TRANSPORT FERROVIAIRE

Des maires américains tirent des leçons de Lac-Mégantic

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Incroyable que ce soient des maires américains qui nous annoncent que le coût de la reconstruction à Lac-Mégantic dépassera 1,5 milliard $ et que Le Devoir n'ait pas fait de cette information sa manchette

Des élus américains font appel à des maires du Québec pour obliger Washington à renforcer la sécurité du transport ferroviaire et à assurer un meilleur partage des coûts de reconstruction en cas d’une catastrophe comme celle de Lac-Mégantic.
Des maires de la région de Chicago ont fait parvenir une lettre à un comité du Congrès, qui étudie la sécurité du transport pétrolier par train, pour lui demander de faire témoigner des élus québécois qui ont été affectés par la tragédie de l’été dernier.

Des discussions ont notamment eu lieu avec les maires de Lac-Mégantic, de Sherbrooke et de Magog. Si les autorités lui en font la demande, la mairesse de Magog, Vicki May Hamm, est prête à aller témoigner au Congrès américain à Washington en mars. Elle se trouvera déjà dans la capitale américaine pour une rencontre de la Coalition transfrontalière pour la sécurité ferroviaire, qui regroupe des élus du Canada et des États-Unis. Cette coalition a été créée par l’Union des municipalités du Québec (UMQ) en collaboration avec la coalition des municipalités du grand Chicago dans la foulée de la tragédie de Lac-Mégantic.

« La sécurité ferroviaire est un enjeu qui nous affecte tous, qui affecte toute l’Amérique du Nord. Des changements législatifs concernant la réglementation des wagons-citernes tant ici [aux États-Unis] qu’au Canada sont importants, et on doit travailler ensemble pour qu’on ait l’attention des deux gouvernements » a indiqué lundi au Devoir, Karen Darch, la mairesse du village de Barrington en Illinois, qui fait partie de la Région métropolitaine de Chicago.

Mme Darch a été traumatisée par l’ampleur de la destruction à Lac-Mégantic. En décembre dernier, elle a pu visiter le centre-ville dévasté de la petite ville québécoise avec d’autres élus de la Coalition transfrontalière pour la sécurité ferroviaire. « Un pompier nous a fait faire un tour du site. C’était vraiment horrible », a-t-elle dit en spécifiant que son village, qui est aussi traversé par un chemin de fer, n’est pas à l’abri d’un accident comme celui de Lac-Mégantic.

Washington doit agir

La mairesse américaine et son collègue Tom Weisner, de la Ville d’Aurora, souhaitent que la catastrophe de Lac-Mégantic sonne le réveil des autorités américaines en matière de sécurité du transport ferroviaire. Ils demandent au Sous-comité des chemins de fer, des pipelines et des matières dangereuses de la Chambre des représentants d’étudier en profondeur le transport du pétrole, de l’éthanol et des autres substances explosives.

« On ne peut plus justifier l’inaction » en matière de sécurité, écrivent Karen Darch et Tom Weisner, coprésidents du groupe The Regional Answer to Canadian National (TRAC), créé en 2009 à la suite du déraillement d’un train du CN qui transportait de l’éthanol à Rockford, en Illinois.

Deux autres accidents de train survenus dans les deux dernières semaines — au Dakota du Nord, puis au Nouveau-Brunswick — confirment l’urgence d’agir, indique le groupe TRAC dans une lettre du 10 janvier destinée au sénateur démocrate Richard Durbin, de l’Illinois. Les signataires rappellent que 400 000 wagons de pétrole brut ont été envoyés par rail aux États-Unis en 2013, contre tout juste 8000 wagons cinq ans plus tôt. Le nombre de wagons d’éthanol, de son côté, a quadruplé entre 2005 et 2011.

Karen Darch souligne que les déficiences des wagons-citernes DOT-111, en cause dans la tragédie de Lac-Mégantic, sont bien documentées aux États-Unis. À son avis, les gouvernements devraient obliger les sociétés de transport ferroviaire à modifier non seulement les nouveaux DOT-111, mais aussi ceux déjà en service, pour les rendre plus sécuritaires. « C’est le temps qu’une nouvelle loi soit faite pour que les anciens wagons, qui ne répondent plus aux normes, soient immédiatement retirés des services de transport », mentionne-t-elle.

La mairesse de Barrington demande aussi à ce que toutes les informations concernant les wagons-citernes et la matière qu’ils transportent soient disponibles de façon électronique. « C’est fou que ça soit encore sur du papier maintenant et que ça ne soit pas électronique. Dès que le 911 reçoit un appel, il devrait y avoir un envoi électronique pour permettre aux secouristes d’évaluer l’impact et de déterminer la zone qu’il faut évacuer », dit-elle.

La question des coûts de reconstruction après une tragédie préoccupe aussi le groupe TRAC. La facture du nettoyage et de la reconstruction atteindra entre 1,5 milliard et 2 milliards de dollars à Lac-Mégantic, font valoir Karen Darch et Tom Weisner. « La société ferroviaire impliquée dans l’accident de Lac-Mégantic a fait faillite. Des poursuites sont en cours, mais, en attendant, il faut bien financer la reconstruction de la ville. Ce sont les contribuables qui supportent la plus grande part de ce fardeau à l’heure actuelle, et ça ne peut plus continuer », s’indignent les élus américains.

La mairesse de Lac-Mégantic, Colette Roy-Laroche, n’est pas disponible pour aller témoigner au Congrès américain en mars. C’est pour cette raison que la mairesse de Magog, Vicki May Hamm, s’est portée volontaire pour y aller. Il a été impossible de lui parler lundi soir — elle présidait une séance du conseil municipal de Magog —, mais à l’UMQ, on confirme qu’elle sera à Washington en mars et qu’elle est disposée à témoigner au comité du Congrès.

« Nous croyons fermement que le témoignage des représentants [québécois] apporterait un éclairage important » sur les enjeux liés à la sécurité du transport ferroviaire et aux coûts d’une catastrophe comme celle de Lac-Mégantic », indiquent les maires de l’Illinois.


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