Le Conseil national du Parti québécois qui aura lieu samedi à Québec donnera lieu à un débat sur de nouveaux objectifs en matière de francisation des immigrants que souhaite faire adopter le chef de la formation politique, Jean-François Lisée.
La « proposition principale » soumise à la discussion visera ainsi à s’assurer que tous les immigrants et réfugiés qui s’établissent au Québec parlent français et que la Charte de la langue française s’applique dorénavant aux entreprises de 25 à 49 employés.
En entrevue à Midi info, M. Lisée explique que la composition linguistique de l’immigration est l’un des principaux facteurs expliquant pourquoi le français montre des signes de déclin.Quand il y a 50 000 personnes qui arrivent par année, dont la moitié ne peuvent pas commander un café en français – ce qui était le cas il y a quelques années – c’est sûr qu’il va y avoir une dégradation.
- Jean-François Lisée, chef du Parti québécois
Si le programme du PQ est adopté, tous les travailleurs qualifiés et leurs conjoints ou conjointes devront démontrer « une connaissance intermédiaire ou avancée du français, avant de prendre leur billet d’avion », explique le chef péquiste. « Ça, c’est éliminatoire et c’est la première fois qu’on dit ça. »
Une connaissance « intermédiaire ou avancée » signifie qu’une personne peut parler, comprendre, lire, écrire et transiger en français, précise M. Lisée, en soulignant que les tests permettant de vérifier le tout existent déjà.
Les réfugiés, qui quittent leur pays pour des raisons humanitaires, n’auront pas à démontrer cette connaissance à leur arrivée, mais seront obligés de suivre des cours de français. Ils seront cependant payés pour le faire « pendant un certain nombre de mois ». Un échec n’entraînerait cependant pas leur expulsion, a-t-il précisé dans une entrevue accordée au quotidien Le Devoir.Vous n’aurez pas besoin d’aller chez Tim Hortons pour nourrir vos enfants. On va vous rémunérer, on va vous apprendre correctement le français et comment ça se passe ici, et donc vous entrerez sur le marché du travail en ayant une bonne connaissance du français.
- Jean-François Lisée, s'adressant aux réfugiés
La francisation en entreprise, un « chantier essentiel »
Quant à l’objectif de soumettre les entreprises de 25 à 49 employés à la loi 101, pourtant à l’origine de l’échec du projet de loi 14, il s’agit d’un « chantier essentiel, surtout dans la région de Montréal », affirme Jean-François Lisée.
« Beaucoup d’immigrants dans une moyenne entreprise […] se rendent compte que l’anglais est la langue dominante, et donc font le choix de l’anglais dans leur vie en général. C’est un facteur important d’anglicisation et on veut renforcer ça », fait-il valoir.
Soulignant que 20 % des jeunes anglophones du Québec se disaient unilingues, selon les données du recensement fédéral de 2011, M. Lisée présente aussi de nouvelles mesures destinées aux cégeps et aux universités.
Si sa proposition est acceptée en fin de semaine, le Parti québécois exigera ainsi que tous les finissants d’un cégep anglophone réussissent un examen de français avant de recevoir leur diplôme. Cela leur permettra d’être « couronnés de succès dans le marché du travail ».
M. Lisée entend aussi dialoguer avec les universités anglophones du Québec afin de les convaincre que tout étudiant d’origine québécoise doit être appelé à « démontrer sa capacité de travailler en français dans son domaine » pour obtenir son diplôme.
Les étudiants originaires de l’extérieur de la province se verraient plutôt proposer un cours d’initiation au français. M. Lisée croit que cela pourra constituer un « facteur de rétention » et inciter des étrangers à rester au Québec.
« Ce n’est pas rebutant de dire : j’ai décidé d’aller à Montréal, et en plus, dans ma première année d’université, on va m’enseigner les rudiments du français, qui vont me permettre d’interagir avec la société dans laquelle je vais étudier », plaide-t-il.
M. Lisée a également précisé au Devoir que d’autres mesures controversées du défunt projet de loi 14 ont été abandonnées, non seulement parce que leur impact sur la francisation du Québec est limité, mais aussi parce qu’elles sont une source de division.
Parmi celles-ci : le retrait du statut de municipalité bilingue pour celles qui n’ont plus un bassin anglophone suffisant et le retrait du privilège consenti aux militaires francophones ou allophones d’envoyer leurs enfants à l’école anglaise.
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