Armes à feu

Des photos qui dérangent

Actualité québécoise - vers une « insurrection électorale »?


Caroline Lepage - Deux mois après que le monde entier eut été secoué par la tuerie en Norvège, l'existence d'une milice québécoise, composée d'indépendantistes extrémistes qui exhibent des photos d'eux armés sur le Web, soulève la surprise et l'inquiétude.
La présence sur Internet de cette Milice patriotique québécoise (MPQ) indispose des gens, notamment depuis qu'Anders Behring Breivik a tué 77 personnes en Norvège, en juillet.
Sur le réseau social Facebook, des membres de la MPQ apparaissent avec des armes qui ne servent sûrement pas «à chasser la perdrix», indique un lecteur inquiet, qui a mis le Journal sur la piste.
On y voit notamment le fondateur de cette milice, Serge Provost, qui se fait appeler «major», exhibant une arme d'apparence militaire, soit une VZ-58. Sur d'autres clichés, on le voit brandissant un revolver et une carabine de chasse.
Rien de rassurant
Bien qu'il s'agisse d'armes légales moyennant certaines restrictions, selon la Sûreté du Québec, la situation n'a rien de rassurant pour Benoit Laganière, un survivant de la fusillade de l'École polytechnique.
Celui qui est aujourd'hui ingénieur s'inquiète de l'existence de la MPQ, qui prétend avoir pour mission de protéger le Québec lors de son accession à l'indépendance.
«Ça me fait peur! Plus ça va, plus les gens veulent se protéger eux-mêmes et utilisent des armes de plus en plus puissantes», déplore-t-il.
«Si ces gens pensent nous protéger, ils sont dans le champ. Ça dépasse les bornes!», ajoute-t-il, visiblement indigné.
La députée fédérale d'Ahuntsic, Maria Mourani, se dit également préoccupée. «La MPQ prétend avoir une mission qu'elle n'a pas», tranche celle qui agit en tant que porte-parole du Bloc québécois en matière de justice.
Même malaise parmi les militaires. «Quand on voit des gens en uniforme, avec des armes, ça peut porter à confusion. Cette milice ne fait pas partie de notre entité. Ça représente un problème potentiel», constate Norbert Cyr, lieutenant-colonel des Forces armées canadiennes.
«Nous ne sommes pas antimilitaires, mais nous croyons que l'indépendance du Québec se fera de façon démocratique et non violente», estime pour sa part Mario Beaulieu, président de la Société Saint-Jean-Baptiste de Montréal.
L'armée civile compte 800 membres
Chose certaine, cette milice prend racine et grossit : le groupe ne compte pas moins de 800 membres. Ces derniers mois, ils ont ouvert une boutique, rue Sainte-Catherine Est à Montréal, où l'on vend du matériel militaire.
Les volontaires sont à bâtir un camp d'entraînement permanent, qui sera jumelé à un champ de tir. L'endroit est gardé secret.
Le major Provost ne croit pas que sa milice puisse influencer des gens à commettre des actes de violence.
«C'est tellement pas dans nos valeurs, plaide-t-il. Notre but n'est pas d'attaquer. Nous avons une mentalité défensive».
«Si on était des criminels, on serait en dedans depuis longtemps», croit-il, indiquant que les membres de son organisation sont surveillés de près par les autorités.


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