Rapport de l'OCDE

Chocs à l'horizon

Crise de l'euro


Des chercheurs de haut vol liés à l'OCDE viennent de publier un rapport qui donne froid dans le dos. Ils assurent que l'imbrication croissante et inéluctable de l'économie mondiale a d'ores et déjà accéléré l'émergence de chocs majeurs. Et qu'il y a donc une urgence. Laquelle? Un effort gigantesque doit être fourni en matière de gestion des risques.
Dans la foulée de l'autopsie consacrée à la crise de 2008, les grands de ce monde, qu'ils soient politiciens ou gardiens du temple boursier, ont été habités par un vertige énorme parce que fait uniquement de peurs. Plus précisément, ils ont constaté que l'on n'avait pas suspecté la présence volumineuse des liens de vulnérabilité qui avaient existé entre un produit financier, les subprimes, la faillite de Lehman Brothers et la cascade de sauvetages d'établissements financiers avec les deniers publics. Ils ont également réalisé qu'entre les assauts menés contre l'environnement, la constitution galopante de mégalopoles, le développement technologique à un rythme vertigineux et autres faits et méfaits qui distinguent notre époque, les années 2000 se caractérisaient par le nombre croissant de catastrophes. Bref, que l'effet papillon qui se conclut par une tempête à grande échelle n'était pas une élucubration de Docteur Tournesol, n'était pas une fiction.
Pour ces diverses raisons, un groupe de travail a été formé en 2009 sous l'égide de l'OCDE. Au terme de leur analyse, les chercheurs rassemblés préviennent que notre petite planète est confrontée à cinq risques majeurs: «une pandémie, une cyberattaque visant une infrastructure critique, une crise financière, un conflit socioéconomique et une tempête magnétique». Sur tous ces fronts, il y a nécessité de «redoubler d'efforts» dans les délais les plus brefs en matière de coordination internationale entre administrations chargées de gérer des risques divers, d'accroître les ressources affectées à la surveillance et autres propositions qu'il y a lieu de qualifier d'obligations, le monde étant désarmé à bien des égards. Et ce...
Et ce, parce que l'intérêt particulier a pris le dessus sur l'intérêt général grâce à une génération de Ponce Pilate et d'élus qui a patronné les autorités soi-disant concernées. Prenons l'économie. La crise qui se poursuit aujourd'hui de l'Irlande à la Grèce en passant par le Portugal et l'Espagne a amorcé son travail de sape sur les bords du Pacifique en janvier 2008. La suite, on la connaît. Toujours est-il qu'au cours des trois années et demie qui se sont écoulées depuis, rien ou pratiquement rien n'a été accompli pour éviter un autre choc.
Or, que vient-on d'apprendre? Que les assurances contractées pour parer à des défauts de paiement de la part des pays financièrement plus stressés actuellement que d'autres, soit les quatre nommés plus haut, totalisent 616 milliards de dollars. Autrement dit, l'Europe, présentement aux prises avec un possible moment Lehman Brothers, pourrait connaître un moment AIG du nom de l'énorme compagnie d'assurances américaine qui avait été secourue à coups de milliards pour éviter une déflagration aussi mondiale que profonde.
On en est arrivé là, soit à une exposition à un choc majeur, parce que faute d'un sursaut sur le flanc de la réglementation, de la surveillance, on a encouragé les incendiaires à poursuivre leur travail. Lequel? Inventer des véhicules financiers abscons au commun des mortels et jongler avec. De fait, on ne sait pas avec exactitude de quoi ces 616 milliards sont constitués. C'est rageant. D'autant plus qu'en haut lieu, on se comporte comme si le devoir de précaution était une bluette pour jeunes filles en fleurs.


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