Nicolas Houle - Quand Dieudonné met le cap sur le Québec, il voyage l’esprit léger : les polémiques qui le poursuivent en France n’ont pas l’habitude de l’accompagner de ce côté-ci de l’Atlantique. Ou si peu.
C’est la fin de la saison de ski. Dieudonné, bien au chaud dans son Kanuk, profite de son séjour dans la Belle Province pour arpenter en famille les pistes de Tremblant et de Stoneham, entre deux rendez-vous avec l’organisation du Grand Rire ou avec les médias. Dans chacun de ses déplacements, notre homme trimbale un document des autorités françaises, stipulant qu’il n’a jamais été condamné de façon à devoir obtenir un permis pour séjourner à l’étranger. C’est que Dieudonné est devenu un habitué des tribunaux. Des déclarations comme « Pour moi les Juifs, c’est une secte, une escroquerie. C’est une des plus graves parce que c’est la première » lui ont valu les foudres de diverses associations et d’interminables poursuites. Aujourd’hui, si le grand public croit qu’il est sorti sali de ces procédures judiciaires, c’est selon lui en raison du lobbying des regroupements sionistes.
« C’est dire le degré de nuisance de ces associations mafieuses et racistes, s’indigne-t-il, sans mâcher ses mots. Ici (au Québec), la population est consciente de ça. »
On pourrait aussi dire que les Québécois l’ignorent. Ou préfèrent l’ignorer pour apprécier davantage Dieudonné, l’humoriste. Pourtant, comme l’affirme le principal intéressé, on ne saurait dissocier l’artiste du politicien - qui a tenté sa chance à la présidentielle française.
« L’art est politique ou alors c’est du divertissement, tranche-t-il. On fait tous de la politique. Parler, c’est politique. (...) Être citoyen, c’est politique. »
Portrait impressionniste
Impossible de traiter de Dieudonné M’bala M’bala en prétendant toucher la vérité. L’homme de 41 ans a non seulement soulevé maintes controverses, il a été l’objet de beaucoup d’écrits, où l’on ne sait plus discerner le vrai du faux. Qui plus est, il emprunte des chemins parfois discutables dans son combat pour la liberté d’expression et contre le racisme. Ses apparitions auprès des Le Pen n’ont semblé ni plaire aux partisans d’extrême droitedu Front national, ni à ses propres admirateurs. Néanmoins, l’humoriste est persuadé que son art ne souffre nullement de ces épisodes houleux.
« La menace serait que mon projet de faire rire les gens ne fonctionne pas, précise-t-il. Or les gens rient de plus en plus, alors peut-être que je trouve justement le chemin du rire de plus en plus... »
Comme il n’est pas à une situation délicate près, Dieudonné se retrouvait au cœur d’un litige entre Juste pour rire et le Grand Rire l’an dernier. Gilbert Rozon, qui estimait avoir une exclusivité morale avec l’artiste, s’était interposé pour ne pas qu’il œuvre au Grand Rire et l’avait même programmé pour plusieurs soirs au moment où s’ouvrait l’événement. C’est la situation presque contraire cette année puisque Dieudo se sera produit dans la métropole, avec la complicité de l’équipe de la Vieille Capitale, et fera partie du festival contre lequel il s’est mesuré.
« Je n’étais pas au fait des différents enjeux, dit-il. (...) Durant ces dates à Québec (l’an dernier), j’ai rencontré les gens du Grand Rire et ç’a été une occasion pour discuter. »
Dieudonné montera sur les planches pour deux performances bien différentes. Il proposera une rétrospective des moments forts de sa carrière, simplement intitulé Best of, le 30 juin, à l’Impérial et il animera le gala Humour du monde le 28, au Grand Théâtre, dont la mise en scène est signée Michel Courtemanche.
Lorsque le rideau tombera, Dieudonné continuera de caresser un projet qui lui est cher, s’intéressant au sort des Pygmées en Afrique centrale. Son idée ? Amener un couple de Pygmées vieillissant autour du globe et le filmer, afin que le grand public redécouvre le monde à travers ses yeux et se sensibilise à la condition de ce peuple condamné à disparaître.
« Ils vont nous faire rire sur la situation dans laquelle nous vivons, assure-t-il. La mort fait partie aussi de la vie. On peut rire jusqu’au dernier jour... »
LEGENDE DE LA PHOTO : Dieudonné emprunte des chemins parfois discutables dans son combat pour la liberté d’expression et contre le racisme. Ses apparitions auprès des Le Pen n’ont semblé ni plaire aux partisans d’extrême droite du Front national, ni à ses propres admirateurs.
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