Lac-Mégantic

de l’arsenic et du pétrole contaminent toujours fortement la rivière Chaudière et le lac selon Greenpeace et la Société pour vaincre la Pollution

69c673a2c0405201c6cd07ae80bcdd1e

Coquetel hautement toxique

LAC-MÉGANTIC - Quatre mois après le déraillement d’un train chargé de pétrole à Lac-Mégantic, la rivière Chaudière et le lac restent fortement contaminés, malgré les efforts de nettoyage.
En bordure du parc des Vétérans, près de la marina, les sédiments du lac Mégantic contiennent plus de trois fois la norme acceptable d’arsenic.
Quant à la rivière Chaudière, qui alimente en eau potable toute la région, ses fonds renferment à certains endroits plus de 20 fois la norme d’hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP), un cocktail de polluants cancérigènes.
C’est ce qu’ont révélé hier soir Greenpeace et la Société pour vaincre la pollution (SVP) aux Méganticois, sur la base d’analyses effectuées à leur demande par le laboratoire Agat, qui est accrédité par le ministère de l’Environnement (MDDEFP).
Nettoyer avant l’hiver
«S’ils ne sont pas ramassés avant l’hiver, ces produits toxiques vont se retrouver sur les terres agricoles et les pâturages qui bordent la rivière lors des crues du printemps», indique Daniel Green, le président fondateur de la SVP.
De plus, il y a un danger qu’ils migrent au gré des courants jusqu’aux villes qui puisent leur eau potable dans la Chaudière, renchérit Rosa Galvez, professeure de génie civil et de génie des eaux de l'Université Laval.
«Des hydrocarbures pourraient en effet se décoller des berges et du fond de la rivière en raison de crues ou de changements brusques des niveaux de l’eau», indiquait en effet le MDDEFP à la mi-août.
Pour se débarrasser des sédiments contaminés, la seule solution est le dragage des fonds, indique M.Green. Il faut également s’assurer de pomper tout le pétrole dans le sol, car tant qu’il y restera il continuera d’être charrié vers la Chaudière par les eaux souterraines, ajoute Mme Galvez.
Pollution sous-estimée
Le Ministère assurait pourtant à la mi-août que ses analyses démontraient «le respect des critères de qualité relatifs à la protection de la vie aquatique tant pour les effets à court terme qu’à long terme». Plus d’une fois, le ministre de l’Environnement, Yves-François Blanchet, s’est fait rassurant sur la qualité de l’eau, répétant que le pompage du pétrole et les estacades installées sur la rivière sont efficaces.
Mais pour Patrick Bonin, de Greenpeace, «le gouvernement semble banaliser l’ampleur de la contamination». Les chiffres de SVP et de Greenpeace montrent une contamination plus importante que ce qu’a révélé Québec en septembre dans le rapport Golder.
En plus d’un niveau de concentration plus élevée des contaminants, Mme Galvez s’inquiète que les chiffres rendus publics hier démontrent une durée d’exposition prolongée du milieu aux polluants. Les échantillons ont en effet été prélevés les 2 et 3 octobre, soit trois mois après le désastre.
La scientifique fronce également les sourcils devant le nombre élevé de composés de la famille des HAP détecté (21, dont la majorité est cancérigène).
Pétrole de schiste
Connaître la composition chimique du pétrole que transportaient les 72 wagons du train infernal est essentiel pour parvenir à s’en débarrasser adéquatement, souligne M.Green. Or, ceci reste un mystère.
Venu du Dakota du Nord, il s’agissait d’un pétrole de schiste que l’on dope aux solvants pour le liquéfier. En cas de combustion, les solvants s’évaporent et les hydrocarbures lourds restent et coulent en cas de déversement sur l’eau. Ceci le distingue du pétrole léger conventionnel qui flotte en surface, ce qui facilite son ramassage.
Il n’y a toutefois pas de recette unique de cocktail de solvants. Le mélange varie notamment en fonction de la température du sol au moment de la fracturation.


Laissez un commentaire



Aucun commentaire trouvé