Docteurs, juges, dentistes...

Crise mondiale — crise financière


À entendre les revendications successives des médecins, des pharmaciens, des professeurs d'université, des juges et aujourd'hui des dentistes, il y a de quoi s'inquiéter du sort éprouvant que l'État québécois socialisant réserve à son élite. Encore un peu et on croirait nos professionnels soumis à la rééducation par le travail de la terre, comme leurs homologues chinois du temps du Grand Timonier.
Depuis quelque temps, tout le monde parle de rattrapage salarial dans le monde des professionnels à l'emploi direct ou indirect de l'État québécois. Comme tous les autres salariés du secteur public, ces gens ont subi les contraintes imposées par la lutte contre les déficits, mais maintenant que la situation a cessé de se détériorer, les voilà qui font la queue pour «rattraper» les conditions de leurs homologues d'ailleurs. Même le premier ministre, disent certains, devrait être payé comme les juges de la Cour du Québec qui, eux-mêmes, revendiquent le salaire des juges de la Cour supérieure. C'est dire combien l'injustice frappe haut dans la pyramide!
Le pire, c'est qu'ils ont tous raison: personne au Québec, sauf les joueurs du Canadien et les amuseurs du petit écran, n'est payé à sa juste valeur. Or, d'entre tous, ce sont les employés de l'État qui sont les plus mal traités, victimes de l'autoritarisme d'une machine politique au service de la brutalité économique. Seuls ceux qui savent se tenir debout réussissent à se faire entendre. Les médecins, par exemple.
Il y a quelques mois, après des semaines de moyens de pression justifiés, Québec a finalement compris le bon sens et signé une entente milliardaire grâce à laquelle les disciples d'Esculape et de Norman Bethune récupéreront une partie du retard gargantuesque accumulé. La correction vaut jusqu'en 2015, mais comme elle est loin d'être satisfaisante, on renégociera la grille d'honoraires dès 2010. Les bureaucrates fantoches n'auront qu'à bien se tenir: l'équité, c'est une affaire de principe et non d'argent!
De même pour nos professeurs d'université, ceux de Montréal par exemple, qui ont récemment arraché une petite correction qui porte leur salaire annuel à 120 000 $. Quand on y songe, c'est la moindre des choses pour qui a eu la courage de consacrer cinq ans de sa vie à un doctorat! Pendant ce temps, l'Université de Montréal vient d'enregistrer un des plus gros déficits de son histoire parce que Québec refuse obstinément «de réinvestir massivement dans l'éducation», comme les étudiants le répètent sans cesse. Le budget de l'éducation a beau grimper de plus de 3 % chaque année malgré la baisse de la fréquentation scolaire, rien n'y fait.
Il était temps que justice soit faite, et c'est pourquoi les étudiants de l'UQAM, les profs de Concordia et ceux de l'UQTR sont en grève ces jours-ci. Le mépris n'aura qu'un temps!
À propos de mépris, c'est par ce terme on ne peut plus juste dans les circonstances que le président de la Fédération des dentistes, le Dr Serge Langlois, a qualifié l'attitude égoïste du ministre Philippe Couillard dans une lettre publiée au début du mois.
Cette fois-ci, il est question de professionnels qui ne parviennent à tirer qu'un tarif ridicule de 10 $ l'heure des 100 millions de dollars que Québec consacre chaque année au régime dentaire des enfants et des assistés sociaux. Serait-ce cette condition de lumpenprolétariat qui expliquerait qu'un nombre croissant de nos dentistes ne travaillent plus que trois jours par semaine?
Comme pour les médecins et les professeurs, les pharmaciens, les avocats et les juges, nos dentistes ont droit à plus de respect de la part des élus. C'est donc sans hésiter que nous leur accordons notre appui dans leurs revendications.
Quant aux enfants et aux assistés sociaux pris en otage par l'absence totale de compassion des politiciens, eh bien, que voulez-vous, toutes les grandes batailles de l'histoire humaine ont fait des victimes. Souhaitons que celle-ci se termine par la victoire de la justice et de l'équité pour les dentistes contre la bêtise étatique... le plus vite possible!


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