Grève étudiante

Dégeler l'impasse

Conflit étudiant - grève illimitée - printemps 2012



À quoi reconnaît-on le véritable courage? S'agit-il de celui dont se targue le premier ministre Jean Charest pour justifier une hausse des droits de scolarité devenue à ses yeux aussi noble que nécessaire? S'agit-il plutôt de l'audace affichée par ces dizaines de milliers d'étudiants grévistes contestant toujours dans l'adversité?
On finira bientôt par conclure que les courageux cachent des pleutres. Des poltrons qui ne voient de propice que leur proposition, qui restent campés sur leurs positions, qui font la sourde oreille aux compromis ici et là soumis au débat. De ceux-là, il y a dans les deux camps. Étudiants, qui n'acceptent de voie autre que le gel ou la gratuité; gouvernement, qui refuse d'envisager le dialogue.
Après le ministre des Finances Raymond Bachand, qui avait timidement évoqué la bonification possible de l'aide financière, le premier ministre a poussé mardi un brin plus cette porte entrouverte pour dire que des améliorations étaient envisageables. Mince, mince, mince ouverture. Hier, la ministre de l'Éducation Line Beauchamp a plutôt maintenu la ligne dure, repoussant toute possibilité de discuter avec ses vis-à-vis étudiants, en dépit d'appels de plus en plus pressants — venus même du patronat...
Une certaine nervosité s'est ajoutée à la fébrilité de la grève. Des doués pour les sorties de crise se font entendre. Par exemple, hier, le chef fondateur de la Coalition avenir Québec, François Legault, a mis au jeu de nouvelles règles fiscales dans le but de dénouer l'impasse, qui commence à l'excéder, avec raison! C'est aussi sur un certain ton impatient qu'en nos pages l'ex-recteur de l'Université de Montréal, Robert Lacroix, a soumis à l'analyse des propositions qui, pour un partisan farouche de la hausse tel que lui, présentent un véritable mérite: celui de prétendre à un «dégel» de l'impasse.
Il pense à la mise sur pied d'un système de remboursement des prêts proportionnel au revenu gagné; à la révision du seuil de revenu annuel des ménages pour éviter de pénaliser les familles de classe moyenne à faible revenu, un des noeuds de la crise; et à la création d'un conseil des universités permettant de «dépolitiser» le débat — riche idée!
Depuis la montée de ce crescendo étudiant, les avis et conseils ont été nombreux: il fut ainsi question de l'uniformisation des droits de scolarité et des droits institutionnels obligatoires, afin de créer un montant global réel; d'une augmentation graduelle et raisonnable des droits; d'une révision automatique annuelle moulée à l'inflation; d'un impôt post-universitaire mis en fonction après diplomation; de maints scénarios de remboursement proportionnels au revenu; sans compter le nombre de mises en garde sur le niveau d'endettement des étudiants et les effets possibles d'une hausse sur l'accessibilité et la combinaison travail-études des futurs diplômés.
Impossible de conclure qu'un entre-deux n'est guère possible: la matière, bien au contraire, est riche pour nourrir le dialogue. Le gouvernement ne peut plus se défiler. Les étudiants doivent concéder qu'ils peuvent négocier. Des deux côtés de la clôture: courage à l'étude!


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