Bonne Fête Québec
Une fois par année, quand c’est notre fête, on a le droit de se péter les bretelles
De se dire qu’on est les plus beaux et les plus belles
Alors, je vous le dis tout de suite, ce soir, vous êtes ce que j’ai vu de plus beau !
On n’est pas toujours les meilleurs, on n’est pas toujours les plus fins
Mais si on s’est rendu aussi loin, c’est quand même pas pour rien !
Faut être fait fort pour faire pousser des patates dans des terres de Caïn
Faut avoir la tête dure pour changer la défaite en victoire et rebâtir son destin
Faut avoir du cœur pour rester, depuis 400 ans, fidèle à son pas, à sa nature, à son chemin
Si on s’est rendu aussi loin, c’est parce qu’on a marché ensemble, main dans la main
Nous avons construit une société où on a le droit de s’exprimer, d’aimer et de rêver
Nous rêvions d’un Québec où prospérité rime avec solidarité
Nos rêves n’ont pas changé
Le Québec dont nous rêvons est d’abord et avant tout une terre de liberté !
Avec le temps, la maison craque, le balcon s’incline, le toit fuit et le doute s’infiltre lentement
On laisse la révolte aux adolescents et on devient vieux et indifférents
Alors que c’est maintenant qu’il faut se tenir debout, côte à côte, pour affronter les éléments
On peut se laisser porter par le courant mais on peut aussi choisir le bon vent
C’est à vous de décider quel Québec vous voulez pour vos enfants !
On dit souvent que la culture, c’est l’âme d’un peuple, et on a raison
Mais la culture n’est pas seulement une affaire d’imagination
Il faut de vraies semailles si on veut de vraies moissons
Le jardin est vaste, il a besoin de chacun d’entre nous, saison après saison
Quand la sécheresse menace, c’est à nous d’arroser pour que poussent nos créations
Et c’est ce que vous faites…
En lisant nos livres, en regardant nos films, et en écoutant nos chansons
Vous donnez à nos créateurs les moyens de leurs ambitions
C’est grâce à vous si notre cinéma n’a pas l’air d’un nain à côté du géant américain
Cinéma d’animation, documentaire ou fiction
Caméra au poing ou caméra témoin
Nos films sont des phares qui clignotent dans le brouillard de nos mémoires
J’ai des images plein la tête, toutes sortes d’images, vous rappelez-vous…
Des seins de Danielle Ouimet dans Valérie
De ceux de Carole Laure dans La mort d’un bûcheron
Des beaux arbres imaginaires que plantait un homme
Et de ceux qui sont morts, victimes d’une erreur boréale
D’un fils et son père visitant Un zoo la nuit
D’un p’tit gars qui découvre l’amour dans le magasin général de son oncle Antoine
De vieux amis qui triomphent des Invasions barbares
De nouveaux amis qui partagent une Neuvaine
De nos familles, des Plouffe jusqu’à Crazy,
en passant par Gaz Bar Blues et Un homme et son péché
D’un village au complet prêt à tout pour réussir La Grande Séduction
Notre cinéma sait comment nous bousculer, nous faire rire et nous émouvoir
Y a juste au cinéma qu’on applaudit quand on se fait avoir !
En plan large ou en gros plan, c’est notre histoire qui se joue sur grand écran
Ce soir, je rends hommage au cinéma québécois
Un cinéma à notre image, un cinéma qui s’ouvre sur le monde tout en restant différent !
Si la culture est l’âme d’un peuple, la langue en est le cœur
C’est en français qu’on vit nos misères, nos espoirs et nos bonheurs
Notre langue est généreuse, elle se transmet et se partage
Qu’on l’ait reçue en héritage ou qu’on l’ait adoptée après un long voyage
On fait tous partie du même équipage !
Et nos capitaines sont des poètes qui connaissent les plus belles plages du langage
Cette année, l’un d’eux a troqué le sol pour les nuages !
Il a rejoint son ami Gobelet, l’autre drôle de pistolet, et ce soir, je veux lui rendre hommage
C’était un clown estradinaire, un vermouilleux fou du roi qui n’épargnait aucun château
C’était un grand sculpteur de mots, il s’appelait Marc Favreau !
Il avait toujours dans sa manche ou dans sa poche un téléphone sans fil
Avec lequel il rejoignait le monde de la fantaisie et du mystère fragile
Il l’a emporté avec lui, si vous êtes attentifs, il vous rejoindra un jour sur votre île
Ce soir, je voudrais que vous emportiez un peu de sa poésie dans vos bagages
Pour que la bêtise et la peur ne vous empêchent jamais de sentir l’air du large
Au cinéma, il faut souvent plusieurs prises avant qu’il y en ait une de réussie
Peut-être que c’est aussi comme ça qu’on bâtit un pays !
Auteure : Sylvie Rémillard
Comédien : Raymond Bouchard
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