De la grande (et fort brève) visite albertaine

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Couillard peu convaincant en patinage artistique





Mardi matin, de la grande (et fort brève) visite débarquait au bureau du premier ministre Philippe Couillard.


La nouvelle première ministre néo-démocrate de l’Alberta, Rachel Notley, faisait en effet du Québec sa première visite officielle chez un homologue provincial. Rappelons que Mme Notley rencontrait le premier ministre canadien la semaine dernière.


Et donc, réunion demain à Terre-Neuve du Conseil de la fédération obligeant, il fut évidemment question de politique énergétique.


D’autant que ce lundi, le Globe and Mail rapportait la forte possibilité d’une entente imminente sur le sujet entre les premiers ministres provinciaux . Une entente qui, selon le quotidien torontois, viserait essentiellement  à accélérer l’approbation de projets énergétiques, dont le transport d’énergie pétrolière ou hydro-électrique.


Cette intention d’«accélérer» le processus risquant par définition de tourner les coins ronds sur le front environnemental, le premier ministre Couillard niait formellement une telle volonté en conférence de presse conjointe avec Mme Notley. À suivre... Puisque dès qu’il est question des sables bitumineux albertains particulièrement polluants, les inquiétudes, avec raison, ne manquent pas.


Surtout que la volonté des autorités politiques québécoises de travailler de concert avec l’Alberta dans le dossier pétrolier, tous partis confondus, ne date pas d’hier. Rappelons qu’en 2012, la première ministre Pauline Marois, en réunion au Conseil de la fédération, en avait surpris plusieurs en créant un groupe de travail conjoint sur le dossier pétrolier avec son homologue albertaine de l’époque, Allison Redford...


***



De la gauche à la droite et de la droite à la gauche...


Cette visite de la première ministre Notley était aussi l’occasion de comparer, si l’on peut dire, la vision du NPD albertain nouvellement au pouvoir et celle des libéraux de Philippe Couillard.


Bref, rencontre de l’artisan de l’austérité budgétaire québécoise avec l’artisane du tsunami orange albertain, lequel, en mai dernier à peine, mettait fin à quarante-quatre ans de règne conservateur. 


À la conférence de presse conjointe, un collègue du Soleil a d’ailleurs posé la question suivante en anglais : «Avec l’élection d’un gouvernement néo-démocrate en Alberta, il y a ce sentiment inhabituel que l’Alberta a basculé de la «droite» du Québec à sa «gauche». Vos commentaires, s’il-vous-plaît?» (traduction libre). Cette observation, je la faisais d’ailleurs ici moi-même en mai dernier.


Or,  les réponses des deux premiers ministres étaient tout simplement fascinantes. Leur patinage artistique respectif l’était tout autant...


Première à répondre, Rachel Notley s’est surtout assurée, très diplomatiquement, d’éviter toute comparaison avec son homologue:


«Nous ne définissons pas nos politiques en comparaison avec les autres juridictions. Je pense que ce qui s’est passé en Alberta est que les valeurs des Albertains ont changé. Peu de gens savent que l’Alberta est la province la plus «jeune» du pays (démographiquement parlant). C’est aussi une population très diversifiée. L’Alberta change en fait depuis des années. Nous avons des valeurs très progressistes et tournées vers l’avenir. Je pense que ce qui est arrivé est que la politique a enfin rejoint la population sur ce plan. Je suis très heureuse d’en faire partie. Maintenant, j’ai beaucoup de travail sur la planche et de nombreuses attentes auxquelles je dois répondre.» (Traduction libre).


Deuxième à répondre, Philippe Couillard, connu comme on le sait pour son refus de prononcer même le mot «austérité», y allait d’une déclaration plutôt étonnante :


«Sur cette question, je suis quand même toujours surpris de cette tentative de définir rapidement les gouvernements. Moi, je considère que notre gouvernement, au contraire, milite pour le maintien des acquis sociaux du Québec pour les rendre compatibles avec nos moyens de les financer. Il faut faire face à la réalité des finances publiques, à la réalité de l’économie. Mais ce que nous faisons, ce n’est pas diminuer les dépenses publiques dans les programmes, c’est les augmenter moins rapidement. Ça été dit et redit. Ça doit être redit encore une fois. Alors moi, je ne vois pas beaucoup de distance entre ce que Mme Notley dit et fait actuellement et ce que nous faisons. »


Oh, la, la...


En tout respect, le premier ministre devrait peut-être lire l’économiste Pierre Fortin un peu plus souvent. Pierre Fortin étant loin, très loin pourtant, de la «gauche» dans son domaine.


Selon Pierre Fortin, le Québec serait plutôt l’artisan de politiques d’austérité parmi «les plus sévères» des pays avancés.


Bref, deux perspectives aux antipodes l'une de l'autre...


 


 


 


 




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