Comment mettre la droite K.-O. !

Mais il ne faut pas se penser faible là où on est fort. Il ne faut pas se laisser assommer par les sophismes de droite. Il faut les mettre K.O.

JF Lisée - "Comment mettre la droite KO?"


Le Québec est-il en train de virer à droite, comme le reste du continent ? Je ne le crois pas. Mais comme, en plus, je ne le souhaite pas, je publie cette semaine un ouvrage — Comment mettre la droite K.-O. en 15 arguments! — dont je vous offre un bref extrait.

Saviez-vous que le taux de suicide, au Québec, n’est pas parmi les plus élevés au monde? Qu’il n’est pas parmi les cinq premiers ? Ni les 20 premiers ?
Comme vous, je croyais que le Québec était un champion du suicide, symptôme de grave dysfonction de notre société. Or ce taux se loge au 26e rang, derrière des pays où il fait bon vivre comme la Finlande, la Belgique, la France ou la Suisse.
Quel rapport avec la droite ? Le voici : à lire tout ce qu’elle dit et écrit sur la « médiocrité » de l’économie québécoise, l’enfer fiscal qui nous brûle, le corporatisme et la sclérose que nous imposent l’État, les syndicats et la gauche, notre endettement catastrophique, notre niveau de vie anémique, notre faible productivité, notre propension à ne pas travailler, bref, sur notre immobilisme, une très grande question s’impose à nous. Mais pourquoi donc notre taux de suicide n’est-il pas parmi les plus élevés au monde ?
Parce que les Québécois observent ce qui se passe autour d’eux et n’arrivent tout simplement pas à croire qu’ils sont les cancres de l’Occident. Au printemps 2010, 71% des Québécois ont dit à CROP que leur situation était comparable ou meilleure que celle des autres pays industrialisés. Ce, malgré que le poids médiatique des tenants de la droite conservatrice est plus forte que jamais.
Au hasard, on lisait en septembre 2011 dans le Journal de Montréal cette chronique de Benoît Aubin:

Nous avons développé ici un mépris de la loi, et une complaisance face aux responsabilités individuelles qui n’ont d’égal que notre tolérance de la médiocrité et de «l’à-peu-près». […] Nous vivons dans une société surtaxée qui n’en donne à personne pour son argent, une société plus intéressée à protéger ses acquis qu’à bâtir l’avenir : un milieu propice à ce type de cancer. Ce n’est pas tant d’une commission d’enquête dont un certain Québec a besoin en ce moment, mais d’un miroir, pour mieux voir ce qu’il est devenu.

Il y a là un paradoxe. Comment les pratiquants de « l’à-peu-près » peuvent-ils avoir fait de Montréal la troisième capitale mondiale de l’aérospatiale? Pourquoi la moitié des effets spéciaux d’Hollywood sont-ils produits chez nous? Comment expliquer qu’une entreprise de Laval, Mondo, ait construit la piste d’athlétisme, les terrains de basketball et de handball des Jeux olympiques de Pékin de 2008, que le Groupe GSM, de Montréal, ait aménagé l’observatoire au sommet de la tour la plus haute au monde à Dubaï ?
Bref, comment notre « tolérance pour la médiocrité » explique-t-elle que nos créateurs soient constamment appelés à la rescousse pour mettre en scène des hommages aux Beatles, à Michael Jackson, ou au centenaire du cinéma, que nous avons plus que notre part d’astronautes ou de sièges d’organisations internationales ?
On sent bien qu’une droite québécoise carbure à la détestation du Québec, à la détestation de soi. Il y a une joie non feinte à présenter le Québec comme retardataire, tribal, paresseux. Son organisation politique, son système social, ses organisations, sa fiscalité, ses services publics serait donc tous contaminés par cette médiocrité présumée et devraient en être purgés.
Cela signifie-t-il que chaque argument de droite est nul et non avenu ? Non, évidemment. Le Québec, comme toutes les sociétés, a ses faiblesses, dysfonctions, grippages. Et vit aujourd’hui avec le cancer de la corruption.
Dans un environnement qui vire nettement à droite le Québec a pour défi de trouver un point de passage entre la régression sociale incarnée par les néolibéraux et un refus du changement qui nous condamnerait au sur-place. J’estime que les Québécois sont preneurs de réformes importantes, pour peu qu’elles respectent leurs valeurs.
Mais il ne faut pas se penser faible là où on est fort. Il ne faut pas se laisser assommer par les sophismes de droite. Il faut les mettre K.O.

On peut entendre ici une entrevue donnée à Michel Desautels
On peut voir ici une entrevue donnée à Richard Martineau.

Et pour vous donner l’eau à la bouche:
Sommaire
Introduction : De quoi se flinguer !
Qu’est-ce que la droite ? – Et la gauche ? — Droite québécoise et détestation de soi – Mettre la droite K.-O.
I – Les fausses affirmations de la droite
#1 : Le Québec est économiquement médiocre
_ #2 : Les Québécois ont un niveau de vie très faible, face à leurs voisins
_ #3 : Les Québécois ne sont pas travaillants
_ #4 : Les Québécois ne sont pas productifs
_ #5 : Le Québec est le champion américain de la pauvreté
_ #6 : Le Québec est un « enfer fiscal »
_ #7 : Le haut taux de syndicalisme québécois est un boulet
_ #8 : Le Québec impose un fardeau trop lourd à ses entreprises
_ #9 : Avec leurs impôts, les Québécois n’en ont pas pour leur argent
_ #10 : Le Québec est infesté de fonctionnaires
_ #11 : Le Québec est l’endroit où le plus de gens ne paient pas d’impôt
_ #12 : Le Québec souffre d’un des pires endettements au monde
_ #13 : Sans la péréquation, les Québécois n’auraient pas le sou
_ #14 : Les Québécois forment une tribu nombriliste, refermée sur elle-même
_ #15 : Le faible taux de natalité québécois est un signe de déclin
II – Et si on faisait encore mieux
Nous concentrer sur l’augmentation de la productivité – Tabler sur notre énergie et dégonfler notre dette – Trouver de nouveaux revenus pour financer notre générosité
III – La droite n’en parle jamais !
Québec, un havre de faible criminalité sur le continent – Obésité : le Québec ne fait pas le poids – Jeux de hasard : les Québécois pas si accrocs que ça – La statistique qui ne tue pas : l’espérance de vie.
IV – Et la souveraineté, c’est mort ?
Le courant jet de la souveraineté – Les jeunes, plus Québécois que jamais – On s’attache au Québec, on se détache du Canada – Un autre progrès : l’estime de soi économique – Un prédicteur, pas une affaire conclue – La volonté politique – Gauche, droite et souveraineté – Parizeau, homme de gauche ? – La coalition souverainiste, aujourd’hui et demain
Conclusion : La montée de la droite ? Une illusion d’optique
Le bruit: le volume de la droite monte – Et les idées de droite dans l’opinion ? – Un vrai recul: le respect pour l’entreprise privée – Une amirkhadirisation du Québec? – Une indication plus concrète – Les choses: la droite, combien de divisions ?
Remerciements
Sources

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Jean-François Lisée297 articles

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Ministre des relations internationales, de la francophonie et du commerce extérieur.

Il fut pendant 5 ans conseiller des premiers ministres québécois Jacques Parizeau et Lucien Bouchard et un des architectes de la stratégie référendaire qui mena le Québec à moins de 1% de la souveraineté en 1995. Il a écrit plusieurs livres sur la politique québécoise, dont Le Tricheur, sur Robert Bourassa et Dans l’œil de l’aigle, sur la politique américaine face au mouvement indépendantiste, qui lui valut la plus haute distinction littéraire canadienne. En 2000, il publiait Sortie de secours – comment échapper au déclin du Québec qui provoqua un important débat sur la situation et l’avenir politique du Québec. Pendant près de 20 ans il fut journaliste, correspondant à Paris et à Washington pour des médias québécois et français.





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