Un socialisme de longue portée

Des leaders durables pour le socialisme du XXI ième siècle

Et si l'alternance démocratique était une bonne piste

Tribune libre

On est maintenant habitué en régime capitaliste à l’alternance démocratique, à la consommation des leaders sur une grande échelle. Après deux ou trois mandats, on les « flushe » tout simplement. Mais le système survie à cette précarité des chefs qui l’incarnent et il s’installe comme un choix permanent des populations obnubilées.
Le régime est assez souple et solide après six cents ans d’expérimentations diverses, passant de la cohabitation avec l’aristocratie au bonapartisme puis au suffrage universel pour aboutir au XX ième siècle au totalitarisme. Après tous ces siècles d’apprentissage, la bourgeoisie peut se permettre l’alternance et l’usure des chefs.
On peut rêver qu’il en soit autrement pour le socialisme, mais ce n’est pas encore une « leçon de l’histoire » pour le nouveau régime exigeant la transformation de tout un mode de production où les moyens eux-mêmes de cette production sont appelés à être placés sous contrôle démocratique.
Les chefs socialistes ou de gauche seront sans doute réélus mais il serait opportun que naissent dans le processus une tradition de pluralisme dans le socialisme lui-même permettant l’alternance démocratique entre partis ou leaders de ce nouveau mode de production et de gouvernement.
Et si le socialisme devenait populaire, comme le capitalisme l’est, au point où les partis socialistes, communistes ou sociaux démocrates pourraient se payer le luxe de l’alternance entre eux.
Finalement comment envisager un régime socialiste où des élus auraient à répondre des résultats en termes de prospérité de leur plan pour le développement des forces productives ? Comment associer au socialisme cette prospérité garantissant des droits nouveaux ou une extension des libertés à d’autres couches d’opprimé-e-s ?
Le socialisme devenant populaire, à cause des campagnes d’éducation démocratiques qui feraient reculer l’obscurantisme capitaliste, comme celui-ci a réussi à remettre en cause l’obscurantisme et les préjugés moyenâgeux, on peut envisager une certaine pérennité.
L’impérialisme, le capitalisme mondialisé, alimente de toute sorte d’idées arriérées les masses populaires. Pourrait-on penser à un socialisme qui gagnerait l’adhésion libre des gens sans se heurter aux sombres et terribles contre-révolutions ?
Le marxisme a prouvé sa valeur pour cette tâche. Mais il faut s’attendre à ce que d’autres courants d’opinion se créent qui ne soient pas intégralement marxistes et qui débusquent les formes de totalitarismes qu’ont pris différents socialismes nationaux sous l’influence idéologique du stalinisme.
Est-il possible que grâce aux élections le passage pacifique au socialisme se fasse par une alternance démocratique entre différentes formes de socialisme, plus ou moins utopiques ou plus ou moins scientifiques ?
L’alternance demeurerait et les régimes socialistes ayant épuisé leur capital politique passeraient la main à d’autres formes de socialisme plus tolérables pour les gens qui y verraient respeté le rythme avec lequel ils sont prêts ou capables de voir s’installer une société socialiste prospère, productive et respectant tous leurs droits, les étendant même, et où leur contrôle leur donnerait la confiance que leurs dirigeants n’abuseraient pas de leur pouvoir sans être sanctionnés par elles-mêmes.
Voilà ce que j’entends par l’alternance démocratique socialiste.
Les chefs ou les partis ne deviendraient durables qu’après avoir subi une confrontation des programmes et le jugement électoral de la sagesse populaire éclairée par l’éducation politique.
Il me semble qu’il y a là une perspective politique garantissant au socialisme un régime durable, mais risquant toujours l’éviction si le pouvoir populaire le sanctionne par le choix d’un autre type de socialisme plus adapté à ses goûts ou ses humeurs politiques du moment.
Ce qui assurerait aussi la formation de partis ou l’élaboration de programme contribuant au progrès constants des sociétés civiles qui verraient dans l’alternance la possibilité de se défaire des gouvernements encombrants.
***
Rénover quoi M. Sarkozy ?
Deux cents ans de remise en cause radicale
Que reste-il du capitalisme que l’on renfloue à coup de milliards pigés dans les fonds publics après sa confrontation sous forme totalitaire avec le socialisme ?
Bien peu de chose. Ce qui rendrait Marx fier de son combat.
Ce capitalisme épuisé vole au secours d’un socialisme émergeant de la pauvreté en Chine qui achète des pans entiers de son économie devenue keynésienne avec un penchant nouveau pour le partage de la richesse et pourvu d’un État dont les budgets sont majoritairement consacrés à la santé et à l’éducation plutôt qu’à ses armées. Ce qui était un objectif socialiste tel que conçu au début du XX ième siècle : une société prospère qui devait assurer à ses citoyens bien-être, travail moins pénible et accès à une consommation de grande ampleur.
À la blague on dit dans certains milieux : « Une chance que le capitalisme a eu le socialisme pour le sauver ». Reste cependant sa « condamnation à entretenir ses esclaves » salariés ou coloniaux comme jamais ces classes n’ont été prises en charge par leurs exploiteurs dans toute l’histoire.
Le capitalisme mondial, que l’on nomme communément l’impérialisme depuis Lénine, est maintenant encerclé d’une masse critique de peuples qui n’acceptent plus leur sujétion et qui possèdent des armées pour l’affirmer : un véritable casse-tête pour ses stratèges militaires qui ne songent plus qu’à une véritable lutte contre les insurrections plutôt qu’aux guerres totales qu’ils ont initiées au XXième siècle.
Mais là se pointe les disciples de Keynes conséquents avec la Taxe Tobin qui revient à l’entretien des néocolonies plutôt qu’à leur occupation militaire.
Le capitalisme triomphant que Marx a affronté aux côtés des ouvriers révolutionnaires semble bien mal en point lui qui s’épuise en dépenses militaires inefficaces en Afghanistan contre la volonté de ses populations jeunes ou vieillissantes. On est loin des conquêtes coloniales tambours battants, en tirant dans le tas, comme en Afrique, en Amérique du Sud, en Inde ou en Chine où l’on sortait à peine du Moyen Age.
Qu’est-ce qui reste du capitalisme que Sarkosy se propose de « refonder » ? Le bilan n’est pas reluisant. Même écrasé, le socialisme, s’étant lui aussi perverti en totalitarisme, laisse une histoire de lutte aux côtés des ouvriers du monde et des peuples colonisés. Son bilan n’est pas complet, les historiens hésitant à en faire un sujet d’étude. Mais un philosophe de l’histoire italien, Domenico Losurdo, appelle les communistes à redresser la tête, à renouer avec leur glorieux passé et à reprendre en fervents lutteurs le combat inachevé d’un système qui n’a eu jusqu’à date que deux cents ans d’apprentissages historiques.
C’est à lire pour ceux qui soupçonnent encore le marxisme d’une étonnante capacité de rebondir.


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6 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    15 août 2009

    à Michel G
    Ha ? Je ne savais pas que les méchants répandant la "rumeur" que Pauline Marois avait supprimé des postes de médecins et d'infirmières au QUÉBEC était fausse.
    Bien entendu la situation actuelle de la santé qui fait que l'on peut attendre jusqu'à 48 h dans un service d'urgence et que les femmes voulant avoir recours à l'avortement doivent attendre jusqu' à 3 semaines n'a strictement rien à voir avec ces compressions budgétaires que Madame Marois a faites. Rien du tout. Et bien entendu on a sans problème 50 millions de $ à dépenser en claquant des doigts pour acheter un vaccin contre la grippe A H1N1 alors que les tests d'inocuité sur des humains démarrent. Ce qui veut dire qu'on ne sait en rien si ce vaccin est efficace et en rien non plus s'il n'est pas dangereux.
    Mon bon monsieur que ce soit Charest ou Marois les mains sur le volant n'y changerait strictement rien, ce serait pour la santé encore et toujours les multinationales qui mèneraient par le bout du nez tous les ministres de la santé pour leur faire appliquer LA politique de santé qui favoriserait le cours de leurs actions en bourse.
    Le soucis c'est que tout est à l'avenant, la politique énergétique , la politique sociale, la politique internationale, la politique éducative, la politique culturelle et j'en passe.
    Quant à prétendre que le PQ est constitué de gens du centre, de la droite et de la gauche confirme parfaitement ce que dit l'article dont je vous donne le lien en bas de mon commentaire. Il est entre autres explicité que TOUS les partis se disant du Centre ne le font que pour des raisons électoralistes, et cherchent à ratisser large pour récupérer des voix partout. L'ennui c'est qu'une fois élus, ce genre de partis a fâcheusement tendance à appliquer bel et bien une politique de droite favorisant le Capital quitte à écrabouiller le peuple , et que les tendances d'électeurs de gauche sont très souvent déçus pour ne pas dire qu'ils se sentent trahis , et rejoingnent de fait la grande masse qui ne fait que grandir des abstentionnistes. ( pas loin de 54% pour la dernière élection de Charest si je ne m'abuse. )
    Que vous le vouliez ou non , cette tendance de l'abstentionnisme est très dommageable pour la démocratie, puisque ces abstentionnistes en arrivent à être ceux qui représentent réellement la majorité absolue, autrement dit, aucun élu dans un tel cadre ne peut être considéré comme légitime. Le PQ et tous les partis de droite libéraux ont favorisé ce désavoeu général du monde politique de la part d'une grande masse de l'électorat, et j'ai tendance à croire que c'est un des moyens détournés qu'ils emploient pour être élus eux et pour en fin de compte appliquer une démocratie qui ressemble de plus en plus à une dictature.

  • Michel Guay Répondre

    15 août 2009

    Le PQ est une coalition de droitistes de centristes et de gauchistes .
    Le centre donc la sociale démocratie doit toujours aller chercher le meilleur sans le pire de la droite individualiste du centre nationaliste et de la gauche collectiviste ;
    le PQ n'a rien coupé dans les hôpitaux seul Ottawa à coupé et Québec donc le PQ à augmenté sa part de 50% à 84% pour financer les hôpitaux
    Toutes les autres affirmations contre le PQ sont fausses et font partis des la propagande mensongère des divisionnistes et des fédéralistes tous de droite et de gauche

  • Archives de Vigile Répondre

    15 août 2009

    à Michel G
    Vous dites que seul le PQ est "au centre "...et
    " tient compte des individues de la nation et de toute l’humanité "
    Je ne vois pas bien en quoi le PQ respecte la nation en ayant été incapable de faire l'indépendance lorsqu'il était au pouvoir .. Ainsi il a prouvé au Québec entier que le prétendu voeu d'indépendance n'était qu'un miroir aux alouettes qu'on écrit dans le programme un temps, juste fait pour récupérer des votes et avoir le pouvoir, sa seule ambition.
    Je ne vois pas en quoi le PQ respecte les individus alors que pendant qu'il était au pouvoir il a littéralement dilapidé le système de santé public de tous les Québécois, et qu'il n'a pas non plus été capable de donner aux plus démunis qui sont ceux qui souffrent le plus de quoi vivre avec un toît sur la tête et minimalement de quoi manger.
    Je ne vois pas non plus en quoi le PQ a respecté les Québécois et donc les individus en n'acculant pas le gouvernement Charest lors du scandale de la Caisse des Dépots afin d'obtenir des explications plus détaillées , et d'éviter que Charest par la suite ne vote des lois favorisant la corruption comme il l'a fait.
    Je ne vois pas bien en quoi le PQ respecte l'humanité en cautionnant, par la non-séparation d'avec le Canada, l'envoi de troupes en Irak et en Afghanistan, tout en ne faisant rien pour le peuple palestinien opprimé depuis des dizaines d'années par l'Etat d'Israël .
    Je ne vois pas en quoi le PQ respecte l'humanité quand il laisse faire des projets comme la Romaine sans lever le petit doigt.
    La liste pourrait être longue de la sorte mais je vous épargnerai un inventaire fastidieux et non exhaustif.
    En résumé, vous prétendez que le PQ applique une politique de "centre". Cela n'existe tout simplement pas, puisque tous les partis se disant au "centre" appliquent en réalité une politique de droite ! Et ce , dans tous les pays démocratiques. Ce que le PQ a abondamment prouvé de son côté .
    La gauche et la droite ne sont pas des crimes contre l'humanité, ce qui le sont , ce sont les actes de certains des gouvernements de gauche ou de droite. Ce qui ne veut pas dire que tous les gouvernements de gauche ne soient des criminels . La droite a eu amplement de le temps de démontrer les catastrophes planétaires qu'elle est capable de produire, la crise économique mondiale de l'an passé est édifiante en ce sens. Il faut juste choisir si on défend avant tout le Capital quitte à piétiner le peuple ou avant tout le Peuple en mettant l'économie au service de l'homme et non le contraire. Question de choix personnel.

  • Michel Guay Répondre

    15 août 2009

    Le socialisme capitaliste individualiste et le socialisme communiste collectiviste sont deux systèmes aberrant anti humains .
    La capitalisme et le communisme donc la droite et la gauche sont des crimes contre l'humanité .
    Les capitalistes ne respectent pas la nation ni l'humanité ( PLQ, PI, ADQ)
    Le Communisme ne respecte pas l'individu ni la nation ( QS)
    Reste la sociale démocratie au centre qui tient compte des individues de la nation et de toute l'humanité ( PQ)
    Un être normal est un individu qui respecte sa nation et tous les êtres humains
    Vive la Sociale Démocratie Québecoise et le seul parti politique qui respecte les trois dimensions de la réalité humaine ( individu , nation, humanité) est le Parti Québecois
    Vive le Québec libéré des divisionnistes et des fédéralistes , Vive le Québec libre

  • Archives de Vigile Répondre

    15 août 2009

    Des leaders durables pour le socialisme du 21ième siècle. ???
    Plusieurs partis émergeants dans le monde préconisent précisément le contraire que des leaders durables, pour une raison simple c'est qu'en politique précisément , durabilité semble rimer avec corruption. Plus les personnes restent au pouvoir longtemps, plus ils sont corruptibles.
    Ces partis de gauche préconisent que les élus ou nommés à un poste de responsabilité politique retournent à leur métier d'avant leur vie politique aussitôt leur premier mandat accompli pour tenter d'endiguer précisément la corruption généralisée . Selon ces partis, le mal qui ronge sournoisement est principalement du à la professionnalisation de l'activité politique. Sur le plan strictement démocratique, le pouvoir ne devrait être exercé que par des personnes qui sont à ce poste de manière ponctuelle , élus et répudiables à tout moment par l'électorat quand le mandat ne respecte pas le programme promotionnel de la campagne par exemple. Tout un chacun devrait pouvoir exercer ces fonctions momentanément au cours de sa vie. La vraie démocratie ne s'en porterait que mieux et il est bien évident aussi que dans cette perspective, il ne saurait être question de considérer élu quiconque n'aurait pas la majortié absolue, ABSTENTIONS comprises !
    Autrement dit avec de tels principes Charest n'aurait pas été reconnu comme premier ministre du Québéc, Harper pas plus du Canada et le parlement Européen récemment aurait du organiser un second scrutin pour avoir une légitimité quelconque.
    En réponse à certaines interrogations concernant le communisme et le socialime, courramment objectées je conseille fortement la lecture suivante : Pilger ancien journaliste de guerre nous parle fort bien de l'Impérialisme.

  • Archives de Vigile Répondre

    14 août 2009

    Le socialisme conduit toujours au communisme
    « (…). Mais un philosophe de l’histoire italien, Domenico Losurdo, appelle les communistes à redresser la tête, à renouer avec leur glorieux passé et à reprendre en fervents lutteurs le combat inachevé d’un système qui n’a eu jusqu’à date que deux cents ans d’apprentissages historiques. »
    Le livre noir du communisme… est une bonne référence à ce « glorieux passé ».
    « Domenico Losurdo, appelle les communistes à redresser la tête ».
    Ce nouveau Palmiro Togliatti du XXIème, qui veut-il duper ?
    JLP