De Fratrie en Pratterie

La Presse, c'est le Rona de l'enfoncement du Québécois pour en faire une minorité fédéraliste, néo-libérale et multiculturelle

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Chronique de Raymond Poulin

André Pratte possède une manière bien à lui de retourner n'importe quel
problème comme une crêpe. Par petites touches gentilles, par vraie-fausse
analogie, par amalgame sournois. Parfois, aussi, par inclusion de gros
mensonges que les journaux, dans les jours précédents, ont fini par
travestir en vérités.
J'en veux pour exemple [son éditorial du 19 août->8302], dans lequel il fait dire
à Mario Dumont que le Québec a déjà atteint sa capacité d'accueil, alors
que Dumont a ajouté que ce ne serait le cas que si le gouvernement
québécois ne bonifiait pas les moyens qu'il consacre à l'intégration.
Mais pourquoi André Pratte, tout de même bien renseigné, et pour cause!,
fait-il mine de croire à cette version tronquée? Pour en arriver à sa
conclusion: nous rêvons, prétend-il, d'un Québec uniforme, et le problème
ne réside pas dans notre capacité d'accueil mais bien dans notre volonté
d'accueil. CQFD Voilà. Coupables de mauvaise volonté d'accueil, nous
rêverions d'un Québec uniforme, donc hérétique envers le dogme
multiculturaliste canadien. Savourez-moi cette uniformité, Montréalais du
centre et de la banlieue.
André Pratte fait également partie des "lucides", ce groupe qui, par
l'homélie du chanoine Bouchard, nous a sermonnés de ne pas assez
travailler, alors que le taux de productivité, comme l'a démontré encore
récemment Jacques Parizeau, ne dépend aucunement des heures travaillées ni
de la production horaire individuelle mais du réinvestissement insuffisant
des industries québécoises dans la machinerie, l'outillage, les procédés et
la recherche. Ces mêmes lucides qui nous culpabilisent de profiter de
l'État-Providence au lieu de rembourser la dette nationale que nous
refilons, aggravée, à nos enfants, leurs enfants, les enfants de leurs
enfants, alouette, alors que la dette nationale québécoise, même augmentée
de notre part de la dette fédérale et — chose unique au monde dans ce
calcul — de la dette à long terme des fonds servant à payer la retraite des
fonctionnaires représente une portion moindre du PIB de presque tous les
États de l'Europe occidentale. Ces mêmes lucides qui nous recommandent
chaudement les PPP, alors que, partout où ces trois putes font le trottoir,
le résultat s'avère bordélique et catastrophique, notamment en Angleterre,
contrairement à ce qu'on nous en affirme.
Mais où voyez-vous un rapport entre des sujets comme l'immigration, la
dette nationale et les PPP? Dans tous les cas, nous voilà, Québécois
mécréants — qui préférerions, toujours selon André Pratte, une immigration
athée —, coupables des problèmes économiques structurels et de nous
distinguer de la norme sociale nationale, c'est-à-dire fédérale, coupables
aussi de rechercher l'uniformité, et donc nationalistes ethniques. André
Pratte est trop poli, trop habile surtout, pour employer cette dernière
expression, mais c'est bien ce qu'il insinue.
Bon, tous les lucides ne sont pas fédéralistes, mais André Pratte l'est,
et, comme dans la bonne vieille publicité Aero, son patron aussi. Tout ce
qui peut convaincre le Québécois français de son incapacité, sa
mesquinerie, sa pusillanimité, La Presse l'a. Si une culpabilisation
encore plus mortifiante existait, elle l'aurait; La Presse, c'est le Rona de l'enfoncement du Québécois pour en faire une minorité fédéraliste, néo-libérale et multiculturelle. Non, ce n'est pas, malgré les apparences,
le poisson que noient André Pratte et consorts, c'est leur propre peuple.
Ce sont des québécides.
Pourquoi lire les journaux torontois et The Gazette alors qu'on peut
battre sa coulpe en français? Balzac, en 90 romans, l'a déjà montré: rien
comme sa propre famille pour vous trucider à petit feu, poliment,
proprement mais sûrement.
Raymond Poulin
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Pratte récidive
Quand l’ADQ voulait plus d’immigrants...

André Pratte

La Presse

mardi 21 août 2007
Le chef de l’opposition officielle, Mario Dumont, estime aujourd’hui que le Québec ne devrait pas admettre chaque année plus d’immigrants que les 45 000 qu’il accueillera en 2007. Mais telle ne fut pas toujours la position de l’ADQ. Voici ce que disait à ce sujet la plate-forme électorale du parti, adoptée en mars 2003 :
" Accueillir plus d’immigrants
Dans un contexte où les pénuries de main-d’oeuvre seront plus nombreuses et persistantes, le Québec aura avantage à accueillir plus d’immigrants, tout en renouvelant son effort pour qu’ils puissent vivre et travailler en français. Ayons confiance en notre capacité d’intégration : les immigrants qui choisissent le Québec savent qu’il s’agit d’une société francophone.
Un gouvernement de l’ADQ proposera, à l’occasion de la prochaine consultation publique portant sur la planification triennale des niveaux d’immigration, de rehausser progressivement les niveaux annuels d’immigration. "
Il faut savoir qu’à l’époque, le gouvernement du Québec s’était déjà fixé comme objectif d’accueillir entre 40 000 et 45 000 immigrants en 2003. L’ADQ souhaitait donc que ce seuil soit à nouveau augmenté au cours des années suivantes, au-delà de 45 000. Quatre ans plus tard, alors que le nombre de nouveaux arrivants reste en-deça du niveau visé (44 686 en 2006), M. Dumont juge qu’ouvrir la porte plus grande pourrait entraîner la formation de "ghettos". Qu’est-ce qui a fait changer d’idée les adéquistes ? Ne se préoccupent-ils plus des "pénuries de main-d’oeuvre plus nombreuses et persistantes" ?


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1 commentaire

  • Fernand Lachaine Répondre

    20 août 2007

    Le jour où nous cesserons d'acheter la grosse Presse, il n'y aura pu de Pratterie. Point à la ligne.
    Fernand Lachaine