Des jeux vidéo à l’école?

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Il faut revenir à l'enseignement des fondamentaux


Une des plus grandes peurs de l’homme de notre temps, c’est de ne pas être assez moderne. Elle le hante. Alors il guette les modes, vestimentaires, culturelles, politiques et intellectuelles en cherchant chaque fois à se mettre au diapason de son époque. S’il n’y parvient pas, il se sentira déclassé, déphasé et ringard. On le traitera de conservateur. Et même de réactionnaire.


La plupart de nos contemporains, qui n’ont pas l’estomac assez solide pour supporter la controverse, décident alors de suivre la vague. Faire le mouton, ça peut être très rassurant.


Technologie


Et cette très vilaine manie s’est emparée de l’école. Depuis longtemps d’ailleurs. Alors qu’elle était porteuse d’une riche tradition humaniste, l’école s’est laissée réformer au cours des dernières décennies par mille innovations pédagogiques plus loufoques les unes que les autres. Il fallait relativiser, ou même abolir, le rapport entre le maître et l’élève, et cela, au nom d’une éducation anti-autoritaire.


Il fallait aussi rendre la culture moins intimidante. On a chassé les grands textes de la littérature pour proposer une lecture plus proche du quotidien de l’élève. On a ainsi favorisé un processus de déculturation à grande échelle. La nouveauté n’est pas toujours créatrice. Elle peut être destructrice. Illusion du progressisme !








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Mais cela dit, cette quête de la modernité à tout prix se révèle surtout aujourd’hui dans la volonté de connecter l’école aux nouvelles technologies. Le grand fantasme, c’est d’enseigner avec un écran. On rêve à l’école-iPad. On cherche à tout prix à transformer le téléphone portable en instrument pédagogique. Et maintenant, on veut en faire de même avec les jeux vidéo, en les intégrant au domaine des « sports électroniques ».


Dans une société cyberdépendante, où la jeunesse est soumise à un conditionnement technologique sans précédent, qui relève à certains égards de l’hypnose collective et de la manipulation des consciences, la présence hégémonique des écrans est en train de devenir un problème de santé publique.


C’est un tout autre rapport à l’éducation qu’il faudrait privilégier. Je m’imagine un instant ministre de l’Éducation. J’aurais un objectif clair : désécraniser l’école. C’est-à-dire que je romprais avec la culture des écrans.


C’est autour d’un slogan qu’il faudrait se rassembler : à l’école, on se débranche ! À l’école, on renoue avec la concentration. À l’école, on renoue avec la lecture. On renoue avec le livre. Et quand vient le temps de faire du sport, on en fait vraiment, sans la médiation d’une console de jeux vidéo. En d’autres mots, l’école devrait moins chercher à se plier à l’esprit de l’époque que résister à ses tendances destructrices.


Tradition


On nous répondra que les choses sont plus compliquées. Qu’il ne faut pas caricaturer. Qu’on peut faire un usage subtil et intelligent des jeux vidéo à l’école sans s’aplatir devant la civilisation du Nintendo.


Mais je ne le crois pas.


Un professeur qui connaît sa matière ; une classe attentive faite d’élèves au moins minimalement disciplinés ; une pédagogie fondée sur la culture et la transmission d’un patrimoine de civilisation : telle devrait être l’école québécoise.