Martin Pelchat - Le directeur général des élections (DGE) du Québec n’a pas l’intention de recourir, pour la partielle dans Charlevoix du 24 septembre, aux pouvoirs exceptionnels qu’il avait invoqués en mars dernier pour empêcher qu’on puisse voter le visage voilé. Une décision avec laquelle l’ADQ n’est pas d’accord.
En revanche, le DGE entend proposer cet automne à l’Assemblée nationale que la Loi électorale soit amendée afin d’imposer une fois pour toutes le vote à visage découvert. Un geste aux antipodes d’Ottawa, qui n’imposera pas aux femmes voilées de se découvrir à l’occasion des trois partielles fédérales du 17 septembre au Québec ou à l’occasion des prochaines élections générales.
«Notre volonté est que la loi québécoise soit amendée, explique Denis Dion, porte-parole du DGE du Québec, Marcel Blanchet. Nous espérons que l’Assemblée nationale va le faire le plus rapidement possible, de façon à ce que ce soit clair au Québec que l’on vote à visage découvert.» La question devrait être à l’ordre du jour de la prochaine réunion, en octobre, d’un comité consultatif qui réunit des représentants de tous les partis.
« Dans le cas de Charlevoix, les circonstances exceptionnelles qui prévalaient au mois de mars ne prévalent pas, note cependant M. Dion. M. Blanchet ne voit pas de raison en ce moment d’adopter une décision en vertu de l’article 490 de la Loi électorale pour amender la loi. »
Sébastien Proulx, porte-parole de l’ADQ en matière de réforme électorale, se réjouit que M. Blanchet veuille faire amender la loi. Mais il juge néanmoins qu’il devrait recourir à ses pouvoirs spéciaux pour imposer le vote à visage découvert dans Charlevoix le 24 septembre. «Je pense que par souci de transparence et de continuité, il faudrait aller dans la même veine qu’on est allés dans la dernière élection générale, sachant très bien que Charlevoix n’est pas Côte-des-Neiges ou Notre-Dame-de-Grâce. Ce que je perçois, c’est que la population québécoise avait envoyé un message très clair au DGE la dernière fois. »
Le député adéquiste s’inscrit en faux contre l’intention du directeur général des élections du Canada de permettre à des électeurs de voter voilés au fédéral. « Je trouve que c’est une mauvaise décision parce qu’à la lumière de ce qui s’est passé au Québec, je suis convaincu que les Québécois vont réagir de la même façon. Nous, ici, on s’est donné des règles. On vote à visière levée. Ce n’est pas une question de religion ni de croyance. C’est comme ça que fonctionne notre démocratie. Quand on parle d’exercice du droit de vote, il faut trouver la meilleure façon pour qu’il y ait moins de passes possibles pour commettre l’irréparable, c’est-à-dire voter illégalement. »
Le DGE du Québec s’est retrouvé sur la sellette en mars quand, à quelques jours du scrutin, il a indiqué qu’il entendait permettre aux femmes vêtues de la burqa ou du niqab de voter sans soulever leur voile. La loi, plaidait M. Blanchet, dit qu’il faut comparer le visage avec une photo d’un document valide. Mais elle prévoit également un «plan B» qui permet à un électeur au visage voilé de prouver son identité autrement à une table de vérification. Devant le tollé suscité par sa décision —les chefs des trois principaux partis étaient en désaccord et des animateurs radiophoniques incitaient même des électeurs à se présenter costumés aux urnes — le DGE a changé son fusil d’épaule et exercé ses pouvoirs pour imposer le vote à visage découvert. Il a invoqué la nécessité d’assurer la sérénité du vote et la sécurité des électeurs et du personnel. Son intervention ne valait cependant que pour le scrutin du 26 mars.
« Dans le cas de Charlevoix, en ce moment, si les circonstances exceptionnelles ne se présentent pas (...), si l’espèce de crise qu’on a vécue au mois de mars ne se présente pas pour l’élection du 24 septembre, M. Blanchet n’aura pas de raison d’utiliser les pouvoirs exceptionnels de la loi, de sortir le marteau pour taper sur la table», conclut Denis Dion.
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