Les résultats au premier tour du scrutin pour les présidentielles en Haïti n’ont pas été à la satisfaction d’un certain nombre de pays dont les États-Unis. Quant aux candidats perdants et à leur partisans, il était prévisible qu’ils ne soient pas très heureux d’être mis à l’écart du second tour. Personne n’aime perdre. Les manifestations qui ont suivi, sans doute provoquées par l’insatisfaction interne et possiblement encouragées par certains intérêts internationaux, ont bien servi la volonté des États-Unis de reprendre le contrôle de ces élections pour les ajuster à ses attentes.
Le scénario utilisé est de toute beauté. D’abord, il faut prendre en compte que le Brésil et plusieurs pays de l’Amérique du Sud ainsi que l’ONU avaient plutôt favorisé le respect de ces résultats que les observateurs internationaux avaient validés. Les manifestations locales, dans bien des cas amplifiées et mises en évidence dans la presse internationale ont donné prétexte au Canada pour retirer son ambassadeur. Mme Clinton a profité de l’occasion pour se réunir avec ses collègues d’Ottawa et du Mexique pour mettre au point une stratégie d’intervention et faire savoir au peuple et au gouvernement d’Haïti qu’il leur appartenait de prendre leurs responsabilités, que la « communauté internationale » ne pouvant tout faire. Rien en tout cela qui puisse avoir une quelconque parenté avec l’interventionnisme.
La table est donc mise pour qu’entre en action l’Organisation des États américains (OEA), organisme multilatéral régional des plus objectifs et hors de tout soupçon d’influences indues, et demande au gouvernement et au Conseil électoral national haïtiens de retarder la publication des résultats du recomptage effectué par ces derniers. Il faut croire que ce recomptage ne changeait pas la « donne » des premiers résultats et était, par le fait même, suspect. Selon toute vraisemblance, le gouvernement haïtien aurait alors demandé à l’OEA de procéder elle-même à un nouveau recomptage. À cette fin, trois pays ont été choisis pour procéder à ce recomptage. Par pur hasard et n’allez pas y voir quelque influence que ce soit, il s’agit des États-Unis, du Canada et d’un pays non membre de l’OEA, la France. Aucun pays de l’Amérique latine et des Caraïbe n’a été retenu, pourtant largement majoritaire en nombre dans l’OEA. Il faut croire que le destin arrange bien les choses.
Alors nous voilà donc dans la situation où les bulletins de vote sont remis entre les mains de ceux qui ne trouvaient pas leur compte dans les premiers résultats. Je vous assure que les résultats qui vont suivre seront, cette fois, les bons et surtout, ils seront conformes aux attentes de la « communauté internationale », comme ils ont l’habitude de s’appeler. La presse sur laquelle ils ont bon contrôle aura vite fait de valider leurs conclusions et de mettre en évidence l’apport inestimable de l’OEA à la démocratie en Haïtie.
Oscar Fortin
Québec, le 30 décembre 2010
Haïti
Comment reprendre le contrôle d'un scrutin
Lorsque l'hypocrisie devient vertu
Tribune libre
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Formation en Science Politique et en théologie. Expérience de travail en relations et coopération internationales ainsi que dans les milieux populaires. Actuellement retraité et sans cesse interpellé par tout ce qui peut rendre nos sociétés plus humaines.
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2 commentaires
Archives de Vigile Répondre
31 décembre 2010Merci Madame pour votre commentaire plus que pertinent. Je profite de l'occasion pour vous souhaiter une bonne et heureux année 2011. Que la paix et le bonheur soient au rendez-vous de vote quotidien.
Oscar Fortin
Jeannot Duchesne Répondre
30 décembre 2010Et oui cette belle et bonne France qui n'a reconnu l'indépendance d'Haïti qu'après lui avoir soutiré 90 millions de francs en 1838.
Une somme que Jean Bertrand Aristid avait évaluée à plus de 20 milliards d'euros aujourd'hui et qui en exigeait le remboursement.
Jeannot Duchesne