Dieu à la censure

« Dieu réunit ceux qui s'aiment ». Cette finale de L'Hymne à l'amour d'Édith Piaf a été censurée par un professeur d'une école primaire de Sorel-Tracy pour la préparation d'un spectacle de fin d'année.

Laïcité — débat québécois




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« Dieu réunit ceux qui s'aiment ». Cette finale de L'Hymne à l'amour d'Édith Piaf a été censurée par un professeur d'une école primaire de Sorel-Tracy pour la préparation d'un spectacle de fin d'année.

D'abord, chapeau à ce professeur qui ose proposer à des élèves de 10-11 ans une chanson de Piaf au lieu d'un tube anglophone. Encore fallait-il aller jusqu'au bout et justifier la finale de ce classique en évoquant, par exemple, la foi chrétienne de la Môme, sans prosélytisme aucun. N'est-ce pas le but de l'enseignant d'expliquer un texte pour mieux éclairer ? Je ne juge pas ici de la compétence de ce professeur qui ne voulait pas aborder de thème religieux dans son cours de musique, sinon il aurait pu prendre Si Dieu existe, de Claude Dubois. Trop compliqué? Trop dérangeant? Peut-être craignait-il qu'un enfant ou un parent fasse valoir son athéisme ou qu'un autre se plaigne de violer sa liberté de religion. Cela renvoie à un débat de société face à la religion où les notions de dialogue et de respect sont parfois mal définies.
Rectitude politique quand tu nous tiens ! Dieu à la censure, au nom d'une laïcité mal comprise, d'accommodements raisonnables au cas par cas. Sommes-nous rendus frileux à ce point qu'il faille bannir toute référence religieuse de ce qui a fait notre identité? C'est une question de jugement, de gros bon sens. Pourra-t-on encore chanter aux enfants « Au clair de la lune », puisque ça se termine par « Pour l'amour de Dieu ». Même chose pour la comptine « Frère Jacques » (moine) qui sonne les Matines (prière chrétienne). Nous avions déjà la polémique des chants de Noël qui revient chaque année comme un triste Bye Bye, faudra-t-il maintenant évacuer le mot « Dieu » des chansons et des institutions ? Paradoxalement, il me semble qu'on n'a jamais autant sacré à la télé, miroir de la société. On peut bien vouloir sortir la religion de l'état, il en reste toujours des reliquats.
Croyant ou non, si l'on présente une oeuvre d'art, une chanson, que ce soit dans son intégralité, sinon on tombe dans l'arbitraire idéologique. L'art a quelque chose à dire sur notre approche de l'invisible, sur notre quête de « l'inaccessible étoile » (Jacques Brel). Appelons cette quête du nom de Dieu ou de l'amour, qu'importe, nous sommes devant le mystère, ce qui demeure quand tout meurt.
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Jacques Gauthier
Résidant de Gatineau, l'auteur a écrit l'ouvrage «Dieu caché» (2010).

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Résidant de Gatineau, l'auteur a écrit l'ouvrage «Dieu caché» (2010)





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