Coup d'état pour un tramway

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« Le tramway est un projet de fou, tombé du ciel après les dernières élections municipales, et qui bousillera les finances de Québec pour des décennies. »


 Il se passe quelque chose d’inhabituel à l’Assemblée nationale, ces jours-ci. Quelque chose de croche.  


Ça sent le parti-pris. Ça pue la tricherie, la mouffette de l’hypocrisie, les dés pipés honteusement... 


Le berceau de la démocratie québécoise est le site d’une farce parlementaire plutôt rare chez nous.  


Il s’agit évidemment de l’étude du projet de loi 26 sur le tramway post-électoral de Québec. On dit «étude» mais c’est plutôt le théâtre bas de gamme d’une république bananière. Pas de place pour la critique, pour le doute, pour la raison... Rien que l'empressement de dépenser... Ou de passer à l'histoire. 


Non seulement le gouvernement Legault donne-t-il deux fois la parole au suffisant Rémy Normand, il invite au spectacle l'inénarrable Bombardier, agrippée aux mamelles de l’État comme une milléniale à sa mère... Les partisans de la tétée sont sans doute comblés. 


L’expression de quelque opinion contraire n’est donc pas permise. On se croirait dans une réunion syndicale. Ou au soviet de 1937, à l’heure des grands procès... 


L’opposition municipale n’a tout simplement pas droit de parole! Comme si tous les citoyens de Québec appuyaient ce foutu projet. Le silence est imposé dans une sorte de black-out politique et personne, chez les habituels défenseurs de la démocratie, ne dit mot... 


Ça donne la nausée, ce gavage idéologique orchestré par les barbouzes de l’alliance nauséabonde des grands projets publics... 


Le tramway est un projet de fou, tombé du ciel après les dernières élections municipales, et qui bousillera les finances de Québec pour des décennies. Les morts en riront mais les autres... 



Coup d'état pour un tramway

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Pour le moment donc, on assiste à une sorte de coup d’état. Comme en sont capables nos élites, pétries d’immoralité, et avec l’assentiment passif de députés transformés en plantes vertes.  


La majorité silencieuse est bouche bée, évidemment. Elle les croyait différents, courageux, réalistes. Ils sont comme les autres : invertébrés, beiges, tièdes, les yeux dans le vague et la tête ailleurs; on dirait des cactus qui ont besoin d’eau... 


L’électeur moyen assiste à cette comédie mettant en vedette des caquistes déteints, des péquistes somnambules et des révolutionnaires en espadrilles qui n’ont soudainement rien à dire devant cet abus de pouvoir. 


Entendre Rémy Normand discourir vaniteusement, c’est déjà exigeant. L’entendre deux fois, c’est franchement déprimant, surhumain, une torture pour quiconque a quelque amour-propre.  


On dirait Moïse s’adressant à des imbéciles... «C'est don' dommage», dit-il aux gens d'en bas... 


Mais personne ne lui donnera la réplique. Jean-François Gosselin, le chef de l’Opposition, n’a pas le droit de parler aux députés de Québec! Aussi simple que ça dans une république qui fleure la banane. Tu approuves ou tu te tais... 


Quant à Bombardier, l’inviter en commission parlementaire, c’est non seulement gênant, c’est grossier. On est dans l’amateurisme, la fumisterie, la duplicité. Qu’en dit Alstom? Seimens? On fait ça entre nous, les gros contrats juteux? 


Bombardier, critiquée de par le monde, gratinée chez elle à coups de primes, de bonis et de subventions à donner la nausée aux morts fiscalisés...  


Ça en dit long sur le sens de l’État des uns et des autres. Et ça en dit long sur la valeur des appels d’offres qui seront écrits de concert avec les grosses têtes du monde ferroviaire. 


Il y aura procès, évidemment, les concurrents réagiront et les Québécois devront passer à la caisse même s’ils n’ont rien à voir dans ce grand brassage de fric... Leur destin n'aura été qu'un génocide fiscal... 


Ainsi va la vie dans la Coalition de l’United Fruit Company... 



Coup d'état pour un tramway

JEAN-FRANCOIS DESGAGNES/JOURNAL




Mais un jour les mégalomanes quitteront la scène, laissant les génuflecteurs et les lèche-bottes à eux-mêmes... Il sera bien tard pour critiquer quand ils seront partis sous des cieux plus cléments, pensionnés, invisibles et sanctifiés. 


Il sera bien tard pour mettre au défi les absents et les adulateurs quand la scène sera vide... 


Ah, ils l’auront dans l’os, les citoyens hypnotisés, bernés, convaincus de la soi-disant générosité des gouvernements supérieurs. Quand leurs taxes se mettront à grimper inexorablement, plus vite que la dette, il faudra assumer les factures laissées en plan par les césars et les sénateurs du génie-conseil. Parions que les adulateurs seront alors plus circonspects... 


On recommandera sans doute la patience à ceux qui voudront une aide gouvernementale pour bris de solage, fissure des murs et pollution sonore. On appellera à l'aide les agents d'immeubles. On filera à la campagne, à l'abri des confiscateurs municipaux... 


Rien ne se perd et tout se paye. Capital et intérêts. Un tramway, comme le reste. Croire à un rabais quelconque est une illusion qui coûtera cher en criss.