Coronavirus et fin de la mondialisation

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La mondialisation concentre la production des biens dans quelques pays vulnérables


La mondialisation a-t-elle été trop loin ? Le nouveau coronavirus chinois apporte de l’eau au moulin pour ceux qui pensent que la mondialisation est devenue nocive. Le plus bel exemple de cette nocivité est la crainte que les pays industrialisés commencent à manquer de médicaments en raison des interruptions de production en Chine. 


Il y a longtemps que les bienfaits et les désavantages de la mondialisation sont soupesés. 


Pour les uns, la montée générale de la richesse à travers le monde correspond à la multiplication des échanges internationaux. Pour les autres, cette nouvelle richesse s’est constituée sur le dos des classes moyennes, en particulier dans les pays industrialisés. 







Délocalisation de la production 


Pour des raisons de coûts de production, les grands fabricants de produits pharmaceutiques ont délocalisé une partie de leur production dans des pays en développement, en particulier en Chine et en Inde. 


Des voix s’élèvent depuis longtemps pour critiquer les conditions de production déficientes dans les pays en voie de développement : normes faibles, culture sanitaire déficiente des employés, degré de pureté moindre des médicaments, etc. 


Mais la nouvelle inquiétude provient du danger d’interruption des chaînes de production en raison d’une catastrophe. Il est évident que les entreprises chinoises, malgré toute la bonne volonté du gouvernement chinois, seraient incapables de respecter leur contrat de livraison si la crise du nouveau coronavirus perdurait ou s’étendait davantage. 


Risque intolérable 


Ce risque est intolérable. Il était très certainement sous-estimé avant l’épidémie du nouveau coronavirus. La meilleure solution consiste à constituer des pôles de fabrication pour les principaux médicaments sur chaque continent. 


Évidemment, la Chine et l’Inde s’opposeront à cette solution, parce que les deux pays perdront des marchés importants. Mais l’impératif de sécurité pourrait pousser les gouvernements des pays industrialisés à agir en ce sens. Bruno Le Maire, le ministre des Finances de la France, a déclaré hier que l’épisode du coronavirus devrait inciter la France à produire davantage de biens stratégiques à l’intérieur de ses propres frontières. 


Au-delà de l’exemple des médicaments, c’est en effet toute la chaîne de distribution des produits qui apparaît soudainement fragilisée. Et pas seulement par les catastrophes naturelles. 


Blocus autochtone 


Ici même, le blocus de certains Autochtones nuit considérablement à la réputation des entreprises canadiennes. Dans la mesure où le blocus sera de courte durée, les entreprises pourront retrouver leurs clients. Mais si ce blocus devait se prolonger, alors les clients des entreprises canadiennes se tourneraient vers d’autres fournisseurs. 


Or, le Canada n’est pas le seul pays à faire face à des manifestants qui tentent de paralyser l’économie nationale. Depuis 10 ans, des Gilets jaunes aux manifestants en Algérie ou au Liban, plus d’une cinquantaine de mouvements sociaux à travers le monde ont menacé d’interrompre l’économie de leur pays. 


La mondialisation se trouve ainsi fragilisée. Elle devient même dangereuse, puisqu’elle a tendance à concentrer la production de biens stratégiques dans un très petit nombre de pays. 


Pour le Québec et le Canada, la fin de la mondialisation, telle que nous l’avons connue, pourrait impliquer une intégration encore plus grande au marché américain. Celle-ci serait un désastre politique, social et culturel. Heureusement, d’autres options existent.




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