Comme je vivais le syndrome de la page blanche alors que je voulais livrer un peu de sens aux choses de la vie, par le biais de cette réflexion philosophique hebdomadaire, un appel à l’aide lancé à mes amis par courriel m’apporte de l’eau au moulin.
L’un de mes amis le plus cher (merci Jean-Louis), un africain du Congo Brazzaville, me fit la suggestion d’aborder le thème de la confiance, un thème central à un discours qu’il doit livrer ce week-end. Il me confiait « c’est aussi niaiseux que ça comme thème, mais il est précieux ». Comment pouvons-nous ne pas acquiescer à une telle remarque? Et non mon cher Jean-Louis, c’est loin d’être niaiseux ou imbécile le thème de la confiance : comment l’être humain pourrait-il fonctionner dans la vie sans une certaine dose de confiance? La très grande majorité de nos décisions ne sont-elles pas, en fin de compte, appuyé sur la confiance justement?
Dès sa naissance l’humain est confronté à un monde hostile au sortir du sein maternel d’où il a séjourné pendant les neufs premiers mois de son existence, dans un confort, une chaleur et un milieu aussi douillet que celui sein de sa mère. Puis pouf! Il est poussé dans ce monde sans qu’on lui ait vraiment demandé son avis, coupé abruptement de tout ce grand confort. Il sort de son cocon pour arriver dans un milieu où son sens de l’épiderme doit subir un choc thermique, probablement une claque sur le fessier, la coupure du cordon ombilical, le lavement à une eau probablement beaucoup moins confortable par rapport au liquide dans lequel il immergeait dans le sein maternel. Puis enfin, on l’emmaillote pour le remettre quelques instants dans les bras de celle qui l’a portée pendant neuf mois. C’est précisément à cet instant que le siège de la confiance va prendre place dans la vie de cet individu. Toute une mise à l’épreuve pour un début de vie sur Terre, ne trouvez-vous pas? Comment la confiance de ce jeune poupon va-t-elle pouvoir émerger d’une telle épreuve? Dès le début de notre existence terrestre la confiance est un élément clé pour être en mesure de traverser ce fleuve de la vie. Elle sera fondée sur le rapport que le milieu d’accueil (la mère et le père) aura forgé pour ce jeune poupon. Je dis ce jeune poupon en parlant de « il », n’oublions pas que nous avons tous passé par ce stade.
Qu’en est-il alors du terme de cette vie? La fin de la vie est une réalité que tout être humain doit confronter, ce terme de la vie est inscrit sur la feuille de route celle-ci. Quel rapport avec la confiance certains auront instinctivement à l’esprit? Mais tout est là justement : la fin de la vie « la mort » faut dire le mot, a un rapport direct et intimiste par rapport à la confiance que l’humain a en l’existence. Ce qu’il y a de l’autre côté de la fin de l’existence terrestre personne de vivant ne l’a expérimenté, et lorsque l’expérience de la mort vient prendre le souffle d’une personne, celle-ci n’est plus en mesure de revenir nous en parler, n’ayant plus les capacités sensibles de le faire. Ici la confiance pourrait aisément prendre le nom et devenir concept de foi, la foi en quelque chose de meilleur, la foi en une dimension infiniment plus grande que celle où nous expérimentons notre vie quotidienne présente.
Cette question-là, celle du terme de la vie sur terre, a traversée toute l’histoire de la philosophie, depuis les Grecs jusqu’aux philosophes les plus contemporains de notre époque comme Nietzshe par exemple. Pas un, même les plus grands de la philosophie, n’a vraiment répondu à la question du mystère de la fin la vie sur terre. Au contraire, les philosophes renvoient plus souvent qu’autrement l’être humain à sa propre finitude, à sa propre expérience de l’existence par des questions plutôt que par des réponses. Sauf un seul se démarquant par son originalité, un philosophe de la Grèce antique ayant eut une remarque absolument géniale à propos de la mort : « apprivoiser la mort est le début de la philo sophia (φιλοσοφία = aimer la sagesse) ». Ce philosophe n’a jamais même écrit une seule ligne, et pourtant même 2409 ans après sa mort, on parle encore aujourd’hui de ce Socrate. Socrate fut tellement marquant dans l’histoire de la philosophie occidentale, qu’on parle dans les milieux savants d’un avant et d’un après Socrate.
Entre les débuts et sa fin, il y a la vie sur terre en soit. Après avoir vécu une naissance choc, puis une prise de conscience graduelle de son terme inévitable, la personne humaine a nécessairement des choix à faire pour être en mesure de vivre cette vie pleinement et avec bonheur. La confiance va se bâtir peu à peu dans la mesure où cette personne humaine va croître, dépendamment des conditions entourant cette croissance, puis l’âge de raison emmenant la prise de conscience de toutes sortes de choses, dont le fait d’exister et de vivre, emmenant son lot de questionnements sur le pourquoi de l’existence. D’où cette lumineuse réflexion de Socrate « apprivoiser la mort est le début de la philosophie ». Ce que nous comprenons de cette citation est que la vie prend son sens à partir de son terme, ce terme va teinter la finalité de l’existence de chaque individu du moment où se fait cette prise de conscience.
Remarquons la place fondamentale occupée par la confiance dans la vie : toutes nos décisions, peu importe leur nature, vont nécessiter de la confiance pour qu’elles soient prise. En interrogeant notre aujourd’hui en tant qu’individu, force est de constater que la confiance jalonne, consciemment ou non, mais la plupart du temps de manière inconsciente, le fondement de chacune des décisions prises à un moment où l’autre de notre vie. Il en est de même pour la vie collective : que ce soit en milieu professionnel, dans nos groupes sociaux, les regroupements d’ordre politique et gouvernemental ou n’importe où ailleurs la confiance sera à la base de toute forme d’engagement, de décision et d’action.
Pour preuve observons simplement certains faits à propos de l’économie. Sur quoi donne-t-on foi à la valeur d’un billet de banque, que ce soit un cinq, un dix, un vingt ou un cent dollars? A sa couleur, à la texture du papier que nous tenons entre le pouce et l’index? Aucunement : un billet de banque peut importe le chiffre qui y est inscrit et sa couleur ou sa texture tire sa valeur de la confiance qu’on lui donne, rien d’autre. Évidemment, si un défaut est remarqué dans un élément ou l’autre de la forme de ce billet, notre confiance en sera ébranlé et par conséquent sa valeur également. Mais généralement un billet de dix dollars avec tous les éléments conformes à ce que nous connaissons de ce billet aura la valeur d’un dix dollars aux yeux de n’importe qui.
Un autre exemple : souvenons-nous des débuts de la crise économique actuelle. Elle fut engendrée en partie par la crise financière l’ayant précédée. La crise financière fut elle-même engendrée par une crise de confiance de plusieurs milieux à l’égard de la solidité du système financier international, en grande partie appuyé sur des prêts hypothécaires devenant de plus en plus fragile à cause du non remboursement de leurs termes par les emprunteurs. Cette situation que l’on découvrit alors généralisée aux banques américaines allait causer l’effondrement du système boursier américain d’abord, puis planétaire par la suite. Les investisseurs ont alors été pris de panique et ont retirés leurs billes du système parce que la confiance n’était plus au rendez-vous. Et on connaît la suite nous affectant aujourd’hui dans l’économie réelle et quotidienne de chaque personne et consommateur que nous sommes tous inévitablement. Et demandons-nous comment la récession mondiale prendra fin? Par la confiance des consommateurs dans le système dans lequel ils voudront bien reprendre leur consommation d’avant la crise. A savoir si la consommation devrait revenir au rythme effréné antérieur à la crise n’est pas l’objet de la présente réflexion, quoi que ce thème en mérite une à elle seule.
Il en est de même lorsqu'un projet collectif, comme celui de la quête de son pays, la condition sine quo non est que le peuple de cette nation puisse avoir confiance en lui-même, et peut-être est-ce là le nœud de la stagnation de la cause souverainiste au Québec depuis le dernier referendum.
Voilà donc des exemples bien concrets de ce que la confiance peut générer lorsque n’est plus au rendez-vous dans la vie collective.
Revenons aux deux pôles de la vie ayant un impact fondamental sur la confiance individuelle, c’est-à-dire son commencement et son terme, et ce qu’il y a de plus important entre les deux, le fait d’exister en soit. Après l’observation faite jusqu’à quel point l’arrivée choc en ce monde peut avoir comme impact sérieux sur la confiance inconsciente d’un individu, et l’importance de la force de confiance face à la conscientisation de sa propre fin de vie, on se demande quel type de confiance est le plus important pour atteindre l’équilibre psychologique dans cette trame séparant le début et la fin de la vie, et il s’agit de la confiance en soi.
Pour que l’être humain puisse se réaliser adéquatement la confiance en soi est la base sur laquelle tout son équilibre, son psychè (πσυχη) et son devenir va s’appuyer. De manière consécutive, la confiance en l’autre sera proportionnellement influencée par cet appui, tout autant que la confiance en la vie collective et à terme la confiance en un absolu. Lorsque nous arrivons à ce point, celui de l’absolu, la question est de savoir si le terme confiance est approprié ou si le terme foi aurait une plus grande justesse? S’il est vrai que l’idée de foi correspond la plupart du temps à quelque chose de religieux où il indique une certitude en une composition de croyances , dans l’esprit populaire le terme foi peut tout aussi bien indiquer une très forte croyance. On peut au moins penser que foi en un absolu est la confiance additionné d’une plus value qui lui confère quelque chose d’extrêmement solide à l’endroit d’un concept, une idée ou une réalité qu’il est tout autant. C’est en lui donnant un contexte, philosophique ou spirituel, qu’on peut mieux en saisir le sens.
Que doit-on conclure au terme de cette brève réflexion sur la question de la confiance? Que la vie est impossible à vivre, que l’existence est impossible à définir, sans qu’en quelque part apparaisse ce concept et cette réalité de confiance. En d’autres termes, la confiance est la trame de fond de toute existence humaine, de toute vie en société et tout ce qui peut arriver en société. Et que l’existence humaine se définit selon la grandeur et la force de la confiance qui se bâtit graduellement au plus profond de l’inconscient humain et un humain en perpétuel devenir.
Ce n’est quand même pas si mal pour un syndrome de la page blanche, non?
Normand Perry
Soulanges au Québec, en ce lundi 8 février 2010, 22h20
Ce texte est également disponible sur mon blog.
Philosophie
Comment l'existence humaine peut être possible sans la confiance?
Seule la confiance peut faire toute la différence dans le combat pour le pays...
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On pourrait le décrire comme un grand passionné de communication, de philosophie, de politique, d'histoire, d'astronomie, de sciences, de marketing, de musique classique et d'opéra. Normand Perry mène une vie publique bien remplie, toujours avec des projet...
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On pourrait le décrire comme un grand passionné de communication, de philosophie, de politique, d'histoire, d'astronomie, de sciences, de marketing, de musique classique et d'opéra. Normand Perry mène une vie publique bien remplie, toujours avec des projets plein la tête et des rêves à réaliser.
Après avoir obtenu un premier diplôme universitaire en philosophie au milieu des années ’90, Normand Perry débute sa vie publique comme pamphlétaire, exprimant ses opinions librement, ces dernières étant publiées régulièrement dans les journaux régionaux, les quotidiens et divers sites Web.
Depuis avril 2004, il travaille chez [Soleil communication de marque->http://www.soleilcom.com/], agence de publicité montréalaise, où il est au développement des affaires, en veille stratégique et aux relations publiques.
Depuis juillet 2010, il s’est vu confié un projet radiophonique à [l’antenne de Radio Ville-Marie->http://www.radiovm.com/index.aspx] où il conçoit, réalise, anime et supervise le montage d’une émission portant sur l’orthodoxie chrétienne au Québec : [Voix Orthodoxes->http://www.voixorthodoxes.org/].
Sa plume va le conduire en politique active.
Après s’être fait connaître comme pamphlétaire à partir du début des années 2000 dans sa région du Suroît, il se fait remarquer, et on lui propose la présidence de circonscription au Parti Québecois dans Soulanges au début 2005. Suite à la démission inattendue de Bernard Landry en juin 2005 comme chef de cette formation politique, Normand Perry appuie d’emblée la candidature de Louis Bernard tout en s’opposant farouchement à l’élection d’André Boisclair. Lorsque ce dernier remporte la chefferie du PQ en novembre 2005, Normand Perry démissionne de sa présidence et quitte le PQ sur-le-champ.
A l’automne de la même année il se fait élire au conseil municipal à Les Coteaux dans la circonscription de Soulanges au Québec. Il se voit confier notamment les responsabilités du comité des loisirs, où conçoit et implante un programme de subvention à l’activité sportive pour les jeunes; il occupe la vice-présidence du HLM, il aussi responsable de la sécurité publique et participe activement à la fondation de la Régie inter municipale des Pompiers du Lac-St-François (fusion des services des incendies de Les Coteaux et St-Zotique).
Lors de la création du nouveau parti politique Québec solidaire en février 2006, il en devient membre et participe au congrès de fondation à Montréal. Il se porte candidat aux élections provinciales de mars 2007 pour cette formation politique dans la circonscription de Beauharnois.
Après ces quelques années en politique active, il poursuit son œuvre de réflexion pamphlétaire, notamment sur le [Blogue de Normand Perry->http://normandperry.blogspot.com/] tout comme sur Vigile et bien d’autres médias québécois
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2 commentaires
Jean-François-le-Québécois Répondre
10 février 2010@ N. Perry:
Merci pour cet excellent texte. Vous avez entre autres, mis le doigt sur une chose fort importante...
«Pour que l’être humain puisse se réaliser adéquatement la confiance en soi est la base sur laquelle tout son équilibre, son psychè (πσυχη) et son devenir va s’appuyer...»
Notre psyché québécoise est malade, justement. C'est ce qui fait que, comme le disait un auteur qui était le père de Stéphane Dion, «nous sécértons nos propres bourreaux».
Nous sommes comme conditionnés à ne pas nous aimer; ni nous-mêmes, ni entre Québécois. D'où notamment, les fameuses radios-poubelles de Québec.
Et les phénomènes néfastes que sont les Chrétien, les Trudeau, et cetera.
Je pense qu'il y aurait tout un travail de rééducation à faire, chez nous. Et il faut absolument éduquer nos enfants de façon telle, qu'il n'hériteront pas du même complexe!
Colette Provost Répondre
9 février 2010Merci d'aborder ce thème de la confiance alors que la mode actuelle est au dénigrement et aux attaques personnelles, particulièrement sur Internet.
La tendance est au combat de mots destructeur, et le Québec politique ressemble souvent à un ring de boxe. Nous ne construirons rien sans un respect élémentaire qui permette la confiance, essentielle à l'épanouissement des individus et de la société.