Denis Coderre dans l'eau chaude

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«Maudit que ça regarde mal..., surtout pour un politicien qui a été éclaboussé par la Commission Gomery»





J'hésitais entre vous dire ce que je pense du retour du baseball à Montréal et la tuile qui vient de tomber sur la tête de Denis Coderre.


Allons-y pour la tuile à 25 000. Le baseball peut attendre. Et vous devez vous douter de ce que j'en pense.


Impossible de nos jours de faire de la politique sans qu’une rumeur, ou deux, ou trois, n’effleure ces pauvres élus. Et plus ils perchent haut dans la pyramide du pouvoir, plus les rumeurs sont vicieuses.


Et parfois, pas si souvent que cela, après enquête, les rumeurs se transforment en faits.


Depuis le temps que des mauvaises langues colportent toutes sortes de méchancetés jamais prouvées au sujet de Denis Coderre, quand il était ministre à Ottawa, il fallait bien qu’un de ces jours quelque chose retienne l’attention de journalistes fouineux, cette fois Félix Séguin et Jean-Louis Fortin, du Bureau d’enquête du Journal.


Un cadeau d’un ami


Les faits: en 2012, avant d’être élu maire de Montréal, Denis Coderre a reçu et encaissé un chèque personnel de 25 000 $ provenant de l'homme d’affaires et organisateur politique libéral Jean Rizzuto (pas lié à la famille mafieuse).


Je dis bien ‘a encaissé’, pas ‘aurait encaissé’.


Il va sans dire que le maire, et son généreux donateur, ont nié l’existence de ce chèque jusqu’à ce que les journalistes leur présentent une preuve, toujours un excellent WD-40 pour mémoires rouillées.


Pourquoi cette belle générosité entre membres de la même famille politique ? Denis Coderre devait pas mal d’argent à la firme d’avocats qui l’avait représenté dans l'affaire du joueur de hockey Shane Doan, dont il avait dénoncé les propos anti-francophones quand il était ministre d’État au Sport amateur et responsable de la Francophonie. Les deux hommes s'étaient poursuivis mutuellement.


L’affaire s’est réglée à l’amiable. Mais les avocats eux, sont moins compréhensifs. Et puis, 25 000 $ c’est beaucoup pour un salaire de ministre junior. Rizutto a donc voulu aider son ami Denis - ils se connaissent depuis 30 ans - qui a envoyé un chèque de 25 000 $ à ses avocats dans les jours qui ont suivi.


Ni vu, ni connu.


Ce qui n’est pas sans rappeler l’affaire Duffy qui a pu rembourser ses dettes à l’État grâce à un don de 90 000 $ du chef de cabinet de Stephen Harper, Nigel Wright, dont la fortune est estimée à 25 millions $ et qui, fait inusité, n’a jamais demandé le moindre remboursement de dépenses pendant ses années au service de l’État. ‘J’en avais les moyens.’ Rafraîchissant.


Duffy sera éventuellement blanchi des accusations d’abus de confiance et de corruption liées à ce cadeau empoisonné et la GRC conclura que Wright n’a rien fait d’illégal.


La police enquête


Cela n’empêche pas l’UPAC de trouver la transaction entre Rizzuto et Coderre ‘douteuse’ et de nommer un enquêteur. La GRC aussi s’intéresse à l’affaire.


Soyons clair : il n’y a ni accusations, ni allégations de conduite criminelle de part et d’autre. Mais le Code d’éthique de la Chambre des communes disait à l'époque qu’un député ne pouvait accepter un cadeau si on pouvait raisonnablement croire qu’il avait été offert pour influencer le député. Mais il le cadeau aurait du être déclaré et Denis Coderre ne se souvient pas de l'avoir fait.


Tout cela est bien beau mais voici où les choses prennent une tournure loufoque.


Rizutto, qui avait tout d’abord ‘oublié’ ce cadeau, s’est ensuite rappelé avoir aidé son ami au nom de la cause du français. ‘C’est important pour l’image du Québec.’ Tu m'en diras tant. Denis Coderre aussi a expliqué s'être porté à la défense du français. .


Ouais.


On peut trouver tirée par les cheveux cette ‘défense’ de la défense du français mis en péril par un joueur de hockey albertain mais il y a pire. Contacté par les journalistes il y a trois semaine, le maire Coderre a nié trois fois au téléphone avoir reçu un chèque de 25 000 $.


Avant de s’en souvenir.


Explication ? Le maire attribue ce blanc de mémoire à sa prostatite aiguë : ‘J'étais totalement indisposé, j'étais en douleur, je ne me rappelle pas tout ce que j'ai dit’.


Quand on est malade à ce point, on ne répond pas aux journalistes.


Il n’y a aucune raison de croire, pour l'instant, que Jean Rizutto a obtenu des faveurs de la part de Denis Coderre quand ce dernier est devenu maire de Montréal. Mais, comme on dit, maudit que ça regarde mal pour tout le monde, surtout pour un politicien qui a été éclaboussé par la Commission Gomery.


N’apprendront-ils jamais ?




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