Charest refuse toujours de tenir une enquête publique

Enquête publique - un PM complice?

Denis Lessard - (Québec) En dépit de l'appel du syndicat des agents de la Sûreté du Québec, selon qui les enquêtes policières ne suffiront pas à mettre en lumière la corruption dans l'adjudication des contrats et la présence du crime organisé dans la construction, le premier ministre Jean Charest s'est à nouveau dit opposé au déclenchement d'une enquête publique.
«Cette affaire, on la prend très au sérieux, comme tous les Québécois. C'est pourquoi le gouvernement priorise les enquêtes policières, tout ce qui peut aller au fond des choses», a-t-il répondu ce mardi à la chef péquiste Pauline Marois, à l'Assemblée nationale.
«Pour aller au fond des choses,il faut aller sur le terrain, ramasser les faits et déposer les plaintes là où il faut», a insisté M. Charest.
Selon lui, Mme Marois devrait «cesser les insinuations» et appuyer les nombreuses actions du gouvernement.
Il a longuement dressé la liste des interventions de Québec: l'escouade Marteau, des projets de loi pour resserrer les règles dans l'industrie de la construction et sur l'adjudication des contrats par les municipalités et de nouvelles règles plus contraignantes pour le Conseil du trésor.
À l'Assemblée nationale, la chef péquiste Pauline Marois a relevé la situation «particulière» où ceux qui sont responsables des enquêtes disent qu'ils ne suffisent pas à la tâche. Cherche-t-on «l'intérêt du Parti libéral ou l'intérêt de la population? Les policiers disent qu'ils ne suffisent pas, ils sont assez bien placés pour le savoir. Comment pouvez vous les désavouer ainsi ?», a lancé Mme Marois.
Lles procureurs de la Couronne se sont ajoutés aux policiers, lundi, et «ils disent que l'intérêt public est en cause, ils disent que les enquêtes policières ne sont pas suffisantes. Ne peut-on pas leur faire confiance?», a martelé la chef péquiste.
«La population veut un nettoyage en règle, pas un peu de peinture sur la pourriture», dira Bertrand St-Arnaud, député péquiste de Chambly. «Être libéral en cette chambre c'est honteux! Les Québécois ne sont pas dupes, lesquels des amis du Parti libéral le gouvernement veut-il protéger», a poursuivi le député, critique de son parti en sécurité publique.
Aux agents de la SQ, le syndicat des procureurs de la Couronne a ajouté sa voix lundi, pour demander une commission d'enquête publique. Ce mardi, devant la commission parlementaire chargée d'étudier un projet de loi pour «lutter contre la criminalité dans l'industrie de la construction» le président de la FTQ-Construction, Richard Goyette s'est opposé sans équivoque à une commission publique, une opération qui risque de devenir «un cirque» où sa centrale serait le bouc émissaire.
Ironiquement, relancé sur la position des syndiqués de la SQ, il a soutenu avoir davantage confiance en la police que leur propre syndicat.
Curieusement, au même moment, le président de la centrale, Michel Arsenault se disait ouvert lui à une enquête publique, mais qui toutefois ne porterait pas sur l'industrie de la construction. Au sortir d'une rencontre avec le ministre des Affaires municipales, Laurent Lessard, M. Arsenault a indiqué que Québec devait légiférer pour resserrer l'attribution des contrats, et le financement des partis politique. «À défaut de légiférer, le gouvernement devra se résoudre à convoquer une enquête publique qui nous révèlera ce qu'on sait déjà des pratiques abusives et des failles», a-t-il indiqué.
Les commissions d'enquête sont régies par une loi désuète où le président n'a pas pour son travail les balises normales de règles de preuve ni l'obligation d'entendre toutes les parties, à la différence d'un véritable procès, relève de son côté Richard Goyette.
La Commission Cliche et l'enquête du juge Robert Lesage sur la Gaspésia avaient fait des recommandations restées lettre morte. La dernière enquête avait donné lieu à une opération «farfelue», une «inquisition» où les témoins, dont la FTQ-Construction, n'ont pu être entendus.
Le ministre Sam Hamad présente actuellement un projet de loi pour hausser une longue liste d'amendes pour les contraventions à la loi R-20 qui régit ce secteur.


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