Les auteurs soutiennent que le ministre Bachand prétend que les faibles coûts d'électricité avantagent les riches sans mentionner que c'est vrai uniquement si les riches continuent de ne pas payer leur juste part d'impôt. Photothèque Le Soleil
Les ténors du PLQ continuent de transmettre délibérément confus sur une hausse possible des tarifs d'hydroélectricité et autres tarifs. Le but est toujours le même: faire porter l'essentiel du fardeau fiscal par la classe moyenne et les citoyens à revenu modeste.
Fatigue idéologique ou aveuglement volontaire des élites?
Nous créons plus de richesses que jamais dans l'histoire de l'humanité au point de crouler sous le poids des dégâts environnementaux de notre production. Notre système devient de plus en plus incapable d'éradiquer la pauvreté même dans les sociétés les plus opulentes. Mais on ne trouve aucun questionnement au sein du patronat québécois, et de leurs porte-parole soi-disant lucides qui continuent à chanter les mêmes rengaines: diminuer les charges fiscales des entreprises, diminuer les impôts et augmenter les tarifs! Ces dogmes sont conformes aux intérêts du patronat: contrôle des richesses et soutien de l'État aux entreprises, surtout les plus grosses.
Chercher des revenus ailleurs que dans la poche de la classe moyenne
Il existe pourtant plusieurs alternatives aux hausses de tarifs dans les services publics pour sortir de l'impasse budgétaire actuelle du gouvernement. Des solutions structurantes et durables pour augmenter les revenus de l'État crèvent les yeux, tant elles sont à la fois rentables mais aussi écologiquement et socialement équitables. Hausser les tarifs d'Hydro, est une solution de facilité, celle d'un gouvernement qui prend les contribuables pour des guichets automatiques. Le bloc patrimonial est d'ailleurs le dernier élément de progressivité de la tarification de l'électricité et Québec solidaire s'oppose vivement à sa disparition. L'un des héritages de la Révolution tranquille fut de développer massivement une production collective d'électricité, bien sûr, mais aussi de s'assurer qu'elle profite d'abord et avant tout au peuple québécois.
On peut augmenter sensiblement les revenus d'HQ en vendant des milliards de «négawatts». On produit des négawatts quand on réduit notre consommation énergétique pour vendre les surplus à nos voisins américains et ontariens qui paieraient cher pour remplacer leur électricité venant de sources polluantes. Mettons donc en place un vaste chantier d'efficacité énergétique pour économiser des milliers de mégawatts et générer des milliers d'emplois dans des secteurs qui permettraient au Québec de prendre le virage de la croissance verte. Par exemple, une réduction de 5% de notre consommation hivernale, jumelée au recours accru à l'énergie géothermique, éolienne et solaire, éviterait au Québec de s'endetter dans des projets aussi coûteux que celui de La Romaine, dont les coûts de production sont à plus de 0,10 $ du KWh.
Pour une énergie publique au service de la justice sociale
Le ministre Bachand prétend que les faibles coûts d'électricité avantagent les riches sans mentionner que c'est vrai uniquement si les riches continuent de ne pas payer leur juste part d'impôt. La leçon d'équité fiscale 101 est qu'il existe une solution éprouvée pour rendre les services publics à la fois accessibles et équitables: une fiscalité progressive. Tout le monde bénéficie des mêmes tarifs, mais les riches qui ont plus de moyens payent plus d'impôt. C'est juste, simple et extrêmement efficace. Pourquoi ne pas aller dans cette direction ?
Le premier ministre Charest a promis une vaste consultation publique sur toute la question de la tarification. Il doit respecter cette promesse puisque les enjeux sont fondamentaux. Québec solidaire entend bientôt apporter des avenues de solutions globales à la crise des finances publiques.
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Françoise David et Amir Khadir
Respectivement présidente et député de Québec Solidaire, Mme David et M. Khadir sont porte-parole du parti.