Cirque du Soleil – Le Québec est le clown triste

26eb61719d1b65bd9d48f2a041112f3f

René Lévesque et le Québec floués





La vente de la majorité du Cirque du Soleil à des intérêts états-uniens et chinois pose une myriade de questions, dont celle des subventions étatiques aux entreprises et des retombées économiques pour la société.


Sur Facebook, le sociologue, auteur et chroniqueur Simon-Pierre Savard-Tremblay publiait un statut qui pointe avec justesse, à mon avis, l’interdépendance entre beaucoup d’entreprises et la société, ce à quoi le Cirque du Soleil n’a pas échappé :


J’ai lu quelques fois aujourd’hui le commentaire à l’effet que le Cirque du Soleil était purement et simplement une initiative privée et qu’il revenait donc à son fondateur l’entière liberté d’en faire ce qu’il en veut. Or, voici ce que Guy Laliberté écrivait en 2007 : 《 Le Cirque du Soleil aurait pu, si les choses s’étaient passées autrement, être condamné à ne rester que le projet d’un été. [...] Si notre rêve [...] s’est réalisé, c’est en raison des rencontres déterminantes qui ont jalonné notre parcours. Des êtres de coeur et d’influence ont pris le pari de croire en nous et René Lévesque était de ceux-là. D’ailleurs, c’est en grande partie grâce à lui et aux pressions qu’il a choisi d’exercer pour nous venir en aide, que nous avons obtenu les subventions essentielles à notre deuxième année d’existence. 》Pas de soutien collectif de la société québécoise, pas de Cirque du Soleil. Alors à tous ceux qui agitent le mythe de l’entreprise qui serait née d’elle-même, cessez donc votre cirque. Et je me passe de mentionner les innombrables commentaires qui laissent croire que les clowns ne sont pas toujours ceux que l’on croit.


(Compte Facebook de Simon-Pierre Savard-Tremblay, 17 avril 2015)


On le sait, le Québec est champion pour ce qui est des subventions aux entreprises et ça ne semble pas prêt de changer quand on constate comment la haine des assistés sociaux est plus forte socialement que la simple critique des subventions aux entreprises.


Pourtant, que ce soit un ou l’autre, c’est de notre argent collectif dont il est question : une partie pour aider des gens dans le besoin (ce qui est une forme de charité, légitime, éthique et tout à fait en phase avec les droits de la personne) et une autre pour aider l’entrepreneuriat.


Pour ce qui est de l’aide aux entreprises, je me demande si on en a pour notre argent et si le gouvernement n’agit pas trop par charité, justement, comme avec les assistés sociaux.


Imaginons que le Cirque du Soleil avait trouvé un investisseur privé à l’époque au lieu de subventions. Bien sûr, c’est pousser l’imagination un peu loin puisqu’investir dans un cirque n’était pas le plan du siècle pour des investisseurs, si on se replace dans le contexte des années 80. Mais imaginons-le quand même. Et imaginons même que cet investisseur privé serait toujours dans l’aventure aujourd’hui, alors que la vente est conclue.


Aujourd’hui, on peut s’imaginer que cet investisseur aurait une part appréciable des fruits de cette vente, même s’il avait investi exactement le même montant que les subventions qui ont été octroyées au Cirque du Soleil à l’époque par le gouvernement. D’ailleurs, Guy Laliberté disait dans son point de presse avoir remboursé (la totalité ou une partie) des subventions qu’il a reçues. Pour certains, ça pourrait clore le sujet, pas pour moi.


En tout cas, vu de même, l’investisseur collectif québécois n’avait vraiment pas le sens des affaires à l’époque et ne semble pas l’avoir bien bien plus aujourd’hui.


Oui, nous avons profité collectivement des retombées économiques directes du succès du Cirque du Soleil dans l’économie réelle, les salaires de ses employés, les impôts qu’ils ont versés, etc., mais pour ce qui est de cette vente, ça se termine en queue de poisson pour notre société malgré le fait que le siège social demeurera à Montréal. En plus de ne pas recevoir ce que l’investisseur privé fictif aurait reçu, la Caisse de dépôt (notre bas de laine) en a acheté une partie… avec le risque que ça comporte. Pas besoin d’être un expert pour voir que le Cirque du Soleil n’est plus une entreprise avec un potentiel énorme en ce qui a trait à l’augmentation de sa valeur.


Sinon, j’ai bien entendu les remerciements de Guy Laliberté au peuple québécois. C’est bien gentil de sa part. Cependant, à mon sens, pour joindre les actes aux paroles il aurait dû carrément faire don d’une partie de ses actions aux Québécois pour bien marquer sa reconnaissance.


Mais dans cette histoire, c’est le Québec qui est le clown triste parce qu’il fait rire de lui.




Laissez un commentaire



Aucun commentaire trouvé