Après la révélation des pratiques du géant du béton en Syrie en 2013 et 2014 et les soupçons de versement de passe-droits à Daesh, l'enquête se poursuit. Les enquêteurs cherchent à déterminer si les dirigeants de Lafarge étaient au courant.
Dans le cadre d'une coopération avec la justice française, la police fédérale belge a procédé ce 14 novembre 2017 à une perquisition à Bruxelles dans une filiale du cimentier franco-suisse Lafarge, soupçonné d'avoir indirectement financé des groupes djihadistes en Syrie, d'après une source proche du dossier citée par l'AFP. Parallèlement, le siège de Lafarge en France a également fait l'objet d'une perquisition.
«Les enquêteurs français sont en train de perquisitionner nos locaux», a confirmé une porte-parole de Lafarge. «Nous coopérons pleinement avec les enquêteurs, mais nous ne pouvons faire davantage de commentaires sur cette enquête en cours», a-t-elle ajouté.
Si le parquet fédéral belge ne cite pas le nom du groupe Lafarge, il fait toutefois mention d'une équipe commune d'enquête franco-belge, constituée pour enquêter sur des soupçons de financement d'un groupe terroriste par une «multinationale française». Et, d'après une autre source citée par l'AFP, il s'agirait bien du cimentier et la perquisition belge concernait une filiale à Bruxelles.
L'enquête, menée depuis juin 2017 par trois juges d'instruction, s'attache à déterminer si le géant du ciment a transmis de l'argent à certains groupes djihadistes, notamment Daesh, pour continuer à faire fonctionner en 2013 et 2014, malgré le conflit en Syrie, la cimenterie de Jalabiya, dans le nord du pays. Les enquêteurs cherchent aussi à savoir si des responsables du groupe en France avaient eu connaissance de tels accords et du danger qu'ils ont pu faire courir aux employés syriens sur place.
Le scandale avait été révélé en juin 2016 par une enquête du journal Le Monde qui avait mis en lumière de «troubles arrangements» entre Lafarge Cement Syria (LCS), branche syrienne du groupe, et l'organisation terroriste Daesh, alors que l'organisation djihadiste gagnait du terrain et devenait incontournable dans la région.
Deux mois plus tard, le ministère français de l'Economie avait déposé plainte, déclenchant l'ouverture d'une enquête préliminaire par le parquet de Paris, confiée au Service national de douane judiciaire (SNDJ).