Des soldats d'Allah à l'assaut de Djemila Benhabib

Le linge trop sale

L'heure est grave. Le religieusement correct a investi l'espace public. De nouveaux clercs surgissent sur la scène médiatique et rabâchent leur moraline sirupeuse. L'élite, égarée dans un conformisme délétère, ne voit plus l'intérêt général. Les médias plombent le débat des idées. Le champ de la critique se resserre. L'oxygène de la liberté se raréfie.
D'aucuns, au nom de l'idéologie multiculturaliste, refusent qu'on critique l'islam. Aveuglés par les sanglots de l'homme blanc, ils piétinent les idéaux des Lumières, devenant ainsi des alliés objectifs de l'islamisme.
N'a-t-on pas le droit de dire de l'islam qu'il n'est pas seulement une religion, mais un projet politique qui régit la vie des gens dans les moindres détails? N'a-t-on pas le droit de dire qu'il est un programme globalisant qui vise à bâtir la Oumma, le Califat mondial? Peut-on sans risque remettre la parole du prophète Mahomet en question? Peut-on dénoncer la misogynie ou le racisme de quelques versets coraniques? Qui oserait rejouer la pièce de Voltaire sur le prophète de l'islam? Qui oserait faire des caricatures de Mahomet? Bref, est-il permis de critiquer sereinement l'islam?
Après Salman Rushdie, Taslima Nasreen, Theo Van Gogh et tant d'autres, Djemila Benhabib, journaliste et essayiste, est aujourd'hui la cible des fous d'Allah. Elle est victime d'une poursuite-bâillon parce qu'elle a osé dénoncer le caractère intégriste de l'enseignement prodigué dans une école musulmane à Montréal.
Les réelles intentions de ses détracteurs ne sont pas seulement de la faire condamner, mais surtout de la museler, de la pousser à l'autocensure, de l'épuiser financièrement et de l'atteindre psychologiquement.
A-t-on le droit de se taire face à ces procédures abusives? A-t-on le droit d'abdiquer face à cette grave atteinte à la liberté d'expression ?
Non !
Je refuse de me taire.
Je refuse la capitulation.
Je me souviens d'un jeune barbu qui m'a violemment interpellé au sortir du métro au lendemain de la diffusion aux Grands Reportages de RDI du documentaire Mon Algérie et la vôtre. Il m'a reproché d'avoir qualifié l'islamisme de «fascisme vert» et d'avoir cité cette phrase extraite d'un manuel scolaire trouvé dans une bibliothèque algérienne: «L'islam est un arbre qui ne vit que lorsqu'il est irrigué de sang.»
Il m'a dit d'un regard terrifiant:
- Pourquoi, M. Akouche, dévoiles-tu nos secrets aux Québécois? Notre linge sale doit se laver en famille.
Je lui ai répondu:
- On ne peut malheureusement pas le laver ensemble. Soit le linge est trop sale, soit nous n'appartenons pas à la même famille.
En effet, à travers ce scandaleux procès intenté contre Djemila, deux familles, aux antipodes l'une de l'autre, s'affrontent, comme aurait dit Tahar Djaout (journaliste et écrivain assassiné en 1993 par l'hydre islamiste): la famille qui avance et la famille qui recule.
Djemila appartient à la première, là où règnent la tolérance, la démocratie, la laïcité, la liberté et l'égalité des sexes. Quant à la seconde, elle sombre dans la bêtise, l'obscurantisme, la haine des femmes et de l'Occident.
Tout combat idéologique est avant tout un combat sémantique. Le mot «islamophobie» signifie «crainte de l'islam». Serait-il raciste celui qui a peur d'une religion, en l'occurrence l'islam? L'islam est une religion et non une ethnie. Le mot «islamophobie» est utilisé par les fondamentalistes musulmans dans une posture victimaire, afin de répandre leurs idées rétrogrades en Occident. C'est un mot-piège rabâché à tort et à travers en vue de bâillonner les détracteurs de l'islam politique et d'étouffer toute critique sérieuse de l'intégrisme. Ce vocable est devenu une sorte de délit de blasphème. Malheureusement, en ces temps de fadeur et de censure, ceux qui résistent au rouleau compresseur islamiste, en en dénonçant les projets obscurs et haineux, sont taxés de xénophobes.
Au nom de la liberté d'opinion et d'expression, j'invite les intellectuels, les artistes et les politiques à apporter un soutien large et massif à Djemila Benhabib.
Ceux qui hésitent encore, je les invite à méditer ces paroles du pasteur allemand Martin Niemöller:
Quand ils sont venus chercher les communistes
Je n'ai rien dit
Je n'étais pas communiste
Quand ils sont venus chercher les syndicalistes
Je n'ai rien dit
Je n'étais pas syndicaliste
Quand ils sont venus chercher les juifs
Je n'ai pas protesté
Je n'étais pas juif
Quand ils sont venus chercher les catholiques
Je n'ai pas protesté
Je n'étais pas catholique
Puis ils sont venus me chercher
Et il ne restait personne pour protester


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