Distinct, le populisme québécois

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Ce que Ravary appelle « populisme » est en fait le refus des peuples européens de se faire remplacer par l'immigration massive

Doug Ford, le chef du Parti progressiste conservateur de l’Ontario, couronné roi de la Ford Nation depuis la mort de son frère, l’ancien maire de Toronto Rob Ford, trônait en tête des sondages en vue de l’élection provinciale le 7 juin.


Le vent a tourné il y a deux semaines et il pourrait se retrouver, au mieux, avec un gouvernement minoritaire.


Ford a perdu des appuis au profit du NPD, qui fait aussi le plein chez les libéraux. Le populisme du personnage (politiquement, c’est un conservateur sans envergure) irrite dans la région de Toronto. Et, comme au Québec, les électeurs ne peuvent se résoudre à donner un autre mandat aux libéraux au pouvoir depuis 2003.


Une p’tite bière pour mononcle


Que fait alors un populiste qui se voyait premier ministre quand tout à coup, il se retrouve nez à nez avec une vague orange ? Politique 101 : il sort de son chapeau une promesse dont tout le monde va parler.


Il casse le prix de la bière.


Doug Ford s’est engagé à réduire le prix plancher de la bière à 1 $ la bouteille. Pour augmenter la concurrence, dit-il. Faux : les premiers perdants seront les brasseries artisanales.


Ford avait aussi promis de permettre aux épiceries et dépanneurs de vendre de la bière, une approche jugée « non sécuritaire » par les libéraux et « non socialement responsable » par le NPD qui préfèrent le monopole d’État du Beer Store.


Parfois, une petite shot de populisme décoince...


Le bon populisme


Essayez d’imaginer, messieurs Legault, Lisée, Couillard ou Manon Massé, jouer avec le prix de la bière pour gagner leurs élections. Impossible !


Ses détracteurs auront beau accuser François Legault d’être un méchant populiste, le Québec n’a aucun leader ni programme politique qui se rapprochent tant soit peu d’un Donald Trump, Marine Le Pen, Geert Wilders en Hollande, Viktor Orban en Hongrie et Doug Ford.


S’il existe, le populisme québécois est bon enfant.


Pendant son discours de fermeture du congrès de la CAQ hier, François Legault a promis que jamais, un gouvernement de la CAQ couperait l’aide aux enfants en difficulté. Il a promis l’intégration réussie des immigrants, pas la fin de l’immigration. Le favoritisme aux petits amis du parti ? « C’est ter-mi-né. » Il veut faire plus et mieux avec l’argent des contribuables : bye bye bordel informatique.


Populiste, ça ?


Le ton est parfois populiste, mais le contenu n’a rien à voir avec le rejet des institutions, des élites ou, à l’extrême, de la démocratie. Le populisme québécois va dans le sens que lui donne l’historien et sociologue français Pierre Rosanvallon : « Le populisme est une forme de réponse – que l’on peut juger mauvaise – aux dysfonctionnements de la démocratie. »


Les Québécois sont désabusés. Pour les rebrancher sur le 220, il faudrait plus qu’une p’tite bière pas chère à l’ontarienne, qu’un retour des libéraux ou qu’un programme de 50 pages qui leur enfonce l’État dans la gorge, comme celui dévoilé par le Parti québécois ce week-end.


Populisme ou pas, pour l’instant, c’est entre la CAQ et les Québécois que le courant passe le mieux.