et non aux politiciens encore moins aux citoyens, fidèles ou «infidèles», croyants ou athées.
Dérives nationalistes de majorités
Qu'à cela ne tienne, notre civilisation est sur une pente raide. Il y a partout une résurgence du «nationalisme» de «majorité». Et c'est là le danger. On a vu il y a 15 ans au Rwanda, des gens se réclamant d'une majorité hutu ont ressenti une menace venant d'une minorité tutsi, et ils ont perdu tout contrôle jusqu'à faire sombrer le pays dans des génocides. Il y a plus d'un demi-siècle, les nationalistes allemands ont cédé à une paranoïa dirigée, et nous connaissons la suite. En Suisse, en France, au Canada, etc., on voit de plus en plus des politiciens d'extrême gauche harponner sur les cordes ethnocentristes, nationalistes, pour gagner des sièges. Le nationalisme n'est pas mauvais, doit-on dire, mais il ne fait pas bon ménage avec la liberté. C'est pour cela que les marchandises ont plus de liberté de mouvement entre pays et entre régions que les humains! Si la liberté meurt, c'est le nationalisme qui revient, et on connait bien la suite. Ce que nous ignorons, c'est quand et d'où tirer une nouvelle inspiration pour une nouvelle civilisation.
http://www.vigile.net/Marine-le-Pen-La-religion
http://www.lepost.fr/article/2010/03/09/1978143_l-algerie-denonce-l-affiche-du-fn-anti-islam-marine-le-pen-replique.html

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François Munyabagisha79 articles

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Psycho-pédagogue et économiste, diplômé de l'UQTR
(1990). Au Rwanda en 94, témoin occulaire de la tragédie de «génocides»,

depuis consultant indépendant, observateur avisé et libre penseur.





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3 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    12 mars 2010

    Certainement que quelque chose vous échappe, car nous sommes bel et bien de retour au religieux qui guide l'État.
    Ce n'est pas par islamophobie que les nationalistes se soulèvent contre le port de signes religieux islamistes par les agents de l'État, pas plus que ce ne fut de l'islamophobie d'interdire la construction de plus de minarets en Suisse.
    La logique derrière ces refus est que si tu permet à l'un tu dois aussi permettre à l'autre. C'est pourquoi les institutions juives défendent si vigoureusement la présence de représentants musulmans dans les appareils de l'État, car contrairement aux islamistes, eux y sont déjà très bien implantés et leurs dogmes sont même au coeur des programmes éducatifs (comme le catholicisme d'antant).
    La liberté est un élément fondamental de notre civilisation, mais nous avons aussi une culture qui mérite respect.

  • Archives de Vigile Répondre

    11 mars 2010

    M. Munyabagisha,
    Je ne crois pas qu'ici au Québec, on puisse se promener nu ailleurs que dans des lieux privés (ce que sont aussi les commerces du sexe). J'aimerais bien que les adeptes de l'animisme ou du naturisme puissent exprimer leur foi en tout lieu public, mais la loi, présentement, ne nous permet pas d'exprimer ces opinions minoritaires. Le monokini n'est pas toléré à la plage et certains restaurants refuseraient de servir des hommes 'en bedaine'. La liberté, pour demeurer une liberté, doit avoir des limites.
    Tout comme la société civile, pour demeurer civilisée, doit s'assurer du respect minimal des limites de chacun des individus qui la compose et de la réciprocité de ce respect. Sinon, nous tombons dans la barbarie.
    Le conflit larvé qui se joue présentement est transnational et transfrontalier. Il ne peut se comparer aux guerres ethniques qui ont eu lieu dans le passé à l'intérieur de frontières bien précises.
    Je ne crois pas qu'il faille avoir peur des questionnements identitaires qui se multiplient présentement un peu partout en Occident. Les nations sont attaquées de toutes part par une oligarchie mondiale qui, pour instaurer sa ploutocratie, ne dédaigne pas la vieille tactique du diviser pour mieux régner.
    Pour résister à ces ploutocrates, il faut unir nos forces, se donner des valeurs communes que nous nous engagerons à respecter. Et pour se donner ces valeurs communes, comme la primauté du français, l'égalité entre les hommes et les femmes et le maintien d'une certaine social-démocratie, il faut être souverain. Personnellement, je me fiche royalement de l'endroit d'où vous venez. Ce qui m'importe, c'est où vous voulez aller.
    P.S.: Ne croyez pas que si je me fiche de l'endroit d'où vous venez, ce soit par indifférence. C'est que, bien que québécoise de souche pure laine blanche, ma progéniture fait partie des communautés visibles. Comme je me fais traiter de traître à ma race par quelques-uns de mes concitoyens, je peux comprendre vos craintes. Mais s.v.p. ne généralisez pas le racisme de quelques-uns à l'ensemble de notre communauté. Tout comme il ne faut pas interpréter ces histoires de voiles comme des manifestations de xénophobie. Je connais des gens dont la famille a été décimée, dans leur pays d'origine, pour avoir refusé de porter ces étendards de l'islamisme radical. Il y a des idéologies qui me répugnent. Et ça n'a rien à voir avec la peur des étrangers.

  • Isabelle Poulin Répondre

    11 mars 2010

    Merci pour votre article ! Je comprend que des libertés pourraient être compromise en ce moment par les adeptes du nouvel ordre mondial et c'est justement ce qui nous unis vers la souveraineté pleine et entière. Et l'inspiration d'une nouvelle civilisation passe par la fin graduelle des monopoles. Une piste intéressante parmis d'autres : Disclosure project du Dr. Steven Greer et CSETI avec les énergies libres ! De plus en plus de gens comprennent que la technologie peut servir l'humanité au lieu d'enrichir les monopoles ! Bon courage Monsieur Munyabagisha !